Le Devoir

Le sens des Fêtes

- SOPHIE GINOUX COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Manon Lapierre n’est pas cheffe, mais ses recettes font beaucoup d’heureux. Reine québécoise de la cuisine en plein air et de la friteuse à air chaud (air fryer, en anglais), celle qui a démarré avec son conjoint, Lionel de Souich, le projet La petite bette en 2014 est suivie par plus de 350 000 personnes sur ses différente­s plateforme­s, et ses livres figurent au sommet des palmarès. Mais au-delà de ses recettes, Manon est aussi l’héritière de traditions familiales, la maman de jumeaux… et une fan des Fêtes ! Alors, comment s’y prépare-t-elle et quels sont ses meilleurs trucs pour nous faciliter la vie à quelques semaines de Noël ?

Manon, que représente­nt les Fêtes pour vous ?

Je dirais la famille, la tradition et la bouffe, dans le désordre. Comme ma mère vient d’une famille nombreuse, quand j’étais petite, les partys de Noël réunissaie­nt plus de 50 personnes. Après la messe de minuit, on mangeait et on déballait des cadeaux jusqu’au petit matin. Puis, j’ai grandi et j’ai rencontré mon conjoint d’origine française, aux traditions festives un peu différente­s. Maintenant, on célèbre le 24 décembre en petit comité avec un apéro dînatoire et, le lendemain, on fait un gros brunch.

Comme ma mère voulait cependant poursuivre notre ancienne tradition familiale et qu’elle n’avait pas la place pour recevoir tout le monde chez elle, elle a commencé à organiser ce repas chez moi. Au début, elle apportait les plats, la vaisselle, tout ! J’ai depuis repris le flambeau et je reçois chaque année, quelque part au cours du mois de décembre, de 20 à 25 membres de la famille pour un slunch gourmand.

À quoi votre slunch ressemble-t-il ?

C’est un mélange de lunch et de snacks. Ça correspond bien à ma personnali­té, car j’aime marier la tradition et la modernité ; la simplicité et le chic. Concrèteme­nt, mes slunchs se passent en deux temps. Tout d’abord, on se réunit autour de l’îlot de la cuisine pour manger des bouchées variées : des gougères, des blinis, des croûtons de baguette ou mes fameux pains chauds briochés servis avec du foie gras, des rillettes, du gravlax ou encore avec ma trempette chaude à la morue, aux artichauts et aux épinards. J’ai aussi beaucoup de succès avec mes petits pains au crabe et au Velveeta, une version revisitée de notre traditionn­el pain sandwich étagé.

Ensuite, tout le monde est invité à s’asseoir pour le plat principal, servi au centre de la table. Là encore, ce dernier n’est pas toujours typique. Selon les années, je peux préparer du ragoût de boulettes, un jambon ou de la tourtière du Lac-Saint-Jean, mais je peux aussi cuisiner une choucroute garnie ou un cassoulet toulousain. Je pense que ces choix sont teintés par ma vie de blogueuse culinaire, car je dois présenter des recettes de Noël des mois à l’avance, alors je suis un peu saturée de les faire en décembre, ha ha ! Quant aux desserts, qui ne sont pas ma force, la plupart du temps, c’est ma mère qui les concocte.

Comment La petite bette s’organise-t-elle pour recevoir autant de personnes ?

En se préparant un maximum à l’avance ! J’ai tellement regretté par le passé de ne pas profiter de mes invités que je fais maintenant beaucoup de préparatio­ns pour ne pas rester bloquée devant les fourneaux le jour J. Je concocte donc préalablem­ent plein de bouchées, que je réchauffe au air fryer au dernier moment. M’y prendre en avance me permet aussi d’économiser, en profitant des rabais sur certains produits. Par exemple, j’ai acheté en septembre des cuisses de canard, que j’ai confites et gardées sous vide en prévision des Fêtes.

Je vous recommande aussi de prévoir votre menu en faisant le tour de ce que vous avez déjà à la maison. De mon côté, j’avais ramené cet été du maquereau de la Côte-Nord et des homards de Gaspésie que j’avais défaits et congelés. Je vais donc m’en servir pour faire du gravlax et des petits pains farcis.

Quant au gros plat central, mon approche, c’est de préparer quelque chose qui n’est pas trop délicat et qui peut rester au four 15 minutes de plus sans que le repas soit gâché. Surveiller le temps de cuisson d’un rôti de boeuf ou bien découvrir en le coupant que mon saumon Wellington n’est pas impeccable, c’est non. Si on peut se passer d’une dose d’anxiété inutile lorsqu’on reçoit, il faut le faire sans hésiter !

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NATERCIA CABECEIRAS Manon Lapierre

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