Carnet voyage
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Mais Angkor ?
Et me voici au Cambodge, à Siem Réap, dernière escale de ma croisière avec CroisiEurope et porte d’entrée de la destination touristique numéro un au pays : Angkor. Classé à l’UNESCO, ce territoire de l’empire khmer du IXe au XVe siècle est aujourd’hui un parc archéologique majeur de l’Asie du Sud-Est.
Avant la pandémie, Angkor Wat, temple trésor d’un ensemble d’édifices disséminés sur 400 km2, attirait 9000 visiteurs par jour ; ces temps-ci, ils sont environ 2000, estime mon guide. Car si reprise touristique il y a globalement, elle se fait timide en ce coin du monde. La bonne nouvelle, c’est qu’on ne se bouscule plus devant Bouddha ! La mauvaise, c’est que l’économie locale, qui tourne presque entièrement autour du tourisme, en souffre.
Pour Jacques Varet, directeur général du plus récent hôtel de la bourgade FCC Angkor by Avani, « Siem Réap, c’est l’équivalent d’un village au Canada ! On en sort et c’est tout de suite la campagne, magnifique, avec la forêt, les buffles d’eau et les rizières. » Mais c’est aussi une destination qui présente certains défis. « Comparativement à ses voisins, le Cambodge n’a pas un bon rapport qualité-prix, note-t-il. Le coût de la vie y est grosso modo 30 % plus haut qu’en Thaïlande et 15 % plus élevé qu’au Vietnam. » Mais le directeur général a confiance en l’avenir. Après tout, Siem Réap a mis en activité en octobre dernier un aéroport pensé pour accueillir sept millions de voyageurs annuellement, soit deux millions de plus qu’en l’année record de 2018 !
En attendant, l’hôtel-boutique historique, situé à côté de la résidence royale et inspiré de sa propriété soeur, le FCC (pour Foreign Correspondents’Club) Phnom Penh, a tout pour séduire. Il compte 80 chambres réparties en deux groupes de bâtiments de style moderniste tropical. La pièce de résistance ? The Mansion, demeure du gouverneur français au temps du protectorat et aujourd’hui restaurant. De cette propriété, j’aime les éléments évoquant le club, soit la collection de machines à écrire d’époque, les cocktails en hommage à des auteurs (dont le poète cambodgien U Sam Oeur) du bar Scribe et jusqu’à la mascotte, Hanuman, dieu-singe hindou qui a troqué son attribut habituel, la massue, pour un crayon et un calepin. Que la force soit avec moi ! fcccollection.com
Tel le lotus, au-dessus de la boue, je m’élèverai
Ainsi donc, on s’installe à Siem Réap « pour admirer les temples, mais après deux jours, on n’en peut plus ! » est d’avis M. Varet. Il y a quantité d’autres expériences à vivre dans les parages : virée dans les marchés, chez les artisans, à la campagne en vespa, au lac Tonlé Sap (idéalement lorsqu’il est gonflé à bloc par la pluie, entre juin et août) pour découvrir ses villages flottants, sans oublier la ferme de lotus.
Fondée en 2003 par Awen Delaval, un expatrié breton, celle-ci emploie quelque 175 personnes, dit-il, et fonctionne en parfaite économie circulaire. En effet, ses ouvriers, qu’on voit à l’oeuvre, mettent à profit toutes les parties de la plante dans la production de textiles, de papier, de paillis et même d’un cuir végétal. Cela servira peut-être un jour de revêtement à des… tableaux de bord, le sympathique entrepreneur étant en pourparlers avec un constructeur automobile !
J’ai particulièrement aimé la promenade en bateau sur l’étang où sont cueillies ces fleurs sacrées du bouddhisme. « Post-pandémie, et ça, c’est complètement nouveau, des routards n’hésitent pas à débourser 35 $US pour la visite, la balade et un atelier chez moi, alors qu’ils dorment dans une auberge à 10 $US la nuitée ! Et pourquoi ? Parce qu’ils ont le sentiment de participer à quelque chose de vrai », me confie M. Delaval. J’appelle ça, donner du sens à ses vacances…
Au Mansion, le restaurant du FCC Angkor, le lotus me ravit à nouveau au fil d’un menu inédit qui se veut un complément à cette tournée. De l’entrée au dessert, en six services, le chef exécutif Samret Thai utilise les pétales, les graines et, surtout, les rhizomes de la plante, qu’il apprête de diverses façons : ici dans un sandwich qu’il farcit de fruits de mer, là dans une soupe aigre-douce, ou encore dans un tempura de porc. Ainsi, après le vrai, vive le vraiment bon !