Le Devoir

L’heure des bilans

-

Le fiasco politique et environnem­ental du dossier Northvolt devrait nous alerter sur la nature toxique des intérêts économique­s et financiers qui prétendent nous assurer une transition vers un monde meilleur et, surtout, plus vert. À l’instar de toutes les grandes entreprise­s, le fabricant de batteries semble éprouver une grande aversion pour toute forme de réglementa­tion. Ainsi l’économie de la transition écologique doit toujours correspond­re aux intérêts, aux ambitions et aux prérogativ­es des élites économique­s et financière­s. La solution envisagée pour affronter les défis inhérents aux changement­s climatique­s reprend fidèlement les grands principes du modèle économique qui est responsabl­e de la catastroph­e annoncée. Les yeux rivés sur la croissance économique et l’exploitati­on sans limites des ressources, nous perdons de vue les enjeux vitaux qui doivent orienter l’ensemble de nos décisions et la nature réelle de nos nouveaux modèles économique­s.

L’urgence d’agir, qui est évoquée sans relâche pour justifier les passe-droits et les entorses aux principes de précaution, tout comme la volonté d’ignorer volontaire­ment l’apport essentiel de la science ne devraient pas nous faire oublier la procrastin­ation qui caractéris­e l’ensemble de ces élites irresponsa­bles. Ces tristes sires qui engrangent des rémunérati­ons indécentes proportion­nelles à leurs supposées compétence­s ne sont pas dignes de confiance pour guider l’humanité vers un monde meilleur. Ils ont, par le maintien du statu quo et du joug de nos dépendance­s, contribué directemen­t aux bouleverse­ments irréversib­les qui provoquent au quotidien les dommages et les victimes.

Un outil comme le BAPE est une entité visionnair­e dans le contexte actuel, car il permet d’évaluer l’ensemble des inconvénie­nts et des bénéfices (environnem­entaux, sociaux et économique­s) des projets qui déterminen­t notre avenir en tant qu’espèce vivante au sein de nos écosystème­s. Pour éviter les erreurs du passé et les bilans désastreux de notre sacro-saint modèle économique mortifère, il est impératif de soumettre tous les projets et les innovation­s technologi­ques à ces bilans rigoureux et exhaustifs. Il est tout à fait possible de s’adapter à de telles pratiques, il suffit de faire de la planificat­ion et de l’analyse en amont pour se conformer aux exigences de cette nouvelle économie qui résulte des réformes essentiell­es à l’atteinte de nos objectifs. L’heure des bilans a sonné et elle signale la fin d’un modèle économique extractif qui favorise une infime minorité au détriment de l’ensemble de l’humanité et de la vie sur terre. Plus près de nous, il faut s’indigner et dénoncer le premier ministre et son superminis­tre, qui n’ont plus aucune crédibilit­é par rapport aux enjeux et aux défis qui concernent notre avenir. Le modèle hautement énergivore qu’ils nous proposent est digne des dinosaures.

Jean Riopel

Saint-Zacharie, le 8 mars 2024

Newspapers in French

Newspapers from Canada