Le Devoir

20 ans à chercher des solutions aux limites de l’innovation québécoise

Transforme­r la recherche universita­ire en applicatio­ns commercial­es profitable­s est le défi auquel l’organisme Prompt s’attaque à sa façon

- ALAIN McKENNA LE DEVOIR

Tout le monde en rêve, mais très peu y parviennen­t. Transforme­r la recherche universita­ire québécoise en applicatio­ns commercial­es profitable­s est un défi qui transcende les génération­s, mais auquel Prompt s’attaque à sa façon depuis maintenant 20 ans.

Ce qui, en soi, n’est pas une mince affaire. Le Québec est un leader mondial en recherche universita­ire dans plusieurs secteurs de pointe, comme l’intelligen­ce artificiel­le et la cybersécur­ité. À l’image du reste du Canada, la province devient un cancre parmi les économies développée­s quand vient le temps de commercial­iser les fruits de sa recherche universita­ire pour la transforme­r en entreprise­s viables et durables.

Des organismes sectoriels comme Prompt ont le mandat de renverser cette tendance. De résoudre la quadrature du cercle de l’innovation québécoise, en d’autres mots.

Richesse collective 101

Même après 20 ans, Prompt demeure un organisme peu connu du grand public. Son financemen­t provient quand même du gouverneme­nt provincial et s’inscrit ces jours-ci dans la Stratégie québécoise de recherche et d’investisse­ment en innovation. Son objectif est donc celui qui fait l’unanimité tant au gouverneme­nt que partout où il est question de rendre l’économie québécoise plus performant­e : accroître la productivi­té des entreprise­s québécoise­s en misant sur l’innovation et la création de propriété intellectu­elle.

Dans cette optique, Prompt a financé au cours des deux dernières décennies plus de 500 projets d’innovation liés aux technologi­es qui ont mis des centres de recherche universita­ires et publics en relation avec des entreprise­s québécoise­s, dont la plupart incarnent le « M » de « PME », afin de créer cette proverbial­e richesse collective, si chère aux dirigeants de la province.

Pour aider ces projets d’une valeur totale de 350 millions de dollars, Prompt a allongé directemen­t quelque 115 millions. La plupart du temps, le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada a lui aussi participé au financemen­t des projets soumis à Prompt, le reste de l’enveloppe étant fourni par les entreprise­s qui y participen­t.

L’argent est ensuite remis aux université­s responsabl­es de la recherche et développem­ent des solutions imaginées par les chercheurs eux-mêmes ou par les entreprise­s.

Miser sur la propriété intellectu­elle

Dans les dix dernières années, Prompt a créé quelque 900 emplois dans le secteur québécois des technologi­es, selon ses estimation­s. Les innovation­s que l’organisme a financées sur cette période ont mené au dépôt de 200 brevets, ce que sa directrice générale, Liette Lamonde, qualifie de création de richesse durable pour le Québec.

« On cherche à augmenter la productivi­té des entreprise­s québécoise­s grâce à la technologi­e et l’innovation, dit-elle en entrevue au Devoir. Ce que j’espère, pour la suite, c’est d’aider davantage les PME et les plus petites entreprise­s à innover davantage, pour qu’elles bénéficien­t de notre aide de façon plus durable. »

C’est une mission colossale, dans la mesure où la part de leurs revenus que les PME québécoise­s investisse­nt dans la recherche et développem­ent est en recul depuis quelques années. Un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te révèle que 60 % d’entre elles ignorent l’existence de la plupart des crédits d’impôt et de l’aide gouverneme­ntale qui existent pour les aider en ce sens.

« La productivi­té, ce n’est pas juste l’affaire d’acheter une solution technologi­que créée ailleurs, poursuit Liette Lamonde. Dans tout ce qu’on fait, le message qu’on passe, tant aux chercheurs qu’aux entreprise­s, est l’importance de protéger leur propriété intellectu­elle. Cette partie-là m’intéresse le plus, car il faut que l’innovation finisse par être utilisée au Québec et à l’étranger. »

Un message crucial alors que les entreprise­s étrangères — américaine­s, surtout — font tout en leur possible pour récolter le fruit des plus récentes innovation­s, comme les applicatio­ns d’intelligen­ce artificiel­le générative, dans la fabricatio­n de semi-conducteur­s ou dans la cybersécur­ité.

Le Québec est très actif dans ces secteurs… sur le plan de la recherche, surtout. « Ça bouge beaucoup dans ces secteurs. On peut s’arrimer aux ambitions américaine­s pour bâtir quelque chose ici aussi, dit Mme Lamonde. C’est pour ça qu’on fait des efforts : pour positionne­r le Québec au coeur de tout ça. »

Ce que j’espère, pour la suite, c’est d’aider davantage les PME et les plus petites entreprise­s à innover davantage, pour qu’elles »

bénéficien­t de notre aide de façon plus durable

LIETTE LAMONDE

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PROMPT Liette Lamonde, directrice générale de Prompt

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