Fréchette défend Francisation Québec
Devant les inquiétudes que soulève le lancement de la plateforme, la ministre de l’Immigration demande qu’on donne la chance au coureur
Prêt ? Pas prêt ? Francisation Québec, qui a mis en opération son guichet unique en ligne jeudi, est sur les rails. La ministre de l’Immigration, tout en comprenant les doutes que cela suscite, appelle à ce qu’on donne « la chance au coureur ».
« On veut uniformiser l’approche et c’est sûr que ça vient changer les méthodes de travail. Je peux comprendre que ça crée des inquiétudes, mais laissons la chance au coureur, ça fait quelques heures que c’est en ligne », a dit Christine Fréchette en entrevue au Devoir.
Dans la mesure où elle centralisera toutes les demandes de services en francisation, cette plateforme Web préoccupe les partis d’opposition, mais surtout le réseau scolaire, qui voit son expertise laissée de côté, comme le révélait Le Devoir jeudi.
Membre du comité consultatif de Francisation Québec à titre de représentante de l’Association des cadres scolaires, Diane Laberge a déploré que les doléances du réseau scolaire n’aient pas été davantage entendues. « On reçoit ses ordres et on exécute », a-t-elle dit. Selon les informations du Devoir, elle n’est pas la seule à entretenir des craintes, notamment envers les délais qui pourraient s’allonger.
Attaques de l’opposition
« À la CAQ [Coalition avenir Québec], brouillons et cafouilleurs comme ils le sont, ils ne semblent pas prêts, aujourd’hui, pour mettre de l’avant de façon fonctionnelle et efficace Francisation Québec. Ils sont en train de se demander […] si le système informatique va tenir le coup, s’il est adapté », a déclaré le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay.
Le chef du Parti québécois, Paul StPierre Plamondon, a dit espérer ne pas arriver à un autre « SAAQclic », en référence à la plateforme en ligne de la Société de l’assurance automobile du Québec, qui a connu des ratés à son lancement au printemps. Il constate aussi que l’expertise en francisation détenue par les acteurs du réseau de l’éducation n’est pas valorisée au sein de ce nouveau guichet unique.
« Vous mettez de côté l’expertise en matière d’éducation. Vous centralisez tout, mais dans le cadre d’une coordination qui risque de nous mener à beaucoup de problèmes », a-t-il dit.
La ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, se montre rassurante. « Je suis bien confiante que ça va fonctionner. J’ai vu de manière régulière l’évolution du travail avec les équipes concernées, et les [possibles problèmes] de cyberattaques, les dysfonctionnements, l’afflux massif de nouveaux inscrits. Tout ça a été prévu », a-t-elle affirmé.
Au moment où Le Devoir a voulu cliquer sur la plateforme « Apprendre le français », dont le lien est sur le site quebec.ca, en fin d’après-midi, ce dernier était en panne. Or, il est rapidement redevenu accessible. Les concepteurs de la plateforme « Apprendre le français » estiment que beaucoup de non-francophones y accéderont en tapant « learn french » dans Google. Une version des formulaires d’inscription en ligne est déjà disponible en anglais et une autre le sera en espagnol d’ici le 20 juin.
Des perceptions individuelles
Pour Mme Fréchette, la vérificatrice générale ayant qualifié de fiasco le système de francisation en 2017, un changement d’approche s’imposait. « Les partis d’opposition avaient dit qu’il ferait quelque chose et ne l’ont pas fait. Nous, on passe à l’action. »
Quant au mécontentement de certains qui géraient jusqu’ici la francisation dans le réseau scolaire, Mme Fréchette croit que sur le plan individuel, il y a peut-être certaines perceptions, mais sur le plan institutionnel, « il y a un partenariat qui a été renouvelé avec le ministère de l’Éducation et son réseau », a-t-elle assuré.
La ministre comprend que le haut volume d’inscriptions que risque de recevoir la plateforme au cours des prochaines semaines engendre certaines craintes, mais elle assure que son ministère saura traiter les demandes de cours de français à l’intérieur de 50 jours. « Il y a une réorganisation qui est en cours avec la nouvelle structure et on s’engage à faire respecter notre norme malgré l’élargissement de la clientèle. »
Je suis bien confiante que ça va » fonctionner CHRISTINE FRÉCHETTE