Engagée pour une meilleure gestion de l’eau
Contribuer à la création d’un monde meilleur en s’assurant de protéger la qualité de l’or bleu québécois, telle est la mission de Martine Lanoue. Portrait de l’ingénieure en assainissement et gestion de l’eau, qui a remporté l’année dernière le prix Honoris Genius – Engagement social. Cette distinction lui a été remise lors de la Soirée d’excellence en génie de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) au printemps 2023.
Issue d’un milieu modeste, Mme Lanoue n’avait pas pour ambition de faire du génie durant sa jeunesse. C’est grâce à deux coups de dés du destin qu’elle a choisi sa voie professionnelle. Le premier, lorsqu’un déversement de produits toxiques est survenu dans un cours d’eau de son village de NotreDame-de-Stanbridge, en Estrie. « Les pompiers volontaires sont venus ramasser les poissons qui étaient morts dans la rivière. Ça puait vraiment, dans le village », se souvient celle qui travaille aujourd’hui pour la Ville de Terrebonne. C’est ce qui l’a convaincue de consacrer sa vie à la protection et au traitement de l’eau.
Même si elle brillait par ses notes au secondaire, Mme Lanoue croyait davantage s’orienter vers une technique au cégep. C’est son professeur d’anglais qui l’a encouragée à aller étudier aux cycles supérieurs. « Je n’avais pas envisagé de m’inscrire à l’université parce que ça coûte de l’argent. Mais j’étais première de classe et il trouvait que c’était inacceptable que je n’y aille pas », raconte-t-elle.
C’est grâce aux programmes de prêts et bourses qu’elle a pu atteindre son but. « C’est important que le gouvernement maintienne ce programme pour que des gens qui viennent des milieux plus défavorisés puissent réaliser leur rêve dans un domaine qui les passionne », souligne-t-elle.
Une carrière enrichissante
Forte d’un baccalauréat en génie chimique, puis d’une maîtrise avec concentration en traitement de l’eau à l’Université de Sherbrooke, Mme Lanoue a travaillé en gestion de l’or bleu. Elle a notamment été à l’emploi de différents organismes et municipalités, tels que le Réseau Environnement et la Ville de Laval. Celle qui est maintenant ingénieure en assainissement et gestion de l’eau pour la Ville de Terrebonne estime que toutes ses expériences ont été enrichissantes. « J’ai vraiment un bon portrait de la gestion de l’eau au niveau municipal », explique celle qui a commencé sa carrière en concevant des systèmes de traitement des eaux.
L’ingénieure en apprend d’ailleurs tous les jours avec différentes formations continues. « En se faisant un réseau parmi ses pairs, on lance des questions, on obtient des réponses et ça nous aide dans notre pratique », conseille-t-elle.
La coopération avec ses collègues lui tient tout autant à coeur. « C’est pour ça que je m’investis beaucoup avec Réseau Environnement et que je donne des conférences », dit-elle au sujet de l’échange de connaissances. En plus de son engagement dans cet organisme, elle collabore avec plusieurs autres. « J’ai été bénévole pour le Centre d’interprétation de l’eau de Laval. Je suis aussi impliquée avec l’Association des travaux publics du Québec et différents organismes, comme Centraide et le CPE que fréquentaient mes enfants », énumère Mme Lanoue. Comment arrive-t-elle à concilier toutes ses activités avec sa vie familiale ? « C’est de l’organisation… Et je suis efficace », répondelle en éclatant de rire.
Préserver l’eau pour l’avenir
Même si l’eau ne manque pas au Québec, Mme Lanoue rappelle l’importance de la protéger. « On a beaucoup d’eau, mais il faut la traiter, cette eau. On en a jusqu’à la limite de nos infrastructures, que ce soit pour la traiter, la consommer ou la rejeter », dit-elle. L’ingénieure souligne la création de mesures telles que la Stratégie d’économie d’eau potable du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, qui contribue à assurer une eau potable pour tous. « En tant que Ville, on a comme défi de gérer cette eau afin qu’il en reste aussi pour les générations futures », explique-t-elle. Et tant au Québec qu’ailleurs au Canada, elle estime qu’il est important de rattraper les retards dans la gestion des actifs. « Il y a vraiment un coup à donner pour les mises à niveau et l’entretien », plaide-t-elle.
La menace de nouveaux contaminants est également à prendre en compte. « On invente des formules chimiques et on en retrouve malheureusement dans l’eau », constate l’ingénieure. Cette question sera d’ailleurs abordée au prochain Salon des technologies environnementales du Québec, qui se tiendra en avril. « La meilleure solution, c’est la réduction à la source. Si on ne rejette pas [de contaminants], on n’en a pas, de problèmes », croit-elle.
Lorsqu’elle regarde vers l’avenir, Mme Lanoue aimerait augmenter son influence sur les actions et décisions en matière de gestion de l’eau afin d’avoir un effet encore plus direct sur la société québécoise. « Je veux apporter ma contribution à la création d’un monde meilleur. »
« En tant que Ville, on a comme défi de gérer cette eau afin qu’il en reste aussi pour les générations futures »