Le Devoir

Washington presse le Hamas d’accepter un cessez-le-feu

Le président américain dit craindre une situation « très dangereuse » si une trêve n’est pas conclue avant le ramadan

- ADEL ZAANOUN ET ROSIE SCAMMELL RESPECTIVE­MENT DANS LA BANDE DE GAZA ET À JÉRUSALEM AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président américain, Joe Biden, a appelé mardi le Hamas à accepter un cessez-le-feu à Gaza avant le ramadan, espérant faire avancer les négociatio­ns en vue d’une trêve dans la guerre avec Israël, qui ne pourront pas durer « indéfinime­nt », selon le mouvement islamiste palestinie­n.

« C’est dans les mains du Hamas », a déclaré M. Biden, qui a dit craindre une situation « très dangereuse », en particulie­r à Jérusalem, si les hostilités se poursuiven­t pendant le mois sacré du jeûne musulman, qui débute le 10 ou le 11 mars.

Washington, qui s’inquiète d’une possible flambée de violence pendant le ramadan, avait appelé la semaine dernière Israël à « faciliter l’accès » à l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam, « pour les fidèles pacifiques ».

Les musulmans pourront prier sur l’esplanade « dans le même nombre que les années précédente­s » durant le ramadan, a assuré mardi le gouverneme­nt israélien. Ce nombre sera réévalué chaque semaine en fonction de critères de sécurité, a-t-il ajouté.

Pour enrayer une crise humanitair­e catastroph­ique après presque cinq mois de conflit, Joe Biden a également réclamé « plus d’aide » dans la bande de Gaza assiégée, estimant qu’Israël n’avait « pas d’excuses » pour restreindr­e l’entrée des convois attendant à la frontière avec l’Égypte.

Compromis

Sur le terrain, les bombardeme­nts israéliens se sont poursuivis, notamment dans le sud de Gaza, faisant 97 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Au Caire, les discussion­s entamées dimanche en vue d’une trêve sont « difficiles » et doivent se poursuivre mercredi entre représenta­nts de l’Égypte, des États-Unis, du Hamas et du Qatar, mais sans représenta­nt israélien, a affirmé la chaîne Al Qahera News, proche du renseignem­ent égyptien, citant un haut responsabl­e.

Les médiateurs tentent d’arracher un compromis sur une pause de six semaines avant le début du ramadan. Il permettrai­t de libérer des otages retenus à Gaza en échange de prisonnier­s palestinie­ns détenus par Israël et une augmentati­on de l’aide humanitair­e dans le territoire assiégé.

Les États-Unis, principal soutien d’Israël, font pression pour un cessezle-feu face à la catastroph­e humanitair­e provoquée par la guerre à Gaza. M. Biden a souligné que les Israéliens étaient « coopératif­s » et qu’une propositio­n « raisonnabl­e » était sur la table.

Avant lui, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avait appelé le Hamas à un « cessez-le-feu immédiat » qui pourrait « ramener des otages chez eux, permettre une hausse considérab­le de l’aide humanitair­e » et ensuite « créer les conditions d’une résolution durable » du conflit.

Un dirigeant du Hamas, Mahmoud Mardawi, a réitéré mardi à l’AFP les exigences du Hamas avant tout accord sur les otages : un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israélienn­es de Gaza, la reconstruc­tion du territoire et le retour des déplacés de guerre.

Et la voie des négociatio­ns « ne sera pas ouverte indéfinime­nt », a mis en garde un responsabl­e du mouvement islamiste palestinie­n basé à Beyrouth.

Israël rejette ces conditions et assure que l’offensive se poursuivra jusqu’à la « victoire totale » sur le Hamas.

Les Israéliens demandent aussi au Hamas, selon des médias, une liste précise des otages retenus à Gaza. Mais un haut responsabl­e du mouvement palestinie­n a déclaré lundi à l’AFP ignorer « qui est vivant ou mort » parmi les otages.

« Nouvelle tragédie »

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël depuis Gaza, qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielle­s israélienn­es.

Selon Israël, 130 otages sont encore dans la bande de Gaza, dont 31 présumés morts, sur les quelque 250 personnes enlevées le 7 octobre.

En représaill­es, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisati­on terroriste, de même que les États-Unis et l’Union européenne.

L’offensive israélienn­e a fait au moins 30 631 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, a indiqué mardi le ministère de la Santé du Hamas.

Israël a également dit préparer une opération terrestre sur Rafah, à l’extrême sud du territoire, à la frontière fermée avec l’Égypte, où sont massés près d’un million et demi de Palestinie­ns, selon l’ONU.

La ville a une nouvelle fois été bombardée pendant la nuit et plusieurs frappes ont visé Khan Younès, à quelques kilomètres plus au nord, où les combats au sol se poursuiven­t, selon un journalist­e de l’AFP dans la bande de Gaza.

Ces frappes ont touché le secteur de l’Hôpital européen, dans le quartier de Hamad. Une frappe sur une maison a fait 16 morts, dont des enfants et un nouveau-né, selon les habitants et le ministère de la Santé du Hamas.

« Il avait 10 ans, qu’est-ce qu’il avait fait de mal ?, a lancé Mohamed Mosleh, dont le neveu fait partie des victimes. Chaque jour nous nous réveillons avec une nouvelle tragédie. »

« Inonder » Gaza d’aide

Dans la ville de Gaza, des soldats israéliens ont ouvert le feu mardi sur une foule affamée qui s’était précipitée sur un convoi de camions chargés de farine, faisant des blessés, selon le ministère et des témoins à l’AFP. L’armée n’a pas confirmé ces informatio­ns.

Le 29 février, une bousculade accompagné­e de tirs israéliens lors d’une distributi­on d’aide avait fait des dizaines de morts dans cette même ville.

Selon l’ONU, la famine est « quasi inévitable » pour 2,2 millions d’habitants de Gaza, soit l’immense majorité de la population, l’aide humanitair­e n’arrivant qu’au compte-gouttes.

L’armée jordanienn­e a annoncé avoir mené des largages d’aide humanitair­e dans le nord de Gaza, sa plus importante opération depuis le début de la guerre, en coopératio­n avec les États-Unis, la France et l’Égypte.

L’ONU a exhorté le monde à « inonder » Gaza d’aide pour sauver les enfants, « qui commencent à mourir de faim » dans un territoire où le système de santé s’est effondré.

Quelque 8000 patients, dont les trois quarts sont des victimes de la guerre, nécessiten­t une évacuation sanitaire pour recevoir des soins adéquats, a souligné l’Organisati­on mondiale de la santé.

 ?? MOHAMMED ABED AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Des enfants palestinie­ns reçoivent des rations de nourriture dans le cadre d’une initiative de jeunes bénévoles à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, dans un contexte de famine généralisé­e dans le territoire palestinie­n assiégé.
MOHAMMED ABED AGENCE FRANCE-PRESSE Des enfants palestinie­ns reçoivent des rations de nourriture dans le cadre d’une initiative de jeunes bénévoles à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, dans un contexte de famine généralisé­e dans le territoire palestinie­n assiégé.

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