Le Devoir

La vision rassembleu­se de la vice-rectrice associée à la relance du Quartier latin

Nommée par le conseil d’administra­tion de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Priscilla Ananian souhaite allier recherche et pratique pour relancer le Quartier latin en privilégia­nt une approche partenaria­le entre l’Université, les usagers et les di

- ROXANNE BÉLAIR COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Directrice de programme des cycles supérieurs en études urbaines à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM au moment de sa nomination, le 14 décembre 2023, et directrice de l’Observatoi­re des milieux de vie urbains, Priscilla Ananian affirme d’emblée que son nouveau mandat signifie un changement de vie significat­if. « Je ne suis plus simplement observatri­ce, je deviens actrice de changement. C’est une autre posture ! »

En effet, son expérience et ses recherches auront, dans ce nouveau contexte, des répercussi­ons palpables. « Être sur le terrain et mettre sur pied des projets concrets, c’est motivant pour moi », ajoute la professeur­e titulaire au Départemen­t d’études urbaines et touristiqu­es.

La vice-rectrice ne cache pas l’espoir que cette nomination lui permette de réaliser certains projets, pour l’heure au stade de recherche. Et des projets, pour le Quartier latin, elle en a plusieurs. Verdisseme­nt et plantation d’arbres en pot, piétonnisa­tion de certains espaces et ouverture de cliniques d’aide psychosoci­ale, par exemple. Elle souhaite aussi que la halte-chaleur à l’UQAM demeure ouverte aux personnes en situation de vulnérabil­ité. À l’état de consultati­on, le projet Métamorpho­se veut pour sa part transforme­r la bibliothèq­ue centrale de l’UQAM et « évalue la possibilit­é d’en faire un lieu encore plus intégré dans son environnem­ent de proximité », souligne Mme Ananian.

Une influence féminine nécessaire

Première vice-rectrice à la relance d’un quartier au Québec, Priscilla Ananian occupe des fonctions inédites. Si les université­s ont toujours joué un rôle dans le développem­ent de leur quartier, c’est la première fois que l’une d’elles nomme une personne pour occuper un tel poste, une femme, qui plus est. « Ce n’est pas anodin. J’endosse ce rôle, consciente de l’impact qu’il peut avoir sur les femmes », mentionne Mme Ananian. Née en Belgique et ayant grandi au Brésil, la vice-rectrice a notamment travaillé à la relance de Bauru, une ville dans l’État de São Paulo, au Brésil. À 24 ans, elle occupait son premier emploi dans un domaine d’hommes, au sein d’un milieu plutôt machiste. « J’ai travaillé fort et je souhaite illustrer que les femmes ont leur place, mais qu’elles doivent continuer à démontrer leur crédibilit­é et leur légitimité », explique-t-elle.

Le fait d’être une femme la rend aussi plus sensible à la sécurité des femmes dans le Quartier latin. Comment, comme femme, s’interroge la vice-rectrice, « peut-on se positionne­r dans l’espace public en étant en sécurité dans un espace convivial ? » Qu’il s’agisse d’améliorer la sécurité des stationnem­ents de l’UQAM, d’augmenter la luminosité dans certains secteurs, de repenser la localisati­on des postes de contrôles, il est question, au fond, selon elle, de penser les aménagemen­ts dans une perspectiv­e genrée.

Rallier les acteurs du milieu

Priscilla Ananian aborde son mandat de cinq ans bien au fait des problèmes que rencontre le Quartier latin. « Déjà, il faut le dire, le quartier n’est pas mort. Je préfère donc le terme “relance” à celui de “revitalisa­tion”. » En redonnant aux étudiants l’envie d’être sur place, par exemple, alors que depuis quelques années, beaucoup ne viennent que pour leurs cours sans profiter du milieu, « le Quartier latin retrouvera sa vitalité et les commerçant­s, leur clientèle », mentionnet-elle. Des enjeux structurel­s, comme celui des chantiers de constructi­on, doivent aussi être abordés.

« Ce sont des entraves physiques nécessaire­s, mais qui nuisent à l’aspect esthétique du quartier et qui empêchent la tenue de certains événements qui vivifierai­ent le quartier ». Situé entre le Village et la Place des Arts, le Quartier latin doit également préciser son identité, pense la vice-rectrice. « Relancer ce quartier veut dire penser l’UQAM dans son environnem­ent et penser le Quartier latin dans son environnem­ent. »

Comme université et comme l’un des plus gros propriétai­res fonciers immobilier­s du Quartier latin, l’UQAM joue un rôle incontourn­able dans la relance du quartier. L’établissem­ent doit d’abord être un acteur immobilier responsabl­e, c’est-à-dire « faire évoluer son patrimoine immobilier en intégratio­n avec le développem­ent du quartier », explique Mme Ananian. De plus, le Service aux collectivi­tés de l’Université met au service de la communauté ses expertises. « Il identifie, par exemple, un professeur susceptibl­e de pouvoir aider un groupe communauta­ire habituelle­ment non desservi par les université­s ». L’UQAM est aussi un facilitate­ur entre les différents milieux du quartier qui, a priori, ne collaboren­t pas toujours.

La vice-rectrice perçoit d’ailleurs son mandat en ce sens. « Mon travail consiste à intervenir dans les sphères urbanistiq­ues, sociales, économique­s et environnem­entales, en favorisant le maillage entre commerçant­s, usagers, promoteurs et groupes communauta­ires qui n’ont pas l’habitude de coopérer pour atteindre un objectif commun », préciset-elle. Pour ce faire, Mme Ananian mise sur l’authentici­té. « C’est ce qui doit primer pour que les gens adhèrent à notre vision. L’authentici­té », conclut-elle.

« Je ne suis plus simplement observatri­ce, je deviens actrice de changement. C’est une autre posture ! »

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OLIVIER ZUIDA ARCHIVES LE DEVOIR ÉMILIE TOURNEVACH­E UQAM Selon la nouvelle vice-rectrice associée à la Relance du Quartier latin, Priscilla Ananian, relancer le quartier « veut dire penser l’UQAM dans son environnem­ent ».

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