Le Devoir

Le projet Bay du Nord mis sur pause

- ALEXANDRE SHIELDS PÔLE ENVIRONNEM­ENT

La pétrolière Equinor reporte sa décision d’aller de l’avant, ou non, avec le mégaprojet pétrolier Bay du Nord. L’entreprise, qui a obtenu le feu vert du gouverneme­nt Trudeau l’an dernier, pourrait exploiter près d’un milliard de barils de pétrole en eaux profondes, au large de Terre-Neuve-et-Labrador.

Dans une déclaratio­n publiée mercredi, la multinatio­nale norvégienn­e a fait savoir que les conditions « du marché » ont fait grimper le coût de cet ambitieux projet d’exploitati­on pétrolière en milieu marin, et ce, « dans de nombreux aspects du développem­ent ».

Par courriel, Equinor a aussi dit vouloir « améliorer la robustesse du projet », tout en assurant que l’exploitati­on aura bel et bien lieu un jour. « Bay du Nord est un projet important », a souligné le gestionnai­re de l’entreprise au Canada, Tore Loseth. « Nous sommes aussi encouragés par le fort appui à Terre-Neuve-et-Labrador et au Canada », a-t-il ajouté.

L’entreprise se donne un maximum de trois ans pour décider de la suite des choses. Si elle va de l’avant, Equinor souhaite forer jusqu’à 60 puits d’exploitati­on sur une période de 30 ans, tout en poursuivan­t les forages exploratoi­res, dans une zone située à 470 kilomètres des côtes canadienne­s et à plus de 1000 mètres de profondeur.

Au moment de l’approbatio­n du projet, l’an dernier, par le gouverneme­nt Trudeau, on évoquait un potentiel de 300 millions de barils. L’Office Canada– Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbu­res extracôtie­rs a toutefois confirmé plus tôt cette année une « découverte significat­ive » de 385 millions de barils qui, combinée aux autres découverte­s faites dans le secteur, porterait le potentiel à 979 millions de barils de pétrole.

La Fondation Sierra Club Canada et Greenpeace ont salué le report du projet Bay du Nord. Le porte-parole de Greenpeace y voit « une excellente nouvelle » et souligne qu’« il n’y a pas de place pour de nouveaux projets d’énergies fossiles si on veut respecter l’Accord de Paris ».

Un abandon complet réclamé

L’approbatio­n du projet est par ailleurs toujours contestée devant les tribunaux par la Fondation Sierra Club Canada et par Équiterre, un organisme cofondé par Steven Guilbeault.

« Nous continuero­ns de revendique­r [l’]abandon complet [du projet], qui va à l’encontre des cibles climatique­s et de préservati­on de la biodiversi­té », a déclaré mercredi le directeur des relations gouverneme­ntales d’Équiterre, MarcAndré Viau. « Les gouverneme­nts doivent miser sur le développem­ent des énergies renouvelab­les et la création d’emplois d’avenir tant à Terre-Neuveet-Labrador que dans le reste du pays, plutôt que sur des projets dangereux et risqués comme ceux d’exploitati­on des hydrocarbu­res », a-t-il ajouté.

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