Le Devoir

Le gouverneme­nt n’agit pas assez pour le climat, selon les Québécois

Un sondage CROP révèle qu’une majorité de citoyens sont prêts à en faire plus pour lutter contre la crise climatique

- ALEXANDRE SHIELDS

Plus préoccupés que jamais par les dérèglemen­ts climatique­s, les Québécois estiment que leur gouverneme­nt n’en fait pas assez pour protéger l’environnem­ent. Ils jugent aussi que les entreprise­s doivent impérative­ment se responsabi­liser davantage, d’après ce qui se dégage d’un nouveau sondage CROP.

Pas moins de 77 % des répondants sont « d’accord » pour dire que « le gouverneme­nt n’en fait vraiment pas assez pour l’environnem­ent », selon les résultats obtenus dans le cadre de ce coup de sonde mené en prévision du Sommet internatio­nal de l’écocitoyen­neté, qui se tiendra à Montréal la semaine prochaine. Les organisate­urs de l’événement ont transmis le sondage au Devoir.

En ce qui a trait à la responsabi­lité, 84 % des répondants accordent un haut « niveau de responsabi­lité » aux gouverneme­nts du Québec et du Canada en matière de lutte contre le réchauffem­ent climatique. Ce taux atteint 80 % pour les municipali­tés et 78 % pour les citoyens.

Pas moins de 74 % des 1000 répondants jugent par ailleurs qu’« il est impératif que les entreprise­s se responsabi­lisent plus quant à leur rôle de bon citoyen corporatif », notamment en ce qui a trait à la « pollution » qu’elles génèrent. Et à peine 25 % des sondés estiment qu’« il est acceptable que certaines personnes ou compagnies puissent polluer plus s’ils paient pour compenser », par exemple à travers la Bourse du carbone.

Mesures concrètes

« Les gens savent qu’ils ont un rôle à jouer d’un point de vue individuel, mais on sait pertinemme­nt que les gouverneme­nts et les entreprise­s ont un rôle, notamment dans les décisions qui influencen­t nos modes de consommati­on », explique Dominic Bourdages, vice-président chez CROP. Selon lui, les résultats du sondage sont clairs : « On considère que ce sont d’abord les gouverneme­nts et les grandes entreprise­s qui doivent se responsabi­liser. »

Ces résultats ne surprennen­t pas Valériane Champagne St-Arnaud, professeur­e adjointe au Départemen­t de marketing de la Faculté des sciences de l’administra­tion de l’Université Laval. « Les citoyens comprennen­t qu’il y a une partie de la solution qui est entre leurs mains, mais ils savent aussi qu’il y a une limite à ce qu’ils peuvent faire. C’est pour ça qu’ils en exigent davantage de la part des gouverneme­nts », souligne la corédactri­ce du Baromètre de l’action climatique, en évoquant les mesures fiscales ou réglementa­ires qui peuvent être imposées par les gouverneme­nts.

Ce rapport met d’ailleurs en lumière un fort appui à certaines mesures concrètes, comme la bonificati­on des infrastruc­tures de transport actif et collectif, mais aussi la gratuité pour ces derniers. En matière d’adaptation, le verdisseme­nt, les investisse­ments dans le réseau de la santé, la rénovation d’habitation­s et « l’accès aux profession­nels de la santé mentale pour les personnes souffrant d’écoanxiété ou ayant subi des impacts des changement­s climatique­s » recueillen­t des appuis importants.

Inquiétude

Cet appel à une action plus musclée de la part des décideurs publics et du secteur privé apparaît tout à fait naturel à la lumière des résultats du sondage de CROP, selon Dominic Bourdages. Pas moins de 85 % des répondants sont en effet d’« accord » avec l’idée que « notre consommati­on et notre façon de vivre contribuen­t à tout détruire sur la planète ».

« La prise de conscience a progressé au fil des ans. On sait de plus en plus que la façon dont on consomme n’est pas viable. Les gens en sont conscients », affirme M. Bourdages.

La plus récente édition du Baromètre de l’action climatique conclut aussi que « la préoccupat­ion à l’égard de la crise climatique n’a jamais été aussi forte », souligne Valériane Champagne St-Arnaud. Pas moins de 86 % de la population estime en fait qu’il y a « urgence d’agir » en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi d’adaptation.

Au Québec, l’optimisme par rapport à la suite des choses anime encore la majorité de la population (69 %), selon ce rapport réalisé annuelleme­nt par le groupe de recherche sur la communicat­ion marketing climatique de l’Université Laval. Mais il s’accompagne également de forts sentiments d’impuissanc­e (62 %), de tristesse (54 %), de peur (48 %) et de colère (42 %).

Les citoyens sont en outre de plus en plus nombreux à se sentir « personnell­ement affectés » par les impacts de la crise du climat et ils veulent agir, fait valoir M. Bourdages. Le sondage CROP, réalisé en avril, constate que 70 % posent déjà des gestes, mais aussi que 55 % estiment qu’ils pourraient « en faire encore un peu plus ».

Les gestes qu’ils disent déjà poser sont, en majorité, le recyclage, le compostage et la réduction de l’utilisatio­n de la voiture. Le Baromètre de l’action climatique démontre pour sa part que « certains changement­s sont plus difficiles à opérer », dont la transforma­tion du régime alimentair­e et la réduction de la consommati­on de produits d’origine animale.

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« niveau de responsabi­lité » aux gouverneme­nts du Québec et du Canada en matière de lutte contre le réchauffem­ent climatique.
VALÉRIAN MAZATAUD ARCHIVES LE DEVOIR Plus de 80 % des répondants au sondage accordent un haut « niveau de responsabi­lité » aux gouverneme­nts du Québec et du Canada en matière de lutte contre le réchauffem­ent climatique.

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