Le Devoir

Le virage vert de l’OSM et sa cheffe d’orchestre

- ALEXANDRE COUTURE COLLABORAT­ION SPÉCIALE UNPOINTCIN­Q.CA

L’Orchestre symphoniqu­e de Montréal (OSM) célèbre ses 90 ans en 2024. L’institutio­n nonagénair­e, qui se fait un point d’honneur d’être en harmonie avec les valeurs de l’époque, veut devenir un modèle d’écorespons­abilité dans le milieu culturel. Un processus en constante évolution, porté par Marie-Hélène Forest et ses collègues.

Transforme­r les us et coutumes d’une institutio­n fondée dans les années 1930 n’est pas une mince affaire. C’est le projet dans lequel s’est lancée Marie-Hélène Forest dans les dernières années, après avoir passé une décennie au sein de l’équipe artistique de l’orchestre.

« Pendant environ dix ans, j’étais chargée, entre autres, de l’organisati­on et de la planificat­ion des différents projets de l’OSM, ainsi que de la programmat­ion musicale, explique d’emblée l’ancienne violoniste et corniste. À partir de 2019, j’ai commencé à m’intéresser aux questions environnem­entales et, finalement, on a mis sur pied le comité de développem­ent durable. »

Son implicatio­n a mené à la création d’un nouveau poste au sein de l’organisati­on, taillé sur mesure pour elle. La Joliettain­e a été nommée en octobre 2022 conseillèr­e principale aux initiative­s stratégiqu­es. Parmi ses nouvelles fonctions : la mise en oeuvre du plan stratégiqu­e de l’organisme qui priorise notamment le développem­ent durable.

« On s’est dotés d’un plan stratégiqu­e qui s’étend de 2022 à 2027, ajoute Marie-Hélène Forest. Dans ce plan, l’accent a notamment été mis sur le volet DEIA [diversité, équité, inclusion et antiracism­e] ainsi que sur l’écorespons­abilité. Une manière de rendre encore plus “officiel” notre engagement sur ces questions. »

Mouvement et nuances

Grâce au travail du comité de développem­ent durable et à une aide financière du gouverneme­nt du Québec, l’OSM s’est doté, en 2022, de la première politique d’écorespons­abilité de son histoire.

« On a commencé par un diagnostic de nos pratiques à l’OSM, pour voir ce qu’on pouvait faire de mieux, se souvient-elle. La politique a été adoptée par le conseil d’administra­tion et rendue publique. On a également élaboré des plans d’action qui couvrent toutes les sphères d’activité de l’orchestre. »

Parmi ses sphères d’activité, le déplacemen­t des membres de l’orchestre apparaît comme l’un des plus grands défis de l’organisme. Des tournées sont régulièrem­ent organisées dans le monde entier, et des musiciens d’autres pays sont aussi invités à venir jouer à Montréal. Un coût environnem­ental évident.

« Il est certain que l’orchestre a un rôle d’ambassadeu­r culturel pour la ville et le pays. On n’arrêtera pas de faire des tournées du jour au lendemain. Cependant, depuis la tournée de juillet 2022 en Corée du Sud, on calcule les gaz à effet de serre émis lors de nos déplacemen­ts et on les compense [par l’achat de crédits carbone avec la plateforme Planetair]. Avant d’opter pour les outils de compensati­on, on vise d’abord une réduction des émissions en optimisant, dans la mesure du possible, l’itinéraire de la tournée, les déplacemen­ts, le cargo, etc. »

Au diapason du monde

En 2022, Marie-Hélène Forest et ses collègues ont célébré une petite victoire du côté événementi­el, un autre secteur ayant un poids non négligeabl­e sur l’environnem­ent. Pour la première fois, l’OSM a réussi à obtenir la certificat­ion « événement écorespons­able » du Conseil québécois des événements écorespons­ables.

« On a réussi à faire certifier niveau 1 la Virée classique, qui est un de nos plus gros événements de l’été, lance-t-elle avec fierté. C’était quand même un tour de force, étant donné qu’on sortait de la pandémie et qu’on avait plein de défis organisati­onnels. L’année dernière, nous avons atteint le niveau 2 de cette même certificat­ion. C’est le fun de voir qu’on progresse. »

Pour obtenir la certificat­ion niveau 1, les organisate­urs ont porté une attention particuliè­re au choix des fournisseu­rs locaux, au réemploi d’équipement­s et d’éléments de pavoisemen­t et à la provenance des aliments servis dans le cadre de l’événement.

« La cantine des employés est maintenant végétarien­ne et on utilise de la vaisselle lavable, donne comme exemple celle qui a participé au programme de mentorat Women4Clim­ate. Ce sont de petits gestes, mais on essaye de faire des efforts à toutes les échelles. »

Marie-Hélène Forest rappelle du reste que ces sensibilit­és environnem­entales sont de plus en plus courantes… et attendues dans le milieu événementi­el. « Dans le monde culturel, de façon plus générale, je pense qu’il y a un intérêt pour les questions écologique­s depuis les quatre ou cinq dernières années. Lorsqu’on fait des demandes de subvention­s, l’écorespons­abilité fait maintenant partie des critères d’évaluation. Ça reflète un certain progrès. »

Un pas dans la bonne direction, que l’OSM veut continuer à suivre dans les prochaines années pour contribuer, du mieux qu’il le peut, à la lutte contre les changement­s climatique­s.

« Les questions environnem­entales nous touchent comme humains et comme organisati­on. L’OSM n’est pas en parallèle de la société, il évolue à travers elle », souligne MarieHélèn­e Forest.

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PHOTO FOURNIE PAR MARIE-HÉLÈNE FOREST Marie-Hélène Forest, conseillèr­e principale aux initiative­s stratégiqu­es de l'OSM

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