L’OTAN déploie des forces supplémentaires au Kosovo
La situation est instable dans le nord du pays, où vit une importante minorité serbe
L’OTAN a annoncé mardi l’envoi de nouvelles forces dans le nord du Kosovo, où des protestataires serbes se sont rassemblés devant une mairie qui avait été le théâtre la veille de heurts ayant fait 80 blessés.
« Le déploiement de forces supplémentaires de l’OTAN au Kosovo est une mesure de prudence pour s’assurer que la KFOR (la force emmenée par l’Alliance dans l’ex-province serbe) dispose des capacités dont elle a besoin pour maintenir la sécurité », a déclaré l’amiral Stuart B. Munsch dans un communiqué.
Après les violents heurts de lundi, des soldats de la KFOR en tenue antiémeute avaient placé une barrière métallique autour du bâtiment municipal pour empêcher les manifestants d’y accéder. Trois véhicules blindés de la police kosovare, dont la présence suscite toujours l’ire des Serbes majoritaires dans quatre localités du nord du Kosovo, étaient également sur place.
Les Serbes ont boycotté les élections municipales d’avril dans ces villes, ce qui a abouti à l’élection de maires albanais avec une participation de moins de 3,5 %. Et ces édiles ont été intronisés la semaine dernière, malgré les appels à la retenue lancés par l’Union européenne et les États-Unis. Les manifestants réclament le départ des maires albanais jugés « illégitimes », tout comme celui de la police kosovare.
Les relations entre Belgrade et Pristina vont de crise en crise ; la Serbie n’a d’ailleurs jamais reconnu l’indépendance proclamée en 2008 par son ex-province. Quelque 120 000 Serbes vivent au Kosovo, sur 1,8 million d’habitants, et environ un tiers d’entre eux habitent dans le nord du Kosovo.
La situation avait déjà dégénéré vendredi lorsque les maires étaient venus prendre leurs fonctions. Lundi, dans un nouvel accès de fièvre, des manifestants serbes avaient tenté de forcer la porte d’entrée de la mairie de Zvecan, mais avaient été repoussés par les forces kosovares.
La KFOR avait ensuite tenté de séparer les deux parties avant de commencer à disperser les manifestants les plus violents. Dix-neuf soldats hongrois et onze Italiens ont été blessés dans ces heurts, a annoncé la force de l’OTAN ; dans les rangs des manifestants, on comptait au moins cinquante-deux blessés, dont trois graves, a dit le président serbe Aleksandar Vucic.