Biden entre dans le vif de sa campagne
Le président démocrate a plusieurs États pivots à son agenda en mars
N’importe qui peut lire un téléprompteur […]. Je pense que c’est un président très faible.
MIKE JOHNSON
Porté par l’accueil majoritairement positif réservé à son discours sur l’état de l’Union, Joe Biden emportait vendredi avec lui sur le chemin de la campagne présidentielle son message combatif contre Donald Trump.
Le président démocrate, qui brigue un second mandat en novembre, a plusieurs États clés à son agenda. Au moment où le match retour contre son prédécesseur républicain entre dans le vif, il s’est rendu d’abord en Pennsylvanie, vendredi, et est en Géorgie samedi.
La semaine prochaine, l’octogénaire ira au New Hampshire lundi, au Wisconsin mercredi et au Michigan jeudi.
Jeudi soir, M. Biden a lancé l’un des discours les plus féroces sur l’état de l’Union jamais prononcés dans l’hémicycle du Congrès, transformant cette grand-messe solennelle en un énergique rassemblement de campagne.
Il a plusieurs fois attaqué Donald Trump en l’accusant de « se soumettre » au président russe, Vladimir Poutine, et de représenter une menace pour la démocratie américaine. Il s’en est aussi pris aux élus du Parti républicain, jugeant qu’ils courbent l’échine devant le magnat des affaires.
Le but de ce discours de plus d’une heure était également d’apaiser les inquiétudes entourant l’âge de Joe Biden, qui a parsemé son discours de plaisanteries, entre les attaques.
Alors qu’afflue l’argent des donateurs, M. Biden va maintenant faire campagne dans chaque État pivot en mars, d’après son équipe, pour tenter de faire parvenir son message aux électeurs.
« Décisifs »
Quant à la vice-présidente, Kamala Harris, elle se rend en Arizona et au Nevada avec en ligne de mire les électeurs hispaniques, selon la même source.
« Joe Biden s’est donné pour mission d’aller au contact des électeurs là où ils se trouvent et de combler nos divisions », a déclaré la présidente de l’équipe de campagne, Jen O’Malley Dillon.
« Tandis que Donald Trump, aux prises avec un programme perdant et une opération à court d’argent, s’aliène activement des électeurs décisifs », a-t-elle ajouté.
Assailli par les affaires, M. Trump alterne rassemblements de campagne et comparutions devant les tribunaux — il a déjà passé neuf de ses journées dans une salle d’audience depuis le début de l’année, selon un décompte de l’Agence France-Presse.
Le républicain a notamment été condamné à payer près de 355 millions de dollars en amendes pour fraudes financières.
M. Biden se rendait vendredi à Philadelphie pour un événement de campagne, dernière visite en date en Pennsylvanie.
Dans cet État crucial, de nombreux électeurs de la classe ouvrière avaient abandonné les démocrates pour Donald Trump en 2016, avant que Joe Biden ne les rallie à sa cause en 2020.
Les sondages placent le président démocrate derrière son rival républicain cette fois. Il espère que son discours sur l’état de l’Union lui aura donné une tribune nationale auprès de millions d’électeurs.
« Hyperpartisan »
Sans jamais mentionner Donald Trump par son nom, mais faisant référence 13 fois à son rival en l’appelant « mon prédécesseur », M. Biden a lancé une attaque frontale contre les républicains sur des sujets allant du droit à l’avortement à l’économie, prévenant que la liberté et la démocratie étaient en danger.
Les démocrates l’ont acclamé en scandant « Quatre ans de plus ! », tandis que les républicains l’ont fréquemment interrompu ou hué, notamment sur l’immigration. Il a répliqué chaque fois.
Le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, assis derrière M. Biden comme le veut la tradition, a souvent secoué la tête en signe de désapprobation pendant le discours.
« C’était un discours agressif et hyperpartisan », a-t-il dit.
« N’importe qui peut lire un téléprompteur […]. Je pense que c’est un président très faible », a-t-il ajouté.
Pendant son discours, Joe Biden a également évoqué la guerre à Gaza, qui provoque la fureur de l’aile très à gauche de son parti ainsi que de la communauté arabo-américaine, très critiques de son soutien à Israël.
Le président a annoncé avoir ordonné à l’armée américaine de construire un port temporaire à Gaza afin d’acheminer davantage d’aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé par Israël.