Pierre-Yves Villeneuve devient président de l’UNEQ
Après des mois de crise interne, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) s’est dotée mercredi d’un nouveau président. Selon nos informations, c’est l’auteur Pierre-Yves Villeneuve qui a été choisi pour succéder à Suzanne Aubry. Il sera épaulé par un conseil d’administration formé en majorité par d’autres écrivains qui étaient favorables à l’imposition de cotisations syndicales.
Pierre-Yves Villeneuve se présentait au conseil d’administration de l’UNEQ au sein d’un groupe de cinq auteurs, « Le Collectif », qui entend « rechercher des sources de financement alternatives » afin de donner plus de moyens au syndicat. Les quatre autres membres de ce groupe — Jean-Philippe Bergeron, Natasha Kanapé Fontaine, Anne-Marie Sicotte et Erika Soucy — ont aussi été élus au conseil d’administration. Un peu moins de 50 % des membres de l’UNEQ ont participé au scrutin.
Les candidates qui avaient été les plus critiques de l’administration sortante de l’UNEQ ont recueilli beaucoup moins de suffrages. Deux d’entre elles, Sophie-Luce Morin et Josée Marcotte, ont toutefois reçu suffisamment de voix pour pouvoir se joindre au conseil d’administration.
Les sept membres du CA devaient ensuite choisir parmi eux celui ou celle qui occupera la fonction de président. Sans surprise, c’est un membre du « Collectif », largement majoritaire au sein du conseil d’administration, qui a été choisi.
Pierre-Yves Villeneuve siégeait déjà à l’ancien CA de l’UNEQ, qui a démissionné en bloc le 31 mars dernier. Il est l’auteur de la série jeunesse à succès Gamer.
Un résultat étonnant
M. Villeneuve faisait partie des écrivains qui étaient favorables à l’imposition d’une cotisation syndicale de 2,5 % sur les revenus des auteurs membres de l’UNEQ, et de 5 % sur ceux des auteurs non-membres. Son élection et celle de ses alliés au conseil d’administration peuvent donc paraître en contradiction avec le résultat de l’assemblée générale extraordinaire du 30 mars dernier.
À l’issue d’une rencontre chaotique qui s’était étendue sur plusieurs heures, près de 56 % des membres présents avaient rejeté le projet de l’UNEQ de percevoir une cotisation syndicale à l’ensemble des auteurs québécois. Le lendemain, la présidente, Suzanne Aubry, le directeur général, Laurent Dubois, et l’ensemble des administrateurs avaient annoncé leur départ.
La question des cotisations syndicales divise le milieu littéraire québécois depuis décembre 2022, quand l’UNEQ avait annoncé que ses membres s’étaient prononcés en faveur de leur imposition. Or, on avait appris quelques jours plus que tard que seulement 46 personnes avaient participé à l’assemblée générale qui avait entériné la décision. S’ensuivit un tollé sur la légitimité de cette décision. L’UNEQ avait finalement fait demi-tour en acceptant de soumettre à nouveau au vote l’imposition de cotisations syndicales.
Des membres toujours divisés
Lors de l’assemblée générale de mercredi, lors de laquelle ont été annoncés les résultats de l’élection pour le conseil d’administration, les tensions étaient toujours vives entre les auteurs favorables aux cotisations et ceux qui s’y opposent, du moins sous la forme qui avait été proposée.
Rappelons que l’UNEQ a le pouvoir de lever des cotisations syndicales depuis la réforme des lois québécoises sur le statut de l’artiste adoptée l’an dernier. Celle-ci fait de l’UNEQ l’unique syndicat en bonne et due forme habilité à négocier des conditions planchers pour l’ensemble des auteurs du Québec.
Des négociations avec l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) et Sogides (Québecor) avaient déjà été entreprises par le syndicat d’écrivains en décembre. Celles-ci sont toutefois interrompues depuis que les membres de l’UNEQ ont rejeté les cotisations syndicales dans la forme proposée.