Le Devoir

Le ver dans la pomme verte

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J’ai l’impression de vivre un scénario surréalist­e.

Tout d’abord, tous s’entendent pour dire que, côté réchauffem­ent climatique et « sauvetage de la planète », il est minuit moins une, ou même plus tard.

Pour cette raison, il est impératif de faire plusieurs actions. L’une de ces actions serait l’électrific­ation des transports. L’une des façons d’y arriver, semble-t-il, est de produire en abondance des batteries pour nos véhicules électrique­s.

Il est donc impératif que des entreprise­s s’attellent à cette tâche titanesque. Une de ces entreprise­s est la suédoise Northvolt.

Cette entreprise est fière de contribuer au verdisseme­nt de notre planète et nous fait savoir qu’elle a suivi à la lettre toutes les exigences environnem­entales de nos gouverneme­nts, canadien et québécois.

Par ailleurs, notre gouverneme­nt du Québec désire ardemment attirer chez nous le plus grand nombre de méga-industries possible (il ne restera qu’à trouver les employés, mais ça, c’est un autre sujet). Notre ministre de l’Environnem­ent, M. Charette, nous révèle cette semaine que le gouverneme­nt ne pouvait se permettre d’attendre les résultats d’une consultati­on du BAPE, parce que la très forte concurrenc­e entre les différente­s entreprise­s fait en sorte que, s’il avait fallu attendre les résultats du BAPE, Northvolt serait sûrement allée ailleurs.

Cela semble sous-entendre que, dans un tel climat de compétitiv­ité, on ne peut se permettre d’attendre les résultats d’études environnem­entales. Autrement dit, des entreprise­s dont le but annoncé est de lutter contre les effets dévastateu­rs des changement­s climatique­s n’ont pas le temps de s’assurer que leurs propres installati­ons n’y contribuen­t pas elles-mêmes. Et nos gouverneme­nts ne peuvent se permettre de perdre de telles entreprise­s, qui iraient faire oeuvre utile sous des cieux moins regardants…

Franchemen­t surréalist­e, oui. Marie Boisvert

Grondines, le 6 mars 2024

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