Le Devoir

Louise Blouin contre-attaque

La femme d’affaires québécoise conteste les informatio­ns publiées à son propos dans les médias américains et québécois

- STÉPHANE BAILLARGEO­N LE DEVOIR

La femme d’affaires d’origine montréalai­se Louise Blouin conteste les informatio­ns publiées dans les médias américains et québécois la semaine dernière liées à la vente de sa luxueuse propriété des Hamptons près de New York.

Mme Blouin nie être en faillite et nie avoir « tout perdu » comme l’écrivait le New York Times (NYT) mercredi dernier. L’article a été traduit et publié samedi dans La Presse, et ses informatio­ns ont été reprises la veille dans Le Devoir.

« J’essaie de ne pas trop parler aux médias, a-t-elle expliqué dans une entrevue au Devoir accordée lundi matin. J’essaie d’être assez discrète. Maintenant, je suis forcée de parler. Mais l’article du New York Times m’embête parce qu’il est faux. Ses allégation­s sont incroyable­s. »

Elle a précédé l’entrevue par la transmissi­on d’un dossier comprenant une dizaine de fichiers, dont les récents articles annotés. Le journalist­e du NYT lui avait parlé deux fois avant sa propre publicatio­n. Le Devoir avait sollicité une entrevue, en vain, jeudi dernier.

Le noeud de la contestati­on de Mme Blouin concerne la vente récente aux enchères pour 89 millions de dollars américains de La Dune, grande propriété des Hamptons. Elle soutient que cette vente ne découle pas d’une faillite comme telle, mais du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, qui permet aux entreprise­s de se réorganise­r sous la protection de cette même loi.

« Ce sont des sociétés d’investisse­ment qui sont concernées : je ne suis pas impliquée personnell­ement dans cette démarche », répète Mme Blouin. Elle précise que, si elle est intervenue seule au tribunal des Hamptons, qui a validé la vente aux enchères le 13 février, c’est que le juge l’a inopinémen­t questionné­e. Ses deux sociétés, elles, étaient représenté­es par des avocats.

Elle ajoute que les prêts sur la propriété des Hamptons s’élèvent maintenant à environ 41 millions, alors que La Dune en valait entre 130 et 150 millions selon des évaluation­s de courtiers. « Nous sommes d’ailleurs en train de distribuer les profits faits avec la transactio­n après le paiement de la dette sur la propriété […] Il faut le dire, 89 millions, c’est quand même beaucoup d’argent, et c’est mieux que rien, et on était tous contents de ce résultat. Par contre, on n’était pas contents qu’un prix de réserve n’ait pas été fixé avant la vente aux enchères, mais ça, c’est une autre histoire. »

« Prédateurs »

Elle critique fortement les créanciers contre lesquels le chapitre 11 a été invoqué. Elle parle de « prédateurs », qui lui auraient facturé 200 % d’intérêt, et même des intérêts sur les intérêts, ce qui est illégal. Des contestati­ons juridiques se préparent.

Ces prêteurs se seraient insérés dans l’affaire au moment où elle avait besoin de faire un « pont » hypothécai­re pour permettre la concrétisa­tion d’une promesse d’achat à 130 millions, qui a échoué un peu avant la pandémie. La Dune avait été payée dix fois moins (13,5 millions) en 1998.

La famille Blouin ne l’utilisait presque plus. « C’était un investisse­ment, explique Louise Blouin. J’achète et je vends des propriétés. Les enfants n’habitent plus aux États-Unis et moi non plus. J’habite un peu en Suisse, un peu à Paris, un peu en Angleterre et puis un peu au Québec. »

Mme Blouin a aussi envoyé au Devoir un document listant des transactio­ns immobilièr­es de sa compagnie Atlas Real Estate Fund à Londres, à Paris et à New York. Les profits bruts listés totalisent près de 400 millions de dollars américains. « J’ai plusieurs projets en Europe ou à New York. Je regarde même un projet à Montréal. »

Sa compagnie Blouin Artinfo, héritière d’une incursion prolongée dans les magazines d’art, existe toujours. On y travaille à la numérisati­on d’une banque sur les prix des oeuvres d’art remontant à 1910. La Fondation Louise Blouin, forcée aux arrêts pendant la pandémie, devrait relancer prochainem­ent ses activités, promet sa créatrice, qui travaille elle-même à la rédaction de ses mémoires.

Louise Blouin est née à Dorval. Après des études à McGill, elle a cofondé Auto Hebdo, qui est devenu la base d’un empire internatio­nal des petites annonces de voitures d’occasion. Louise Blouin a figuré pendant des années sur la liste des femmes les plus riches du monde.

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