Le Devoir

COMPLÈTEME­NT DÉBRANCHÉ – RAFAEL NADAL ET EUGENIE BOUCHARD À LAS VEGAS… ET SUR NETFLIX

- ALAIN McKENNA

Demain, dimanche 3 mars, il y aura du tennis en direct sur Netflix. Les têtes d’affiche de ce qui se nomme officielle­ment le Netflix Slam sont l’ancien champion Rafael Nadal et le numéro 2 mondial Carlos Alcaraz. Mais bien malin qui peut deviner les intentions de Netflix une fois cet événement terminé…

Le Netflix Slam sera diffusé en direct partout où Netflix peut être regardé et les parties seront commentées en anglais et en espagnol seulement. Les échanges auront lieu dans l’aréna Michelob Ultra du Mandalay Bay, un hôtel-casino situé au bout du boulevard Las Vegas dans la ville du même nom.

D’autres duels que celui opposant Nadal et Alcaraz, qui est prévu à 15 h 30, devraient précéder ce programme. La joueuse montréalai­se Eugenie Bouchard devrait normalemen­t disputer un match en double plus tôt dans la journée.

Sur Netflix, les commentate­urs aussi ont des noms à faire rêver les amateurs de tennis : Andre Agassi, Andy Roddick, Jim Courier et Mary Joe Fernandez analyseron­t chacun des échanges durant la partie.

Les billets pour assister en personne à cette confrontat­ion purement amicale — on n’annonce aucune bourse — coûtent 88 $US, soit 120 dollars canadiens. Sur Netflix, ça ne coûte rien de plus que le coût de l’abonnement normal à son service de diffusion en ligne de films et de séries télé… et désormais, d’événements sportifs hors compétitio­n.

Le Netflix Slam est la seconde tentative en six mois de Netflix de diffuser un événement sportif en direct. En novembre dernier, la plateforme a présenté la Netflix Cup, un tournoi de golf qui mettait aux prises des golfeurs profession­nels et des pilotes de Formule 1 qu’on a pu voir dans les séries Full Swing et Formula 1: Drive to Survive, elles-mêmes déjà très populaires et également présentées sur Netflix.

Ce n’est probableme­nt pas un hasard, mais ce tournoi de golf pour le moins inusité a lui aussi eu lieu à Las Vegas, sur les verts du club de golf Wynn, situé tout juste derrière l’hôtel du même nom, à moins de 5 kilomètres du Mandalay Bay.

Gérant d’estrade

Ce n’est pas un hasard non plus si Netflix ne plonge pas pleinement et carrément dans la diffusion de sport en direct de la même façon que l’ont fait ses rivaux Amazon, Apple et Warner Bros. avec le baseball, le football et le soccer, par exemple. Le géant de la diffusion en ligne semble plus s’intéresser à des événements sportifs ou spéciaux qu’à un calendrier de diffusion trop strict composé de plusieurs dizaines de diffusions chaque semaine.

Ça explique sa préférence pour de courtes séries documentai­res associées au sport profession­nel, comme le basketball de la NBA, le football de la NFL ou même le cyclisme du Tour de France.

C’est un peu aussi ce que nous réserve Netflix pour 2025, quand la série de galas de lutte Raw de la WWE atterrira sur sa plateforme. Dans le cadre de son entente avec la WWE, Netflix possède aussi les droits de diffusion des événements spéciaux organisés par la WWE, comme les galas WrestleMan­ia, Royal Rumble et SummerSlam.

Netflix diffusera aussi deux nouvelles saisons de sa série sur la Formule 1, et les rumeurs continuent de circuler à propos de son intention d’acquérir les droits sur la diffusion en direct des courses de F1. Là encore, ce sont des événements hebdomadai­res uniques, à l’opposé d’une semaine d’activités typique d’une ligue de sport profession­nel comme le soccer ou le baseball.

« Nous pensons sincèremen­t que nous pouvons proposer quelque chose de très intéressan­t aux amateurs de sport sur Netflix sans avoir à nous engager dans la situation économique très complexe des droits de diffusion », affirmait à la fin de l’été dernier le coprésiden­t de Netflix Ted Sarandos.

M. Sarandos utilise par ailleurs une expression créée de toutes pièces pour définir le positionne­ment de Netflix en matière de diffusion de sport en direct. Il parle de « programmat­ion adjacente au sport » (sport-adjacent programmin­g).

Encore de la pub

Cette approche, qu’on pourrait qualifier de gérant d’estrade de la diffusion en direct, évite à Netflix d’allonger les milliards pour du sport dont on ne sait pas encore à quel point il pourrait attirer de nouveaux abonnés. Ou alors, Netflix pourrait créer un nouveau forfait plus coûteux, à une époque où l’on commence à constater une certaine fatigue des consommate­urs face à un nombre de services en ligne plus important que ce que leur portefeuil­le leur permet d’acheter.

Mais Netflix ne s’en va pas dans cette direction, au contraire. Les analystes faisaient remarquer dernièreme­nt que la stratégie de Netflix pourrait être publicitai­re.

D’abord, en créant des événements sportifs uniques, ça fait parler de Netflix ailleurs que sur Netflix (allô !). Ensuite, des événements sportifs en direct comme le tennis et la lutte profession­nelle permettent d’afficher de la publicité sur la plateforme Netflix elle-même, sans que ça agace trop les internaute­s spectateur­s.

Et ça, c’est un autre objectif de Netflix : « Notre objectif est de faire des revenus publicitai­res une source de revenus qui sera substantie­lle à partir de 2025 et qui ira en augmentant par la suite », a déclaré la direction de Netflix à la fin janvier.

Et voilà pourquoi vous verrez Rafael Nadal et Eugenie Bouchard sur la Strip à Las Vegas.

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ASSOCIATED PRESS BERNAT ARMANGUE

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