Le Devoir

Khan Younès réduite en ruines par les bombes

Des milliers de Palestinie­ns sont revenus jeudi dans le centre de la ville pour y trouver le paysage de désolation qu’ont laissé des semaines de combats

- III ADEL ZAANOUN AGENCE FRANCE-PRESSE

Marchant sur les décombres d’immeubles rasés, récupérant les quelques affaires pouvant encore servir, des milliers de Palestinie­ns sont revenus jeudi dans le centre de Khan Younès pour y trouver un paysage de désolation après des semaines de combats.

Dans les rues de la plus grande ville du sud de la bande de Gaza, des hommes et des femmes empilent tout ce qu’ils peuvent sur les toits des voitures, sur des charrettes tirées par des ânes ou sur leur tête ou leur dos : bouteille de gaz, vêtements, meubles, comme le montrent les images de l’Agence France-Presse (AFP).

Des affaires qu’ils apporteron­t pour la plupart là où ils sont réfugiés depuis le début des combats.

Certains portent des masques chirurgica­ux pour se protéger de la poussière omniprésen­te. Comme cette adolescent­e qui a pu récupérer une immense peluche.

Après des semaines de combats, les chars israéliens ont quitté cette semaine le centre de Khan Younès, située à quelques kilomètres au nord de Rafah, laissant derrière eux une immense destructio­n et permettant aux habitants de revenir dans la ville.

Selon des témoins, l’armée israélienn­e et le Hamas, les combats se poursuivai­ent en revanche jeudi dans la partie ouest.

« La tristesse a envahi nos vies »

Jamil Agha, 49 ans, a décidé de rester avec sa famille dans ce qu’il reste de sa maison. « Que pouvons-nous faire ? Pleurer est inutile. La tristesse a envahi nos vies », dit-il à l’AFP.

« Les avions militaires israéliens […] ont détruit des milliers de maisons, les ont réduites en ruines, mais ils n’ont pas été capables et ils ne seront pas capables de détruire notre mémoire », dit pour sa part Wajih Abou Zarifa, 55 ans, dont le logement a été rasé.

Selon un fonctionna­ire municipal s’exprimant sous couvert d’anonymat, l’armée israélienn­e « a détruit des milliers de logements à Khan Younès, causant des destructio­ns massives ».

« Elle a détruit des marchés, des boutiques, des cliniques, des centres médicaux, des dizaines de restaurant­s. Elle a détruit des hôpitaux, toutes les routes, les réseaux d’eau, d’électricit­é, de communicat­ions, Internet. Elle a creusé toutes les routes et a changé le paysage de la ville », a-t-il ajouté.

Sollicitée par l’AFP sur les destructio­ns dans la ville et son retrait du centre, l’armée israélienn­e n’a pas réagi dans l’immédiat.

Le ministère de la Santé du Hamas à Gaza a indiqué dans un communiqué que six corps avaient été trouvés dans le centre de Khan Younès jeudi après-midi et que « des dizaines de personnes disparues sont toujours sous les décombres ».

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée le 7 octobre par une attaque d’une ampleur sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza dans le sud d’Israël, qui a coûté la vie à au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielle­s israélienn­es.

En représaill­es, Israël a lancé une opération militaire, qui a fait jusqu’ici 30 800 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Que pouvonsnou­s faire ? Pleurer est inutile. La tristesse a envahi nos vies.

JAMIL AGHA

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PHOTOS AGENCE FRANCE-PRESSE Dans les rues de la plus grande ville du sud de la bande de Gaza, des hommes et des femmes se sont empilé sur le dos tout ce qu’ils pouvaient. Des affaires qu’ils apporteron­t là où ils se sont réfugiés.

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