Le Devoir

Des examens adaptés au contexte québécois

Ces tests seront revus, a affirmé la ministre Christine Fréchette, qui refuse toutefois de s’engager à ce qu’ils soient conçus au Québec

- MARIE-MICHÈLE SIOUI CORRESPOND­DANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC LE DEVOIR Avec Alexandre Robillard et Sarah R. Champagne

La ministre de l’Immigratio­n, Christine Fréchette, convient qu’il faut « mieux adapter » au contexte québécois les tests de français pour les immigrants, mais elle ne compte pas pour autant exiger que ces examens soient conçus au Québec.

« Il faudrait à tout le moins que les tests soient mieux adaptés au contexte québécois. Il y a des références au Québec qui ont déjà été introduite­s dans plusieurs des tests standardis­és. On veut que ça se poursuive, comme travail », a déclaré la ministre mercredi, lors de la période des questions.

Elle était interrogée par la députée Ruba Ghazal, de Québec solidaire, au sujet d’un dossier du Devoir qui révèle les écueils des tests pour l’immigratio­n. Ceux-ci sont conçus en France et sont truffés de références européenne­s.

La ministre Fréchette a refusé de s’engager à confier la production des tests à une organisati­on québécoise, comme le lui suggérait Mme Ghazal. « On va continuer à procéder à ces analyses-là jusqu’à ce qu’elles soient complètes, et on verra quelles sont les pistes d’action », a-t-elle affirmé.

« Bonne chance de demander à des Français d’adapter le test à notre réalité québécoise avec notre accent québécois. J’ai hâte de voir ça », a répondu avec ironie sa collègue solidaire.

Des changement­s demandés

En matinée, les partis d’opposition ont pressé Québec de faire mieux. « Il est temps que ces tests-là soient revus, a lancé André Fortin. Je pense qu’on est capables de fournir [aux immigrants] un bien meilleur accueil et de leur présenter notre langue sous un bien différent angle. »

« Franchemen­t, les tests de français pour les immigrants devraient être faits au Québec, a lâché Gabriel NadeauDubo­is, de Québec solidaire. Pour bien mesurer l’intégratio­n d’un immigrant au français québécois, il faut avoir des outils québécois. François Legault se présente comme le chevalier du français. Ça fait dur, là, d’utiliser des tests faits en France. »

Le député péquiste Pascal Bérubé a déclaré que les tests devraient être « adaptés à notre réalité ». « Et on a une expertise pour ça », a-t-il précisé.

Les deux instances françaises, dont France Éducation internatio­nal, assurent que les tests ont déjà été adaptés. La Chambre de commerce et d’industrie de Paris Île-de-France, qui en fait passer deux sur huit, affirme avoir reçu « une demande forte de la part du ministère de l’Immigratio­n, de la Francisati­on et de l’Intégratio­n d’inclure davantage de référents culturels québécois ». Elle avance aussi que l’accent québécois « est présent à 35 % environ dans l’épreuve de compréhens­ion orale ».

Le Devoir a cependant constaté, en allant passer le test, que cette proportion est nettement surévaluée : seuls quatre enregistre­ments sur plus d’une quarantain­e présentent un accent québécois. Ces enregistre­ments sonores permettent aux participan­ts de répondre à 51 questions.

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