La machine à torturer les ados
Le téléphone, responsable de l’incessante vie en ligne, est accusé de bien des maux depuis des années. Le professeur américain Jean Twenge a publié un essai qui a beaucoup fait jaser en 2017, intitulé Les téléphones intelligents ont-ils détruit une génération ?. La rengaine est maintenant reprise partout. Un autre professeur, Jonathan Haidt (NYU), a comparé les réseaux sociaux au waterboarding, la torture par l’eau utilisée pour faire suffoquer les victimes.
Vivek Murthy, administrateur de la santé publique des États-Unis, vient de rendre publique une étude établissant des liens entre la santé mentale des jeunes Américains et la surutilisation des réseaux sociaux. Il parle d’une « crise nationale à laquelle il faut s’attaquer de toute urgence ». Il demande aux décideurs politiques comme aux grandes compagnies numériques et aux parents de mieux encadrer la vie en ligne des adolescents. Presque tous les jeunes Américains de 13 à 17 ans utilisent les plateformes de contacts virtuels, et le tiers d’entre eux le font « à peu près constamment ».
« La question la plus fréquente que me posent les parents, a indiqué le Surgeon General en diffusant son enquête, est la suivante : “Les réseaux sociaux sont-ils sécuritaires pour mes enfants ?” La réponse est que nous n’avons pas suffisamment de preuves pour dire qu’ils le sont. En fait, il y a de plus en plus de preuves montrant que l’utilisation des médias sociaux est associée à des dommages à la santé mentale des jeunes. »
Il n’y a pas que ça. En s’appuyant sur l’avis de médecins et de chercheurs, le gouvernement suédois de centre droit vient d’imposer une diminution du temps passé par les élèves du pays devant les écrans, jugés responsables de la baisse du niveau général d’instruction. Le ministère de l’Éducation a débloqué des dizaines de millions pour financer le retour des manuels et des dictionnaires dans les classes.