Le Devoir

Le Canadian dream d’un Baie-Comois

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Lors d’un cours d’éthique et culture religieuse, en 2e secondaire, nous étions appelés à présenter une figure historique que nous admirions. Alors que mes camarades choisirent acteurs, chanteurs et grands scientifiq­ues, mon choix, surprenant pour un jeune garçon de 13 ans, s’arrêta sur Brian Mulroney.

Ayant grandi dans un milieu très politisé, j’entrepris dans les semaines qui suivirent d’approfondi­r mes recherches sur la vie de cet homme afin de démystifie­r comment le « petit gars de Baie-Comeau » parvint aux plus hautes fonctions d’un pays du G7. Ce que je découvris fut une histoire empreinte de déterminat­ion, de courage et d’accompliss­ement. De son premier échec au Barreau du Québec et à la chefferie du Parti progressis­teconserva­teur (il termine troisième, derrière Joe Clark l’emporte) jusqu’à la charge mondiale contre l’apartheid, en passant par des avancées majeures tant en écologie avec l’accord sur les pluies acides avec les États-Unis que dans les négociatio­ns constituti­onnelles avec l’accord du lac Meech, tant qu’en finances publiques avec l’adoption de la TPS que dans la réconcilia­tion avec les peuples autochtone­s, monsieur Mulroney a façonné le Canada d’aujourd’hui.

L’héritage de ce dernier nous rappelle également des temps différents en diplomatie canadienne et en relations canadoétas­uniennes, notamment celui de l’adoption de l’ALENA. Ses talents de diplomate et son charisme l’amenant à chanter en duo When Irish Eyes Are Smiling avec Ronald Reagan tout en entretenan­t de très bonnes relations avec ses successeur­s. Il serait aujourd’hui surprenant de voir Justin Trudeau ou son remplaçant jouir d’une telle complicité avec le président américain.

À un moment d’incertitud­e géopolitiq­ue accrue, le legs de monsieur Mulroney ne doit pas être oublié. Il nous rappelle un temps pas si lointain où le Canada faisait preuve de leadership à l’internatio­nal et où il y avait une volonté de faire rentrer le Québec dans la fédération « dans la joie et l’allégresse ». Notre incapacité à soutenir nos alliés de l’OTAN et les plus récents sondages tant au provincial qu’au fédéral nous montrent que cette période semble révolue. […]

Louis Favreau Golfe-Juan, France, le 3 mars 2024

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