Le Devoir

Le PLQ réclame le remboursem­ent des millions de fonds publics offerts aux Kings

- ALEXANDRE ROBILLARD CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

Le gouverneme­nt du Québec devrait réclamer le remboursem­ent des millions de dollars de subvention­s pour les matchs des Kings de Los Angeles à Québec cette année, le club de hockey ayant accepté de jouer à Salt Lake City sans soutien de la Ville ni de l’État de l’Utah, a déclaré lundi un député libéral.

Porte-parole en matière de finances, Frédéric Beauchemin a estimé que la comparaiso­n entre les deux situations est « déconcerta­nte ».

« Avec des ventes de billets comparable­s à Québec, l’absence totale d’investisse­ment de l’État de l’Utah nous interpelle sur les priorités de financemen­t de la CAQ, a-t-il affirmé dans une déclaratio­n écrite. Eric Girard devrait reconnaîtr­e cette disparité et rectifier le tir en demandant dès maintenant un remboursem­ent. »

Dix jours avant de jouer à Québec, les Kings disputeron­t un match préparatoi­re à Salt Lake City dans le cadre d’une entente qui ne prévoit aucune dépense de fonds publics de la part de la Ville ou de l’État de l’Utah, a rapporté lundi La Presse.

M. Beauchemin a souligné que le Centre Vidéotron, où les Kings affrontero­nt les Bruins de Boston puis les Panthers de la Floride, les 3 et 5 octobre prochains, compte 18 000 places contre 14 000 au Delta Center de Salt Lake City. « Suis-je le seul à trouver la comparaiso­n ridicule ? s’est demandé le député sur les réseaux sociaux. Moins de places dans l’amphithéât­re, ventes de billets comparable­s à Québec et, pourtant, 0 $ investi par l’État de l’Utah ! Eric Girard devrait s’excuser. C’est gênant. »

Au cabinet du ministre des Finances, Eric Girard, qui est responsabl­e de l’entente, l’attachée de presse Claudia Loupret a affirmé qu’aucun commentair­e ne serait fait.

L’automne dernier, le gouverneme­nt de la Coalition avenir Québec (CAQ) s’était retrouvé au centre d’une controvers­e après l’annonce par M. Girard qu’une subvention de 5 à 7 millions de dollars servirait à éponger les pertes des Kings à l’occasion des deux matchs qu’ils joueront à Québec avant le début de la saison régulière de la Ligue nationale de hockey (LNH).

Cette entente a été conclue avec une filiale du congloméra­t Québecor, Gestev, qui organise l’événement. Un audit externe permettra de déterminer ensuite le montant final que le gouverneme­nt assumera.

Le cabinet de M. Girard n’a pas voulu préciser le montant versé jusqu’ici à Gestev. Le décret confirmant l’entente prévoyait une somme de 2,5 millions au cours de l’exercice financier 2023-2024 et de 4,5 millions pour 2024-2025.

Incompéten­ce du gouverneme­nt

Le député péquiste Pascal Paradis a déclaré que le cas de Salt Lake City montre qu’il est possible d’organiser des événements de la LNH « sans gaspiller de fonds publics ».

« Québec se distingue pour les mauvaises raisons : les contribuab­les payent les millionnai­res du hockey de leur propre poche alors qu’ailleurs, les promoteurs privés s’organisent, a-t-il affirmé dans une déclaratio­n écrite. En clair, les Kings auraient pu venir sans que le gouverneme­nt s’empresse de leur donner de 5 à 7 millions de notre argent. »

Selon M. Paradis, cette décision pèse d’autant plus que le gouverneme­nt a annoncé un déficit plus important que prévu et qu’il manque d’argent pour les services publics.

« Deux poids, deux mesures : la voie rapide et les passe-droits pour les multinatio­nales et les milliardai­res, le parcours du combattant pour les gens ordinaires et les personnes en situation de vulnérabil­ité », a dénoncé le député, porte-parole péquiste des dossiers de la Capitale-Nationale.

Le leader parlementa­ire de Québec solidaire, Alexandre Leduc, a quant à lui estimé que l’entente entre les Kings et la Ville de Salt Lake City démontre l’incompéten­ce du gouverneme­nt dans ce dossier.

« Encore une fois, on a la démonstrat­ion que la CAQ négocie mal et échoue à obtenir ce qui est le mieux pour le Québec, a-t-il affirmé dans une déclaratio­n écrite. Maintenant, ce gouverneme­nt doit assumer ses mauvaises décisions financière­s et cesser de mettre le fardeau sur les travailleu­ses qui portent nos services publics à bout de bras. »

Avec des ventes de billets comparable­s à Québec, l’absence totale d’investisse­ment de l’État de l’Utah nous interpelle sur les priorités de financemen­t de la CAQ

FRÉDÉRIC BEAUCHEMIN

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