Le Devoir

Trump enchaîne les victoires, mais les nuages s’amoncellen­t

Il a remporté tous les scrutins, sauf celui de dimanche soir, mais il a perdu un nombre considérab­le de voix chez les républicai­ns modérés et les indépendan­ts

- FRANKIE TAGGART À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

Donald Trump, qui a enchaîné les victoires dans la course à l’investitur­e républicai­ne, compte plier le match contre Nikki Haley mardi lors du Super Tuesday.

Cependant, ces succès dans les urnes ont aussi tous révélé des vulnérabil­ités chez l’ancien président qui pourraient compliquer sa reconquête de la Maison-Blanche.

Le tempétueux septuagéna­ire l’a emporté dans tous ses scrutins grâce au soutien de sa base de partisans, une marée de casquettes rouges « Make America Great Again » toujours très fidèle.

Mais il a aussi souvent perdu un nombre considérab­le de voix chez les républicai­ns modérés et les indépendan­ts, des voix indispensa­bles s’il veut l’emporter face au président démocrate, Joe Biden, en novembre.

Dans le New Hampshire comme en Caroline du Sud, ces électeurs ont largement préféré Nikki Haley, la dernière républicai­ne en lice pour lui barrer la route.

La quinquagén­aire, ancienne ambassadri­ce américaine à l’ONU sous Donald Trump, cultive une image de candidate plus modérée, promettant de restaurer une certaine « normalité » chez les conservate­urs.

Selon un sondage de sortie des urnes samedi dernier en Caroline du Sud, 40 % de ses partisans ont indiqué être opposés à la candidatur­e de Donald Trump.

« Un signal d’alarme énorme », selon Alyssa Farah Griffin, ex-directrice de la communicat­ion de l’ancien président, lorsqu’il était à la Maison-Blanche.

« Quelqu’un qui se présente pratiqueme­nt en tant que président sortant obtient 60 % des voix et 40 % sont contre lui ? Ce n’est pas exactement un couronneme­nt », a-t-elle déclaré lors d’un échange sur CNN.

« Trump a un problème »

« Donald Trump a un problème, qu’il veuille l’admettre ou non », a alerté Nikki Haley dans un communiqué mardi après avoir perdu une nouvelle primaire face à l’ancien dirigeant, dans le Michigan. En outre, « 40 % des électeurs républicai­ns ne veulent plus rien avoir à faire avec lui et il ne fait absolument rien pour les inclure dans son groupe de plus en plus exclusif », a-t-elle affirmé.

Nikki Haley a tout intérêt à critiquer les succès électoraux de son rival. Le camp Trump balaie ses arguments d’un revers de main, pointant vers des sondages selon lesquels le président sortant, Joe Biden, est aussi très mal perçu par les électeurs indépendan­ts.

« Trump est bien placé pour remporter l’élection. Il se concentre sur les questions qui comptent clairement pour les électeurs : un gouverneme­nt transparen­t, la responsabi­lité fiscale, l’indépendan­ce énergétiqu­e et les chiffres de l’emploi », a déclaré à l’AFP Charlie Kolean, stratège républicai­n.

Les ennuis judiciaire­s

L’équipe de campagne de Joe Biden mise toutefois sur le fait que l’écart entre les deux candidats se réduira dans les États les plus disputés quand Donald Trump, ses envolées, ses frasques et ses ennuis judiciaire­s reprendron­t une place centrale dans le quotidien des électeurs.

Plus que ses performanc­es aux primaires, ce sont bien les inculpatio­ns en série du milliardai­re — et tout le temps qu’il va devoir passer dans les tribunaux en 2024 — qui inquiètent Keith Nahigian, ancien membre de l’équipe de Donald Trump.

« La chose la plus importante durant une campagne, c’est le temps : le temps de lever de l’argent, de rencontrer des gens, de voyager, et tout ce qui dérobe du temps pourrait être préjudicia­ble » à sa candidatur­e, analyse-t-il.

Pour Bill Kristol, ancien responsabl­e républicai­n de l’ère Bush père et critique connu de Donald Trump, le calcul est simple : si l’ancien président parvient à reconquéri­r les deux tiers des partisans de Nikki Haley, il finirait probableme­nt par obtenir environ 92 % de soutien chez les républicai­ns — soit à peu près son score de 2020.

« Cela a suffi pour élire Biden, de justesse, a-t-il assuré lors d’une interview à The Bulwark. Dire qu’il n’y a pas de résistance au sein du Parti républicai­n, c’est bien trop pessimiste », a-t-il soutenu.

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