Une plateforme pour trouver des traitements en neurologie
L’Institut et hôpital neurologique de Montréal, appelé le Neuro et affilié à l’Université McGill, est devenu, depuis sa création en 1934, le plus grand établissement de recherche et de soins cliniques spécialisé en neuroscience au Canada. Il travaille depuis une dizaine d’années avec une plateforme de découverte de médicaments en phase précoce qui a permis de nombreux partenariats avec des entreprises pharmaceutiques d’envergure et des entreprises de biotechnologies comme eNUVIO Inc., basée à Montréal. Grâce à un travail collaboratif, ils espèrent trouver des traitements pour soigner des troubles neurologiques ou des maladies neurodégénératives comme le Parkinson.
Les troubles neurologiques peuvent toucher n’importe qui et à n’importe quel âge. Ils pèsent lourd sur un individu et sa famille. Il en va de même pour des troubles du mouvement, comme la maladie de Parkinson. Mais pour comprendre ces maladies, c’est tout un défi, car le cerveau est un organe complexe du corps humain, rappelle Thomas Durcan, directeur de la Plateforme de découverte de médicaments en phase précoce, qui a vu le jour en 2015. Son objectif est d’accélérer le travail de recherche et de trouver des thérapies. La communauté scientifique a ainsi accès à l’ensemble des données, grâce à cette plateforme.
Celle-ci permet de récolter des cellules souches à partir de la peau ou d’une prise de sang d’individu. Grâce à celles-ci, M. Durcan développe des tests de découverte et des modèles de mini-cerveaux 3D pour les troubles neurodégénératifs et neurodéveloppementaux. Il dirige une équipe de plus de 35 chercheurs et étudiants qui se penchent sur les causes sous-jacentes des troubles neurologiques complexes. « La stratégie à long terme vise à identifier de nouvelles thérapies pouvant entrer à l’étape d’essais cliniques », explique-t-il. Le chercheur se concentre sur la maladie de Parkinson ainsi que la mise au point de médicaments pour la sclérose latérale amyotrophique. « On en apprend davantage sur la maladie de Parkinson, notamment quelles cellules sont touchées, mais on ne sait pas encore tout. On essaie de comprendre avec les cellules quelles sont les premières étapes de la maladie, afin de mieux comprendre pourquoi cela se produit », souligne-t-il.
De nouvelles approches et moins d’enjeux éthiques
La plateforme utilise de nouvelles approches, à la fine pointe de la technologie. C’est là qu’entre en jeu Élise Faure, cofondatrice de la start-up de biotechnologie eNUVIO Inc. installée à Montréal. Celle-ci manufacture de nouveaux dispositifs de cultures cellulaires pour la recherche neurologique. « On fournit l’outil physique de laboratoire pour faire pousser les neurones, que ce soit en 2D ou en 3D », précise Mme Faure. L’entreprise a aussi créé une plateforme où faire pousser en trois dimensions des minicerveaux « avec des microfluidiques et qui sont compatibles avec la robotique standard de l’industrie pharmaceutique », ajoute-t-elle.
Élise Faure rappelle que si les modèles neurologiques reposent encore largement sur les modèles animaux, l’objectif est de trouver un autre moyen, notamment grâce à des modèles in vitro. « De cette façon, beaucoup d’enjeux éthiques sont enlevés, parce qu’on utilise des cellules souches de patients récupérés avec une simple prise de sang », souligne-t-elle. Ces nouvelles techniques permettent également de procéder à un dépistage en phase très précoce du médicament sur une cellule humaine. « Pour accélérer le développement de médicament, c’est très puissant », assure-t-elle.
Une plateforme en expansion
Au départ, la plateforme a commencé par une seule lignée cellulaire. Elle compte désormais près de 150 lignées cellulaires de différentes personnes qui peuvent être utilisées pour créer des cellules cérébrales. La plateforme a, de cette façon, conçu une banque de patients. « Nous pouvons donc poser beaucoup de questions différentes aux cellules », explique M. Durcan. Le protocole mis en place permet un approvisionnement régulier en cellules provenant de différents types de patients, notamment de certains ayant subi des interventions cérébrales.
Certaines entreprises peuvent notamment contacter Thomas Durcan pour essayer de nouvelles technologies grâce à cette plateforme de découverte de médicaments en phase précoce. « Le véritable objectif est de rendre toutes les données disponibles pour essayer de réduire le temps de recherche au maximum », affirme-t-il. Cette plateforme constitue aussi, pour le chercheur, une occasion de partager et de communiquer les résultats de la recherche. « Cela permet de détailler les matériaux et les méthodes utilisés », explique-t-il. Car avec cette plateforme, le chercheur espère aussi rendre la science plus ouverte et plus accessible au grand public.
« On en apprend davantage sur la maladie de Parkinson, notamment quelles cellules sont touchées, mais on ne sait pas encore tout »