JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES
Féminisme et syndicalisme : l’ADN de la FIQ
Depuis la création de notre fédération en 1987, nous n’avons cessé de défendre les droits de nos membres, l’avancée de leurs conditions de travail et, de manière plus large, de contribuer à la défense des droits de toutes les femmes québécoises. Nos grèves historiques, comme celles de 1989, 1999, et maintenant de 2023 nous ont permis de prendre notre place sur l’échiquier syndical et faire en sorte que nous sommes devenues une figure de proue à la fois du mouvement féministe et syndicaliste.
En ce moment, nous représentons 80 000 professionnelles en soins, dont près de 90% sont des femmes, et plus que jamais nous pouvons affirmer que la défense de ces deux mouvements constitue notre raison d’être. En tant qu’une des plus grandes organisations syndicales au Québec, la FIQ exerce avec fierté un leadership féministe.
L’automne dernier, un mouvement social a littéralement pris forme sous nos yeux lorsqu’environ 575 000 personnes, dont plus de 400 000 femmes – travailleuses sociales, préposées aux bénéficiaires, enseignantes, agentes administratives, professionnelles en soins, etc. – ont fait la grève aux quatre coins du Québec. Dans les derniers mois, nous avons démontré qu’ensemble, nous sommes plus fortes et que notre mobilisation, animée par un sentiment de colère face à la dévalorisation du travail des femmes, est un moyen efficace de faire valoir nos droits. De plus, nos revendications dépassent largement la défense des conditions de travail de nos membres. Notre fédération se mobilise pour un réseau de la santé et des services sociaux public fort, où toutes et tous peuvent, peu importe leurs conditions socio-économiques, bénéficier de soins de qualité. Notre slogan dans le cadre de la négociation actuelle l’exprime très bien: «Nos conditions de travail sont vos conditions de soins ».
Toutefois, l’intersection entre le syndicalisme au Québec et les luttes féministes nous précède de bien des années. Par exemple, Léa Roback et Yvette Charpentier, grandes leaders féministes et syndicalistes, ont organisé, en 1937, l’une des premières et des plus significatives grèves pour l’amélioration des conditions de travail des femmes au Canada: la «grève des ouvrières de la robe». Ces deux pionnières ont effectivement pavé la voie pour nous à la FIQ, et pour toutes les femmes du Québec. Elles ont démontré que le syndicalisme et le féminisme se sont tour à tour influencés à travers les années au Québec.
D’ailleurs, depuis cette époque, nous avons vu plusieurs autres grandes avancées sociales être menées de front par les syndicats et les groupes féministes et communautaires. En compagnie des groupes de la société féministe, les organisations syndicales ont notamment joué un rôle clé dans l’adoption de la Loi sur l’équité salariale. Cette bataille, inachevée d’ailleurs, contre la discrimination vécue par les femmes sur le marché du travail, a autant aidé les membres des syndicats que l’ensemble des femmes non syndiquées. La FIQ a participé à plusieurs de ces batailles historiques et continue de se mobiliser encore aujourd’hui pour l’amélioration des conditions de vie de toutes les femmes.
De plus, comme nous sommes une organisation syndicale au féminisme résolument intersectionnel, il va de soi que nous soyons solidaires de tous les groupes vivant des injustices. Notre fédération a indubitablement à coeur l’avancement de plusieurs causes sociales qui ont des impacts sur les femmes, comme la lutte contre le racisme systémique, la pauvreté, le colonialisme, les changements climatiques, toutes les formes de violences, l’homophobie et la transphobie, l’âgisme, et le capacitisme. Nous sommes préoccupées par le démantèlement de notre filet social.
Dans le contexte social actuel, où l’extrême droite prend de plus en plus de place dans le discours populaire et où les droits des femmes sont menacés, la FIQ est déterminée à demeurer une figure de proue du leadership féministe pendant très longtemps. C’est ensemble, avec l’appui de la population, que nous pourrons poursuivre nos avancées féministes.