Alimenter le cynisme
On le constate, les femmes et les hommes qui abandonnent pendant un temps leur carrière professionnelle pour servir le domaine politique passent un mauvais moment. Devant l’ampleur de la tâche et les menaces de toutes natures répandues sur les réseaux sociaux, les démissions se multiplient au fil des semaines qui passent. Ceux et celles qui vivent des situations pénibles ont toute ma sympathie.
En revanche, et comme le veut l’adage, toute médaille a deux côtés. Certaines décisions, prises en haut lieu, méritent une sérieuse remise en question. La première, qui nous vient à l’esprit, est bien sûr ce cadeau offert sur un plateau d’argent par le ministre Girard aux milliardaires de Los Angeles. Fallait le faire ! Cette semaine, on apprend qu’à Québec, capitale nationale, les festivités de réouverture de la bibliothèque Gabrielle-Roy, nouvellement rénovée, allaient coûter 300 000 $ ! Heureusement, une grève annoncée force l’annulation de la fête et ramène la facture à un modeste 60 000 $ ! Sur quelle planète vivent les responsables d’une telle décision ? Comment être autant déconnecté de la réalité pour dilapider aussi allègrement l’argent des contribuables ? Sans doute que si on fouillait dans les budgets d’autres municipalités, on y dénicherait probablement des dépenses analogues, nullement justifiées.
Et comme l’actualité nous l’apprend, le gouvernement fédéral n’est pas en reste avec l’affaire ArriveCAN. Des millions de nos beaux dollars sont en cause. En un mot, toutes les instances qui nous gouvernent gèrent mal l’argent du peuple. Doit-on se surprendre alors que le cynisme, si bien alimenté, s’installe à demeure et risque d’y séjourner longtemps ? Pour revenir au cas de Québec, combien de livres d’autrices et d’auteurs de chez nous pouvait-on acheter avec le budget destiné au party d’ouverture ? De quoi meubler les rayons de bien des bibliothèques !
Bruno Landry
Sherbrooke, le 29 février 2024