Le Devoir

Les citoyens sondés sur le troisième lien Québec-Lévis

Le gouverneme­nt Legault a finalement mis en ligne mardi la consultati­on sur la mobilité qu’il avait annoncée l’automne dernier

- FRANÇOIS CARABIN CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC Avec Alexandre Robillard

Cinq mois après avoir ressuscité l’idée d’un troisième lien entre Québec et Lévis, le gouverneme­nt de François Legault a finalement mis en ligne sa consultati­on sur la mobilité dans la région. Il y sonde la population entre autres sur la constructi­on d’un « lien additionne­l exclusivem­ent pour le transport routier ».

La consultati­on, qui se déroulera sur moins d’un mois, jusqu’au 22 mars, « vise à obtenir une vue d’ensemble des besoins et des préoccupat­ions de la population en matière de mobilité » dans les régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches. S’ensuivra un sondage de la firme SOM à la mi-avril.

« Il y a de toute évidence des enjeux de mobilité entre Québec et Lévis, et plus généraleme­nt entre les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches », a souligné le député de Lévis et ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, dans un communiqué mardi. « Cette consultati­on citoyenne va permettre à la population de s’exprimer, et nous aidera à en apprendre plus sur ce qui préoccupe les gens dans leur quotidien. »

Elle contient plusieurs questions sur les habitudes quotidienn­es de mobilité des habitants du secteur. Elle évoque notamment « la constructi­on de nouveaux axes routiers », mais aussi la réalisatio­n d’un troisième lien réservé au transport en commun.

Même s’il s’adresse principale­ment aux gens de la grande région de Québec, le document peut être rempli par des habitants de toute la province… jusqu’à plusieurs reprises. Aucun mécanisme n’a en effet été mis en place pour empêcher qu’un utilisateu­r y réponde plus d’une fois dans des onglets différents.

« Il était primordial que la consultati­on soit facile d’accès et simple à remplir. La création d’un compte, avec des infos personnell­es, tel un courriel, peut être un frein et prendre plus de temps. On voulait éviter de complexifi­er l’accès », a expliqué mardi le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, dans un message texte. Le sondage de SOM « permettra de confirmer ou d’infirmer les tendances », a-t-il ajouté.

Des doutes sur le processus

Interrogé sur le sondage, mardi, le maire de Québec, Bruno Marchand, a émis des doutes sur la validité du processus. « Je ne suis pas capable de dire où ça s’inscrit, cette consultati­on-là, dans le processus actuel. […] Je ne suis pas capable non plus de dire en quoi on va chercher là des éléments de vision d’avenir, a-t-il lancé. C’est sûr que d’avoir un sondage où on inscrit les trois premi[ers caractères] de son code postal et qu’on peut refaire à répétition… »

Selon les vérificati­ons du Devoir, il est possible de répondre au sondage en inscrivant un code postal qui n’est pas du tout lié à la région administra­tive sélectionn­ée au début du questionna­ire.

La Caisse de dépôt et placement du Québec étudie déjà les besoins de mobilité dans la région de Québec. Elle entend proposer d’ici juin un projet de transport collectif et analysera aussi la nécessité d’un troisième lien. Ce mandat lui a été confié après le rejet par le gouverneme­nt du projet de tramway de la Ville de Québec.

Depuis Québec, mardi, le ministre responsabl­e de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien, a assuré que la consultati­on permettrai­t de « nourrir la réflexion » de CDPQ Infra. « C’est sûr qu’on va gagner à consulter les gens », a-t-il dit. Sur le réseau social X, le député libéral Monsef Derraji a plutôt parlé d’une « façade » et d’une « illusion ».

« La grande consultati­on promise par [François Legault] au lendemain de sa défaite dans Jean-Talon se résume finalement à une consultati­on en ligne, loin de répondre aux attentes de transparen­ce et d’engagement », a écrit le porte-parole en transports du Parti libéral du Québec.

Après avoir abandonné au printemps 2023 l’idée de construire un troisième lien autoroutie­r interrives, le gouverneme­nt de la Coalition avenir Québec (CAQ) a changé son fusil d’épaule au début du mois d’octobre. Depuis, il n’exclut plus qu’un pont ou qu’un tunnel principale­ment destiné aux voitures voie le jour.

« Il n’est pas question de perdre Québec définitive­ment », avait clamé le premier ministre François Legault l’an dernier après que son parti eut mordu la poussière à l’élection partielle dans Jean-Talon.

Dans une déclaratio­n, mardi, le député solidaire Etienne Grandmont a de nouveau condamné la décision du gouverneme­nt. « Le troisième lien est mort et enterré et c’est la CAQ qui tient la pelle. Ce n’est pas une consultati­on qui arrive 10 ans en retard qui va changer ça », a-t-il dit.

« C’est bien de consulter la population, mais on se demande d’où sort cette consultati­on-ci à ce moment-ci et à quoi elle va servir, alors que le gouverneme­nt a envoyé à CDPQ Infra le mandat de la mobilité et des transports dans la région », a renchéri l’élu péquiste Pascal Paradis.

Je ne suis pas capable de dire où ça s’inscrit, cette consultati­onlà, dans le processus actuel. […] Je ne suis pas capable non plus de dire en quoi on va chercher là des éléments »

de vision d’avenir. BRUNO MARCHAND

Newspapers in French

Newspapers from Canada