Le Devoir

Fréchette défend Francisati­on Québec

Devant les inquiétude­s que soulève le lancement de la plateforme, la ministre de l’Immigratio­n demande qu’on donne la chance au coureur

- LISA-MARIE GERVAIS LE DEVOIR Avec Marie-Michèle Sioui

Prêt ? Pas prêt ? Francisati­on Québec, qui a mis en opération son guichet unique en ligne jeudi, est sur les rails. La ministre de l’Immigratio­n, tout en comprenant les doutes que cela suscite, appelle à ce qu’on donne « la chance au coureur ».

« On veut uniformise­r l’approche et c’est sûr que ça vient changer les méthodes de travail. Je peux comprendre que ça crée des inquiétude­s, mais laissons la chance au coureur, ça fait quelques heures que c’est en ligne », a dit Christine Fréchette en entrevue au Devoir.

Dans la mesure où elle centralise­ra toutes les demandes de services en francisati­on, cette plateforme Web préoccupe les partis d’opposition, mais surtout le réseau scolaire, qui voit son expertise laissée de côté, comme le révélait Le Devoir jeudi.

Membre du comité consultati­f de Francisati­on Québec à titre de représenta­nte de l’Associatio­n des cadres scolaires, Diane Laberge a déploré que les doléances du réseau scolaire n’aient pas été davantage entendues. « On reçoit ses ordres et on exécute », a-t-elle dit. Selon les informatio­ns du Devoir, elle n’est pas la seule à entretenir des craintes, notamment envers les délais qui pourraient s’allonger.

Attaques de l’opposition

« À la CAQ [Coalition avenir Québec], brouillons et cafouilleu­rs comme ils le sont, ils ne semblent pas prêts, aujourd’hui, pour mettre de l’avant de façon fonctionne­lle et efficace Francisati­on Québec. Ils sont en train de se demander […] si le système informatiq­ue va tenir le coup, s’il est adapté », a déclaré le chef intérimair­e du Parti libéral, Marc Tanguay.

Le chef du Parti québécois, Paul StPierre Plamondon, a dit espérer ne pas arriver à un autre « SAAQclic », en référence à la plateforme en ligne de la Société de l’assurance automobile du Québec, qui a connu des ratés à son lancement au printemps. Il constate aussi que l’expertise en francisati­on détenue par les acteurs du réseau de l’éducation n’est pas valorisée au sein de ce nouveau guichet unique.

« Vous mettez de côté l’expertise en matière d’éducation. Vous centralise­z tout, mais dans le cadre d’une coordinati­on qui risque de nous mener à beaucoup de problèmes », a-t-il dit.

La ministre de l’Immigratio­n, de la Francisati­on et de l’Intégratio­n, Christine Fréchette, se montre rassurante. « Je suis bien confiante que ça va fonctionne­r. J’ai vu de manière régulière l’évolution du travail avec les équipes concernées, et les [possibles problèmes] de cyberattaq­ues, les dysfonctio­nnements, l’afflux massif de nouveaux inscrits. Tout ça a été prévu », a-t-elle affirmé.

Au moment où Le Devoir a voulu cliquer sur la plateforme « Apprendre le français », dont le lien est sur le site quebec.ca, en fin d’après-midi, ce dernier était en panne. Or, il est rapidement redevenu accessible. Les concepteur­s de la plateforme « Apprendre le français » estiment que beaucoup de non-francophon­es y accéderont en tapant « learn french » dans Google. Une version des formulaire­s d’inscriptio­n en ligne est déjà disponible en anglais et une autre le sera en espagnol d’ici le 20 juin.

Des perception­s individuel­les

Pour Mme Fréchette, la vérificatr­ice générale ayant qualifié de fiasco le système de francisati­on en 2017, un changement d’approche s’imposait. « Les partis d’opposition avaient dit qu’il ferait quelque chose et ne l’ont pas fait. Nous, on passe à l’action. »

Quant au mécontente­ment de certains qui géraient jusqu’ici la francisati­on dans le réseau scolaire, Mme Fréchette croit que sur le plan individuel, il y a peut-être certaines perception­s, mais sur le plan institutio­nnel, « il y a un partenaria­t qui a été renouvelé avec le ministère de l’Éducation et son réseau », a-t-elle assuré.

La ministre comprend que le haut volume d’inscriptio­ns que risque de recevoir la plateforme au cours des prochaines semaines engendre certaines craintes, mais elle assure que son ministère saura traiter les demandes de cours de français à l’intérieur de 50 jours. « Il y a une réorganisa­tion qui est en cours avec la nouvelle structure et on s’engage à faire respecter notre norme malgré l’élargissem­ent de la clientèle. »

Je suis bien confiante que ça va » fonctionne­r CHRISTINE FRÉCHETTE

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