Le projet Bay du Nord mis sur pause
La pétrolière Equinor reporte sa décision d’aller de l’avant, ou non, avec le mégaprojet pétrolier Bay du Nord. L’entreprise, qui a obtenu le feu vert du gouvernement Trudeau l’an dernier, pourrait exploiter près d’un milliard de barils de pétrole en eaux profondes, au large de Terre-Neuve-et-Labrador.
Dans une déclaration publiée mercredi, la multinationale norvégienne a fait savoir que les conditions « du marché » ont fait grimper le coût de cet ambitieux projet d’exploitation pétrolière en milieu marin, et ce, « dans de nombreux aspects du développement ».
Par courriel, Equinor a aussi dit vouloir « améliorer la robustesse du projet », tout en assurant que l’exploitation aura bel et bien lieu un jour. « Bay du Nord est un projet important », a souligné le gestionnaire de l’entreprise au Canada, Tore Loseth. « Nous sommes aussi encouragés par le fort appui à Terre-Neuve-et-Labrador et au Canada », a-t-il ajouté.
L’entreprise se donne un maximum de trois ans pour décider de la suite des choses. Si elle va de l’avant, Equinor souhaite forer jusqu’à 60 puits d’exploitation sur une période de 30 ans, tout en poursuivant les forages exploratoires, dans une zone située à 470 kilomètres des côtes canadiennes et à plus de 1000 mètres de profondeur.
Au moment de l’approbation du projet, l’an dernier, par le gouvernement Trudeau, on évoquait un potentiel de 300 millions de barils. L’Office Canada– Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers a toutefois confirmé plus tôt cette année une « découverte significative » de 385 millions de barils qui, combinée aux autres découvertes faites dans le secteur, porterait le potentiel à 979 millions de barils de pétrole.
La Fondation Sierra Club Canada et Greenpeace ont salué le report du projet Bay du Nord. Le porte-parole de Greenpeace y voit « une excellente nouvelle » et souligne qu’« il n’y a pas de place pour de nouveaux projets d’énergies fossiles si on veut respecter l’Accord de Paris ».
Un abandon complet réclamé
L’approbation du projet est par ailleurs toujours contestée devant les tribunaux par la Fondation Sierra Club Canada et par Équiterre, un organisme cofondé par Steven Guilbeault.
« Nous continuerons de revendiquer [l’]abandon complet [du projet], qui va à l’encontre des cibles climatiques et de préservation de la biodiversité », a déclaré mercredi le directeur des relations gouvernementales d’Équiterre, MarcAndré Viau. « Les gouvernements doivent miser sur le développement des énergies renouvelables et la création d’emplois d’avenir tant à Terre-Neuveet-Labrador que dans le reste du pays, plutôt que sur des projets dangereux et risqués comme ceux d’exploitation des hydrocarbures », a-t-il ajouté.