Comment squatter un parti politique en quelques leçons simples
Nous parlons beaucoup de crise du logement depuis quelque temps. Mais assez peu des politiciens qui se cherchent un toit. L’un d’eux nous fait une belle démonstration de squattage politique depuis quelques semaines. Voilà qui peut également contribuer à régler une autre crise du logement…
Voici comment ça fonctionne. Vous voyez un parti politique qui se cherche et dont personne ne semble vouloir prendre la tête, sauf un illustre inconnu. Pourtant, ce parti a une assez belle dot, soit une vingtaine de circonscriptions qui penchent inexorablement de son bord élection après élection. Et puis, il est abonné au pouvoir depuis au moins 150 ans avec quelques intervalles plus difficiles. S’y loger, c’est presque comme squatter un immeuble neuf qui vient d’être abandonné.
L’occasion fait le larron et, pour Denis Coderre, itinérant politique depuis son éviction de la mairie de Montréal, le Parti libéral du Québec (PLQ) représente, comment dire, un beau parti… Il y entre donc et fait comme chez lui. Il place d’abord son fauteuil le plus confortable, celui de Capitaine Canada, puis accroche ses posters favoris, celui de Jean Chrétien (un type qui pourtant n’a jamais vraiment habité le quartier…) avec quelques slogans de la dernière campagne référendaire. En deux temps, trois mouvements, les lieux lui appartiennent. Déjà à l’Assemblée nationale, son occupation des lieux est reconnue. Paul St-Pierre Plamondon en parlait hier comme du chef probable du PLQ.
Ironiquement, nous avons déjà vu une leçon remarquable de squattage politique au cours des dernières années. Un certain rouquin sans famille, sans assise et même sans idées véritables, bref un pur orphelin politique a réussi à squatter un véritable palais à lui seul chez nos voisins du Sud. Cela se passait il y a près de dix ans, et il occupe encore l’immense propriété qu’il a depuis longtemps complètement réaménagée. En fait, personne ne reconnaît plus l’ancien palais, et les vrais propriétaires n’osent même plus s’y aventurer. C’est dire comment le squattage peut s’avérer une façon de se loger politiquement à peu de frais.
M’est avis que, dans le cas de notre cher Denis Coderre, qu’on doit déjà appeler « Denis la menace » au PLQ, le scénario sera différent. J’ai comme l’impression que les vrais propriétaires, encouragés par les « éminences grises », s’apprêtent à faire le ménage de l’édifice. Tout ça pour dire que tout le monde s’excite peut-être un peu trop vite à propos de ce politicien itinérant. Le squatteur deviendrat-il propriétaire ou même locataire pour un temps de ce beau grand logement vide ? Laissezmoi en douter…
Marc Tremblay
Lanaudière, le 16 février 2024