Le Devoir

Bouger avec bienveilla­nce

Dans l’essai Tout le monde aime danser, Chloé Rochette invite ses lecteurs à mettre en perspectiv­e le mouvement

- AMÉLIE REVERT COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Ce « plaidoyer pour libérer le mouvement » prend ainsi la forme d’une ode à l’acceptatio­n de soi et à l’écoute de ses besoins. « Fondamenta­lement, je pense que tout le monde peut aimer bouger si les gens ont la possibilit­é de le faire à leur façon, sans se mettre de pression et sans tenter de le faire parfaiteme­nt », ditelle d’emblée.

« Je me demandais ce que je voulais dire dans mon essai et le titre est la première chose qui m’est venue en tête », confie Chloé Rochette. Elle estime par ailleurs que les femmes ont cette tendance au perfection­nisme, à désirer bien faire, ce qui peut parfois s’avérer limitant. « C’est tout à notre honneur, mais on a besoin dans un domaine de notre vie de se laisser aller », renchérit-elle. C’est alors qu’une métaphore du mouvement lui est apparue : « tu mets quelqu’un dans une pièce avec la chanson de son choix, personne pour regarder. On dirait que ça va chercher l’instinct ».

Tout le monde aime danser, donc, mais pourquoi si peu de gens le font réellement ? Chloé Rochette croit avoir un début de réponse. « Souvent dès l’enfance, on se fait répéter que ce n’est pas pour nous, le mouvement : il y a les artistes, les intellectu­els et les sportifs. » Mais puisque tout le monde a un corps, tout le monde a le droit d’expériment­er le mouvement à sa façon. Elle en est convaincue.

« Pour ceux qui ont ce privilège de bouger librement, pourquoi ne sommes-nous pas capables de tous en profiter ? » interroge Chloé Rochette. Elle poursuit : « nous nous sommes bâti un mode de vie qui nous pousse à rester assis de longues heures, qui fait qu’on n’a pas l’espace pour bouger. » L’industrie du bienêtre a teinté nos esprits avec des solutions dans lesquelles l’activité physique doit être faite le plus rapidement possible et de la façon la plus désagréabl­e qui soit pour être efficace. Or, Chloé Rochette propose dans son ouvrage de revoir nos routines et de consacrer plus de moments au mouvement.

« Parce que, ce qui fait du bien, c’est quand on a le temps de s’y adonner. C’est se rendre au bureau à pied, croiser quelqu’un, s’arrêter pour lui parler, méditer sur la vie… » suggère-t-elle ainsi. De fait, Tout le monde aime danser entame une réflexion collective sur l’état des lieux de l’activité physique dans nos sociétés contempora­ines. « Bouger est aussi fondamenta­l que de manger et de dormir. Ce n’est pas normal de ne pas avoir le temps », insiste-t-elle.

Un exercice rassembleu­r

Les pistes qu’elle suggère dans son essai, Chloé Rochette a commencé à les esquisser il y a une douzaine d’années, quand elle a fondé son entreprise, Le Mouvement HappyFitne­ss. « Même s’il y en avait pour qui c’était positif, bien sûr, je voyais bien que certaines de mes amies avaient une relation difficile avec le sport. Elles avaient l’impression que c’était intimidant ou une corvée, ne savaient pas quoi faire, ne trouvaient leur place nulle part… » Comment faire alors pour prouver que l’exercice peut être rassembleu­r et agréable ?

Le cheminemen­t de Chloé Rochette a ensuite pris de l’ampleur. « Lorsque j’ai lancé le balado L’état du jeu avec Marie-Philippe Jean, nous avons souhaité nous écarter de la dictature du bien-être pour amener de la nuance dans un domaine plein d’absolutism­e et d’injonction­s, fait-elle remarquer. Le mouvement est humain, il est donc plus complexe que ça. » Et puis, elle est devenue mère et les choses ont pris une tout autre dimension. « Quand j’ai vu mon enfant apprendre à se mouvoir, j’ai constaté la facilité avec laquelle une personne n’a pas peur d’essayer, de tomber. Wow ! C’est fou ! On est tous conçus pour bouger. »

Finalement, Chloé Rochette aimerait surtout que les gens comprennen­t que si nous bougeons, nous accompliss­ons la bonne chose. « Tout mouvement est important et s’accumule. Quand tu danses dans ton salon pendant dix minutes, ça compte ! Ça augmente le rythme cardiaque, ça fait du bien, ça crée de la magie », s’enthousias­me-t-elle. Aller prendre l’air lorsque le soleil pointe son nez ou courir dans le parc avec ses enfants, aussi. « Ce n’est pas quelque chose en quoi nous croyons de prime abord, car nous pensons à tort que la pratique du sport doit être super cadrée », souligne-telle. Mais si nous suivons les conseils de Chloé Rochette et bougeons juste un peu pour changer de point de vue, nous pouvons vite nous apercevoir que le mouvement s’intègre de façon naturelle dans nos vies.

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 ?? ?? Tout le monde aime danser Plaidoyer pour libérer le mouvement Chloé Rochette, illustrati­ons de Cécile Gariépy, Québec Amérique, Montréal, 2024, 192 pages
Tout le monde aime danser Plaidoyer pour libérer le mouvement Chloé Rochette, illustrati­ons de Cécile Gariépy, Québec Amérique, Montréal, 2024, 192 pages
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GETTY IMAGES « Quand tu danses dans ton salon pendant dix minutes, ça compte ! » affirme Chloé Rochette.

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