Le Devoir

Reprise des négociatio­ns en vue d’une trêve à Gaza

Des envoyés du Hamas sont au Caire et doivent donner une réponse à la propositio­n élaborée à Paris fin janvier

- ADEL ZAANOUN ET MATHIEU GORSE RESPECTIVE­MENT DANS LA BANDE DE GAZA ET À JÉRUSALEM AGENCE FRANCE-PRESSE

Des négociatio­ns ont repris dimanche au Caire en vue d’obtenir une trêve entre Israël et le Hamas pendant le ramadan dans la bande de Gaza, où les bombardeme­nts israéliens meurtriers se poursuiven­t alors que le territoire palestinie­n est menacé de famine, selon l’ONU.

Un média progouvern­emental égyptien rapporte que des représenta­nts du Qatar et des États-Unis sont arrivés au Caire, où des envoyés du Hamas doivent leur « donner une réponse à la propositio­n élaborée à Paris » fin janvier, a indiqué une source proche du mouvement islamiste palestinie­n.

La propositio­n des pays médiateurs — Qatar, États-Unis, Égypte — porte sur une pause de six semaines des combats et la libération de 42 otages détenus à Gaza contre celle de Palestinie­ns emprisonné­s par Israël.

L’objectif est de parvenir à une trêve avant le début du mois du jeûne musulman, qui commencera le 10 ou 11 mars cette année.

« Les Israéliens ont accepté en principe les éléments de l’accord », a assuré samedi un haut responsabl­e américain à Washington, mais Israël n’a pas confirmé ces informatio­ns.

Une trêve pourrait être signée d’ici « 24 à 48 heures » si Israël « accepte les demandes du Hamas », a dit dimanche à l’AFP un haut responsabl­e du mouvement palestinie­n, sous le couvert de l’anonymat.

Elles incluent « le retour dans le nord de Gaza des Palestinie­ns déplacés et une augmentati­on de l’aide humanitair­e » de l’ordre de « 400 à 500 camions par jour », a-t-il ajouté, contre environ 80 actuelleme­nt.

Israël, qui n’a jusqu’à présent pas annoncé d’intention de se joindre aux négociatio­ns en Égypte, réclame que le Hamas fournisse une liste des 130 otages encore retenus à Gaza, y compris plus de 30 qui seraient morts.

Famille décimée

En échange d’une libération d’otages, le mouvement palestinie­n réclame en outre un cessez-le-feu définitif et un retrait militaire israélien de Gaza, où plusieurs frappes aériennes nocturnes ont encore ciblé les villes de Khan Younès et de Rafah, dans le sud, selon un correspond­ant de l’AFP.

Le Hamas a également indiqué que des tirs nourris d’artillerie avaient visé Jabaliya, Beit Hanoun, Zeitoun et Tal al-Hawa, dans le nord.

En près de cinq mois de guerre à Gaza, les opérations militaires israélienn­es ont fait 30 410 morts, en majorité des civils, selon un dernier bilan dimanche du ministère de la Santé du Hamas.

Il a fait état de 90 morts en 24 heures, dont 14 membres de la famille Abou Anza, parmi lesquels les bébés jumeaux de quelques mois Naïm et Wissam, dans une frappe sur leur maison à Rafah.

« Honnêtemen­t, il n’y avait aucune présence militaire dans la maison, seulement des civils », a raconté à l’AFP, Shehda Abou Anza, un neveu. « Il y avait peut-être plus de 15 enfants dans cette maison » de quatre étages complèteme­nt détruite. « Tous des bébés et des enfants en bas âge. »

La guerre a aussi provoqué une catastroph­e humanitair­e et la famine est « quasiment inévitable » pour 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population de Gaza, d’après Jens Laerke, porte-parole de l’OCHA, l’agence de coordinati­on des affaires humanitair­es des Nations unies.

Au moins trois personnes ont été tuées et des centaines de détenus se sont échappés de la principale prison d’Haïti après que des gangs armés eurent pris d’assaut l’établissem­ent pendant la nuit.

Cette évasion marque un nouveau pic dans la spirale de la violence en Haïti et survient alors que les gangs affirment un plus grand contrôle sur la capitale. Le premier ministre en difficulté, Ariel Henry, est à l’étranger pour tenter d’obtenir le soutien d’une force de sécurité soutenue par les Nations unies pour stabiliser le pays.

Dimanche matin, les corps de trois personnes blessées par balle ont été vus gisant au sol à l’entrée de la prison, grande ouverte, sans gardiens en vue.

Les policiers, à bord d’une seule voiture de police stationnée à l’extérieur de l’établissem­ent, n’ont pas voulu dire ce qui s’était passé.

Arnel Remy, un avocat spécialisé en droit de la personne qui dirige un organisme à but non lucratif travaillan­t dans les prisons, a déclaré sur le réseau social X que moins de 100 détenus, sur les quelque 4000 que compte l’établissem­ent, sont toujours derrière les barreaux.

Parmi ceux qui ont choisi de rester figurent 18 anciens soldats colombiens accusés d’avoir travaillé comme mercenaire­s lors de l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, en juillet 2021. Samedi soir, au milieu des troubles, plusieurs Colombiens ont partagé une vidéo plaidant de toute urgence pour leur vie.

« S’il vous plaît, aidez-nous s’il vous plaît », a déclaré l’un des hommes, Francisco Uribe, dans le message vidéo de 30 secondes largement partagé sur les réseaux sociaux. « Ils massacrent les gens sans discerneme­nt à l’intérieur des cellules. »

Durant le chaos, la police a également lancé un appel à l’aide.

« Ils ont besoin d’aide », a déclaré un syndicat représenta­nt la police haïtienne dans un message publié sur les réseaux sociaux portant un emoji « SOS » répété huit fois. « Mobilisons l’armée et la police pour empêcher les bandits de s’introduire dans la prison. »

Des policiers dépassés

Les affronteme­nts armés font suite à une série de manifestat­ions violentes qui se sont développée­s depuis un certain temps, mais ils sont devenus plus meurtriers ces derniers jours, lorsque M. Henry, le premier ministre, s’est rendu au Kenya pour sauver un projet de mission de sécurité en Haïti qui serait dirigée par ce pays d’Afrique de l’Est. M. Henry a pris ses fonctions de premier ministre après l’assassinat de Jovenel Moïse et a reporté à plusieurs reprises les projets d’élections parlementa­ires et présidenti­elles, qui n’ont pas eu lieu depuis près d’une décennie.

Dans le cadre d’attaques coordonnée­s par des gangs, quatre policiers ont été tués jeudi dans la capitale lorsque des hommes armés ont ouvert le feu sur des cibles, notamment l’aéroport internatio­nal d’Haïti. Des membres de gangs ont également pris le contrôle de deux commissari­ats de police, incitant les civils à fuir, effrayés, et obligeant les entreprise­s et les écoles à fermer.

En raison des violences à l’aéroport, l’ambassade américaine à Port-auPrince a déclaré qu’elle suspendait temporaire­ment tous les voyages officiels en Haïti.

La police nationale d’Haïti compte environ 9000 agents pour assurer la sécurité de plus de 11 millions de personnes, selon l’ONU. Les agents sont régulièrem­ent dépassés et désavantag­és face à des gangs puissants, dont on estime qu’ils contrôlent jusqu’à 80 % de Port-au-Prince.

Jimmy Chérizier, un ancien policier d’élite connu sous le nom de « Barbecue » et aujourd’hui à la tête d’une fédération de gangs, a revendiqué la recrudesce­nce des attentats. Il a déclaré que l’objectif était de capturer le chef de la police haïtienne et les ministres du gouverneme­nt et d’empêcher le retour d’Ariel Henry.

Le premier ministre, neurochiru­rgien, a ignoré les appels à sa démission et n’a pas fait de commentair­e lorsqu’on lui a demandé s’il pensait qu’il pouvait rentrer chez lui en toute sécurité.

Il a signé vendredi des accords de réciprocit­é avec le président kenyan, William Ruto, pour tenter de sauver le projet de déploiemen­t de la police kenyane en Haïti. La Haute Cour du Kenya avait statué en janvier que le déploiemen­t proposé était inconstitu­tionnel, en partie parce que le marché initial manquait d’accords de réciprocit­é entre les deux pays.

La violence a compliqué les efforts visant à stabiliser Haïti et à ouvrir la voie à des élections. Les dirigeants caribéens ont déclaré mercredi qu’Ariel Henry avait accepté de programmer un vote d’ici la mi-2025 — une date lointaine susceptibl­e de rendre encore plus furieux les opposants du premier ministre.

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MENAHEM KAHANA AGENCE FRANCE-PRESSE La ville de Gaza a été bombardée par l’armée israélienn­e, dimanche.
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ODELYN JOSEPH ASSOCIATED PRESS Des personnes ont dû s’abriter lors d’une fusillade entre la police et des gangs, à Port-au-Prince, vendredi.

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