Un projet de cohabitat bientôt à Lachine
Le concept basé sur la vie en communauté permet à des ménages de devenir propriétaires à moindre coût
Après Québec et Neuville, c’est au tour de l’arrondissement de Lachine, à Montréal, d’accueillir un projet de cohabitat. Ce concept basé sur la vie en communauté et le partage permet à des ménages de devenir propriétaires ou locataires d’un logement à moindre coût. À compter du 14 juin, les acheteurs potentiels des 44 logements proposés par l’OBNL Village urbain pourront soumettre leur candidature.
Le cohabitat est un concept né au Danemark il y a 60 ans. Depuis, il a fait des petits dans plusieurs villes européennes. Au Québec, les projets sont encore rares. Un premier projet, Cohabitat Québec, s’est concrétisé dans la capitale nationale en 2013, et un deuxième a vu le jour plus récemment à Neuville.
Directrice générale et cofondatrice de Village urbain, Estelle Le Roux Joky a commencé à travailler sur le projet en 2020 avec Pascal Huynh. L’été dernier, l’organisme a pu mettre la main sur un terrain de la rue Notre-Dame, près du Vieux-Lachine, occupé auparavant par une vitrerie. Les travaux pour la construction du nouvel immeuble de trois à quatre étages devraient commencer à la fin de l’été pour une inauguration à la fin de 2024.
Le projet de Village urbain comportera 58 logements d’une à quatre chambres à coucher, dont 44 seront vendus et 14, mis en location. Ce qui distingue le projet, c’est l’accent qui sera mis sur la vie en communauté et la mutualisation des ressources. « L’espace et l’organisation sociale sont conçus pour faciliter les rencontres. Dans bien des logements aujourd’hui, tout est fait pour qu’on ne croise pas nos voisins. Là, c’est l’inverse », explique Estelle Le Roux Joky en entrevue.
Et les appartements seront vendus au prix coûtant, ce qui fait en sorte qu’ils seront plus abordables que les condos habituels. « On veut être moins cher que le marché, mais honnêtement, c’est très difficile dans le contexte actuel, avec les coûts de construction et les taux d’intérêt. Mais on est quand même sous le prix du courant pour des logements neufs de cette qualité », indique Mme Le Roux Joky, qui n’a pas été en mesure de préciser les prix de départ qui seront offerts.
Village urbain entend par ailleurs imposer une limite au prix de revente afin de maintenir les logements à un prix sous celui du marché dans le futur.
Un concept peu connu
La superficie des logements sera aussi moins grande que celle des logements ordinaires, mais l’immeuble comptera des aires communes pour l’ensemble des résidents, dont une cuisine, une salle polyvalente et un atelier. « C’est une façon un peu plus écologique de vivre, sans compter toutes les économies d’échelle et le partage d’équipements », signale Estelle Le Roux Joky.
Village urbain pourra commencer à recevoir les candidatures d’acheteurs potentiels à compter du 14 juin. L’organisme compte sélectionner les futurs résidents en fonction de leur motivation à vivre en cohabitat en assumant certaines tâches et à favoriser le partage, que ce soit leur voiture ou des outils. Il entend aussi privilégier la mixité sociale et tiendra compte dans ses critères de la difficulté pour certains ménages de se trouver un logement.
Estelle Le Roux Joky déplore toutefois que le concept soit encore trop peu connu. « On est considéré comme un projet classique privé, même en étant un OBNL, et on n’a pas eu d’aide [financière] de la Ville », dit-elle. L’organisme espère toutefois que le projet pourra se qualifier à un financement du Programme pour une métropole abordable.
« Je crois que le cohabitat répond à un besoin de beaucoup de gens de retrouver un peu plus de sens à tous les niveaux — social, environnemental ou économique — dans leur mode de vie. J’espère que les municipalités vont faciliter le développement de ce type de projets à l’avenir. »
Responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville, Benoit Dorais a salué l’arrivée de ce « projet novateur ». « Nous avons travaillé étroitement avec l’organisme pour l’accompagner lors des différentes étapes, et des analyses sont en cours quant à son inscription au Programme pour une métropole abordable », a-t-il indiqué dans une déclaration transmise au