Un effet contraire
On se demande bien à quoi pensait François Legault lorsqu’il a décidé d’augmenter de 30 000 $ d’un coup le salaire des députés par un vote à l’Assemblée nationale en pleine période de forte inflation faisant très mal aux contribuables québécois. Un récent sondage montre que 74 % des répondants sont contre cette initiative du gouvernement.
Et pour ajouter à l’incohérence, le gouvernement Legault est en négociation ardue avec plusieurs syndicats de la fonction publique depuis plusieurs mois. L’un des points est justement la question salariale. Et le gouvernement n’applique pas à lui-même la même frugalité qu’il entend imposer aux employés de l’État.
Cette mise à jour salariale des élus, décidée unilatéralement par les principaux intéressés (surtout le parti majoritaire en chambre), creuse encore plus l’écart de revenu du député avec celui du salarié moyen québécois (131 766 $ contre 55 706 $) et se cumule, dans la perception populaire, aux récentes baisses d’impôt octroyées, qui favorisent, selon plusieurs économistes, les paliers d’imposition supérieurs — ce qui conforte encore plus les électeurs dans leur idée que nos gouvernants sont déconnectés de leur base, ne travaillent que dans leur propre intérêt et ne comprennent pas leurs préoccupations.
Finalement, cette décision entretient davantage le cynisme des électeurs envers la classe politique tout en produisant un effet contraire à celui qui est recherché par cette bonification salariale des élus, c’est-à-dire attirer des candidats de qualité pour rehausser positivement la perception qu’ont les électeurs des politiciens…
Jimmy St-Gelais
Saint-Jérôme, le 1er juin 2023