Le numérique à la rescousse
Les outils numériques pourraient-ils aussi aider à lutter contre les troubles alimentaires ? Responsable du groupe de recherche Loricorps de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Johana Monthuy-Blanc en est convaincue. Elle se spécialise dans l’intervention auprès des patients qui connaissent leurs premiers épisodes de troubles alimentaires. « On veut les attraper dès le début, car seulement une personne sur deux ressort d’une hospitalisation sans y retourner », dit-elle. Son arme principale : la santé numérique.
En 2018, Loricorps lance l’application Intervenant de poche, qui vise à outiller les gens souffrant d’un trouble du comportement alimentaire ou risquant d’en développer un. « Ça nous a permis de proposer un programme de recherche-intervention », lance la chercheuse. À cela s’ajoute la mise au point d’un outil de santé virtuelle, qui sert à évaluer la perception de l’image corporelle. « On projette un corps du plus fin au plus arrondi et on demande à la personne de désigner celui qui lui ressemble et celui auquel elle aimerait ressembler. » Ainsi, on vient déterminer précisément le problème sous-jacent, ce qui influencera la méthode d’intervention.
La chercheuse s’est récemment jointe au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, grâce auquel elle espère affiner la qualité de ses interventions en télésanté. « Le problème pour les gens n’est pas d’avoir accès à des applications, relève-t-elle. C’est d’avoir accès à des outils basés sur des données probantes. » Ses travaux s’intéresseront aussi à des populations ignorées, comme la communauté LGBTQ+ et les gens qui subissent des opérations bariatriques à répétition. « Nos recherches récentes montrent que 48 % de la population québécoise a des problèmes légers à modérés de comportement alimentaire », note-t-elle.