Les négociations pour une trêve ont repris au Caire
Dimanche, la vice-présidente américaine, Kamala Harris, a appelé à un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza
Les négociations sur une trêve entre Israël et le Hamas palestinien ont repris lundi au Caire, au lendemain d’un appel des États-Unis à un « cessezle-feu immédiat » dans la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine après presque cinq mois de guerre.
Les bombardements israéliens se poursuivent pendant ce temps sans répit sur le territoire palestinien, où 124 personnes ont été tuées en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.
Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 30 534 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.
« Question de vie ou de mort »
Face à ce lourd bilan et à une crise humanitaire majeure, des représentants de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis ont repris au Caire les négociations en vue d’une trêve.
Une délégation du Hamas se trouve aussi au Caire, mais Israël ne participe pas aux pourparlers.
Une chaîne de télévision proche du renseignement égyptien a parlé dimanche d’un « progrès significatif ». « L’Égypte poursuit ses efforts intenses pour parvenir à une trêve avant le ramadan », qui commence le soir du 10 ou du 11 mars, a affirmé AlQahera News.
Les pays médiateurs tentent depuis des semaines d’arracher un compromis aux deux camps afin d’obtenir un accord de trêve qui permettrait notamment une libération d’otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Selon Israël, 130 otages sont toujours détenus à Gaza, dont 31 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre.
Le Hamas exige avant tout accord un cessez-le-feu définitif, une augmentation de l’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza, le retour dans le nord des centaines de milliers de civils déplacés et le retrait militaire israélien du territoire.
Israël rejette ces conditions, disant vouloir poursuivre son offensive jusqu’à l’élimination du Hamas. Il exige aussi que le mouvement islamiste fournisse une liste des otages retenus à Gaza.
Israël a annoncé que pour parvenir à la « victoire totale » contre le Hamas, le pays prépare une offensive terrestre sur
Rafah, une ville située à l’extrême sud de la bande de Gaza, contre la frontière fermée avec l’Égypte, où sont massés près d’un million et demi de Palestiniens, selon l’ONU, lesquels se trouvent dans une situation humanitaire désespérée.
La famine est « quasiment inévitable », selon l’ONU, pour 2,2 millions d’habitants de Gaza, soit l’immense majorité de la population.
La guerre a aussi provoqué l’effondrement du système de santé, et le manque d’électricité notamment menace le fonctionnement des derniers hôpitaux encore en service. « L’électricité est une question de vie ou de mort dans les hôpitaux », a affirmé Hiba Tibi, la directrice de l’ONG Care en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
« Pas d’excuses »
« Étant donné l’ampleur des souffrances à Gaza, il doit y avoir un cessez-lefeu immédiat pour au moins les six prochaines semaines, ce qui est actuellement sur la table des négociations », a déclaré dimanche la vice-présidente américaine, Kamala Harris.
Elle a réitéré la demande des ÉtatsUnis, principal allié d’Israël, qui vise à ce que l’État hébreu laisse entrer davantage d’aide humanitaire dans la bande de Gaza. « Il n’y a pas d’excuses », a-t-elle ajouté.
L’aide humanitaire, qui arrive au compte-gouttes dans le territoire, principalement depuis l’Égypte via Rafah, est soumise au contrôle d’Israël, qui impose un blocus à Gaza depuis 2007 et qui l’assiège totalement depuis le 9 octobre.
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a rejeté lundi cet appel au cessez-le-feu. « L’heure est venue de détruire le Hamas, Kamala », a-t-il affirmé sur X.
Devant des membres de son parti, la formation d’extrême droite Force juive, il a affirmé qu’il était à présent nécessaire « de mettre fin aux pourparlers et de passer immédiatement à une phase de combat plus puissante ».
Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, doit rencontrer lundi à Washington Mme Harris, le conseiller à la sécurité nationale de la MaisonBlanche, Jake Sullivan, et le secrétaire d’État américain, Antony Blinken.
Lundi, les bombardements israéliens ont visé surtout Rafah et Khan Younès, dans le sud, Nousseirat, dans le centre, ainsi que Jabaliya et la ville de Gaza, dans le nord, selon le gouvernement du Hamas et des témoins.
L’armée israélienne a affirmé que ses soldats cherchaient à encercler la partie ouest de Khan Younès, où « se cachent des terroristes en fuite ».
Lundi, un déplacé, Sameh Abdel Hadi, a raconté à l’AFP s’être retrouvé coincé sous les décombres d’un immeuble de Rafah après un bombardement qui a fait cinq morts et trois disparus. « Le toit tout entier est tombé. Pendant une demi-heure, je ne voyais plus rien. Puis des gens sont arrivés et ont enfoncé la porte pour m’évacuer. »
« Nous ne faisons pas partie de la résistance [le Hamas], comme vous pouvez voir », a-t-il ajouté.
À Genève, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a dit craindre que la guerre à Gaza ne conduise « à une conflagration beaucoup plus large », en citant les échanges de tirs à la frontière israélolibanaise entre l’armée israélienne et le Hezbollah, allié du Hamas, et les attaques des rebelles yéménites houthis contre des navires au large du Yémen.
« Les États-Unis sont convaincus qu’une solution diplomatique est la seule issue pour mettre fin aux hostilités » entre Israël et le Hezbollah, a dit à Beyrouth un émissaire américain, Amos Hochstein.
Étant donné l’ampleur des souffrances à Gaza, il doit y avoir un cessezle-feu immédiat pour au moins les six prochaines semaines, ce qui est actuellement sur la table »
des négociations KAMALA HARRIS