Le Devoir

Les négociatio­ns avec la FIQ s’intensifie­nt

Le syndicat soutient que la partie patronale propose désormais à ses membres des déplacemen­ts « volontaire­s » entre les hôpitaux et les installati­ons, plutôt qu’« obligatoir­es »

- MARIE-EVE COUSINEAU LE DEVOIR

Les négociatio­ns entre le gouverneme­nt québécois et la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec (FIQ) s’intensifie­nt, selon le syndicat. Ce dernier soutient que la partie patronale propose désormais à ses membres des déplacemen­ts « volontaire­s » entre les hôpitaux et les installati­ons, plutôt qu’« obligatoir­es », comme auparavant. D’après la FIQ, les mêmes offres que celles qui ont été acceptées par le Front commun sont sur la table concernant l’autogestio­n des horaires et la reconnaiss­ance de l’ancienneté de profession­nels ayant quitté le réseau public pour le privé.

La FIQ a négocié « toute » la semaine dernière avec le gouverneme­nt, selon Jérôme Rousseau, coresponsa­ble des négociatio­ns au syndicat. « Tous les jours, on a été à la table quand même de longues heures, précise celui qui y siège. On travaille très activement sur le dossier. Il y a une impatience de la part de nos membres à ce que la négociatio­n se règle. »

Les membres de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN) ont accepté, il y a une dizaine de jours, l’entente de principe conclue avec le gouverneme­nt. Les syndiqués qui se déplaceron­t volontaire­ment dans un hôpital autre que le leur auront droit à un montant forfaitair­e de 50 $ ou de 100 $ par jour, en plus d’un remboursem­ent selon leur kilométrag­e. Tous — préposés comme infirmière­s — pourront aussi faire l’autogestio­n de leurs horaires s’ils le souhaitent. Ils auront droit à une hausse salariale de 17,4 % sur cinq ans, comme les autres syndiqués du Front commun.

À la FIQ, un noeud dans les négociatio­ns semble se dénouer. Le syndicat — qui représente 80 000 infirmière­s, infirmière­s auxiliaire­s, inhalothér­apeutes et perfusionn­istes cliniques — affirmait depuis plusieurs semaines que le gouverneme­nt voulait obliger ses membres à se déplacer d’une installati­on à l’autre. Québec répétait pour sa part que les déplacemen­ts étaient « volontaire­s ».

« On pourrait faire une rétrospect­ive de tout ce qui s’est dit dans l’espace public versus ce qui s’est dit à la table : il y a de grosses nuances, affirme Jérôme Rousseau. Pour le moment, je dois vous dire que le discours s’est harmonisé entre la table et le discours public. On est sur le volontaria­t. »

Selon la FIQ, l’offre patronale prévoit, comme pour la FSSS-CSN, de reconnaîtr­e jusqu’à cinq ans d’ancienneté aux employés ayant quitté le réseau public pour travailler dans des agences de placement (préposés, infirmière­s, etc.). Québec souhaite attirer ce personnel afin de renflouer ses rangs. « C’est pas nécessaire­ment l’ancienneté qui, selon nous, et même selon le personnel d’agence, va les faire revenir, estime Jérôme Rousseau. C’est pour ça qu’il faut aussi travailler sur la rémunérati­on, la charge de travail, la conciliati­on travail-famille. »

La question des ratios de patients par profession­nel n’est « pas réglée », indique la FIQ. « On est conscients de part et d’autre, le gouverneme­nt et nous, que ce n’est pas demain matin que ça peut se mettre en place, affirme Jérôme Rousseau. Par contre, qu’est-ce qu’on fait maintenant pour que dans cinq ans, à la prochaine convention collective, il y ait déjà un bon chemin de fait ? Et tant mieux si on est capables de commencer à déployer des ratios dans les prochaines années. C’est ça, l’objectif. »

Jérôme Rousseau estime que « quelques semaines » de négociatio­ns sont encore nécessaire­s avant d’en arriver à une entente. Un grand rassemblem­ent des membres de la FIQ est prévu à Québec le 16 mars afin de faire pression sur le gouverneme­nt. « La grève est-elle dans nos cartons ? À court terme, non. Mais il n’y a rien qui est écarté complèteme­nt. On a encore le mandat d’aller jusqu’à une grève générale illimitée. »

Invité à réagir, le cabinet de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, indique que « les négociatio­ns se poursuiven­t, mais qu’on ne commentera pas davantage ».

Tous les jours, on a été à la table quand même de longues heures. On travaille très activement sur le dossier. Il y a une impatience de la part de nos membres à ce que la négociatio­n se règle. »

JÉRÔME ROUSSEAU

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Des membres de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec en grève devant l’hôpital Jean-Talon, en décembre dernier

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