Le Devoir

Québec veut en finir avec l’obsolescen­ce programmée

Le ministre Jolin-Barrette a déposé un projet de loi qui améliorera­it les possibilit­és de réparation des biens

- THOMAS LABERGE À QUÉBEC

Un lave-vaisselle qui cesse de fonctionne­r après six mois ou une voiture qui a un abonnement mensuel chez le garagiste : Québec veut protéger les consommate­urs québécois contre les biens qui brisent trop rapidement et mettre fin à l’obsolescen­ce programmée.

Le projet de loi va créer une garantie de bon fonctionne­ment, dont la durée sera à déterminer. « Vous achetez votre lave-vaisselle, et au bout de six mois, il ne fonctionne plus. Donc, vous allez appeler votre fabricant et il va avoir l’obligation de vous le réparer à ses frais », a expliqué le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, qui a déposé le projet de loi jeudi matin.

S’il est adopté, les commerçant­s devront rendre disponible­s les pièces et les services de réparation pour un bien à un prix et pour une durée raisonnabl­es. Les biens devront également pouvoir être réparés avec des outils communs et sans causer de dommages irréversib­les. « Notre premier réflexe, c’est souvent de se dire que ça va coûter moins cher d’acheter un nouveau bien et que ça va être moins compliqué que de le faire réparer. Ce n’est pas normal », a soutenu le ministre.

Il sera aussi interdit de vendre un produit dont l’obsolescen­ce est programmée. En cas de doute, un individu devra se tourner vers l’Office de la protection du consommate­ur, qui devra déterminer si un bien a délibéréme­nt été conçu pour que sa durée de vie normale soit réduite. « Le contrevena­nt, le fabricant par exemple, s’exposera à des amendes pénales pouvant aller à 125 000 $ », a dit le ministre. Les sanctions financière­s seront encore plus importante­s en cas de récidive.

Également, fini les différents fils pour recharger cellulaire, tablette ou autre : Québec mettra en place une norme pour un chargeur universel compatible avec tous les appareils électroniq­ues vendus au Québec. L’Union européenne a déjà adopté une loi similaire.

« Mesure anticitron »

Le projet de loi vise également la mise en place d’une « mesure anticitron » pour les voitures. « Personne ne veut être celui qui a un abonnement mensuel chez le garagiste », a illustré Simon Jolin-Barrette. Un conducteur dont le véhicule sera qualifié de « gravement défectueux » par un tribunal pourra demander l’annulation de son achat.

Avant le dépôt du projet de loi jeudi matin, les partis d’opposition à l’Assemblée nationale se sont tous montrés ouverts à l’initiative du gouverneme­nt. La députée libérale Marwah Rizqy a déjà déposé un projet de loi du genre.

Notre premier réflexe, c’est souvent de se dire que ça va coûter moins cher d’acheter un nouveau bien et que ça va être moins compliqué que de le faire réparer. Ce n’est »

pas normal. SIMON JOLIN-BARRETTE

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