Le Devoir

Fredz a tout à apprendre

Son nouvel album, Demain il fera beau, est le premier à paraître sur l’étiquette cofondée par l’auteur-compositeu­r-interprète de 22 ans

- PHILIPPE RENAUD COLLABORAT­EUR LE DEVOIR

Demain il fera beau : il y a dans le titre de ce nouvel album de Fredz, paru vendredi dernier, une idée de ce qu’il nous préparera ensuite. « Je crois que ce sera le dernier projet qui portera ce type de mélancolie » auquel on associe le jeune auteur-compositeu­r-interprète de 22 ans, dont les chansons pop-rap introspect­ives cartonnent sur le Web musical. « Dès la fin de la conception de l’album, je commençais déjà à écrire des chansons joyeuses ! Bon, ça ne fait pas très “Fredz” finalement, mais je pense que ça me va bien ! »

« Cet album, pour moi, est un peu la tempête avant le calme », explique Frédéric Carrier, qui mesure le chemin parcouru depuis sa première mixtape, Pas d’épines, pas de roses, qu’il a bricolée tout seul à l’ordinateur, dans sa chambre, en 2019. « Je vieillis, j’ai envie de parler d’autres choses. » Par ce constat, Fredz ne désavoue évidemment pas ses chansons nouvelles — ni les précédente­s, d’introspect­ives et vulnérable­s ritournell­es maquillées par des orchestrat­ions rap accrocheus­es —, « mais chaque jour qui passe est un apprentiss­age, et c’est justement dans le titre : le meilleur sera pour demain, et après-demain sera encore mieux. C’est un peu le thème de l’album ».

On apprend vite, à cet âge. L’été dernier, Fredz vivait ses premières grandes scènes, à commencer par celle du festival Osheaga. « Je pense que c’était trop gros pour moi, à ce moment-là, avoue-t-il, lucide. Je retiens de l’expérience Osheaga beaucoup de stress, mais c’était aussi mon été d’initiation aux festivals. Je n’étais pas habitué. J’ai aimé ça, Osheaga, mais j’imagine que si je le refaisais l’été prochain, j’aurais beaucoup plus de plaisir. »

Depuis, il a donné 80 ou 90 concerts, dont celui de samedi dernier au Club Soda, qui servait à lancer Demain il fera beau. Il a tourné ici autant qu’en Europe, où il s’est trouvé un public avec ses airs rap inoffensif­s, mais touchants — au moment de notre conversati­on, Fredz revenait justement de Paris, où il accordait des entrevues à des médias numériques (sites spécialisé­s, balados) en amont de la sortie de l’album. Ce fut aussi un apprentiss­age : « Je crois que la réception est bonne, déjà, mais j’ai l’impression que là-bas, ma place est encore à faire. Je

Ma priorité, lorsque j’écris des textes, c’est que tout le monde puisse se reconnaîtr­e en eux FREDZ

sens que les médias sont plus rough aussi, c’est ce que j’ai ressenti : ils peuvent ne pas aimer ma musique et me recevoir en entrevue… C’est spécial. »

Qu’est-ce qu’ils sont bougons, les collègues français ! Fredz l’attachant, la candeur incarnée ! Mélancoliq­ue à la moelle, mais en toute honnêteté : dans ses textes, le musicien parle encore du métier qu’il apprend à connaître, des relations amoureuses, surtout, comme le ferait un jeune homme, en se confiant sur ses doutes, ses incertitud­es et ses maladresse­s. Nous sommes tous passés par là : « Ma priorité, lorsque j’écris des textes, c’est que tout le monde puisse se reconnaîtr­e en eux. »

Fredz apprend enfin à être le capitaine de son propre navire : sa précédente maison de disques ayant mis la clé sous la porte, le voilà qui produit luimême ses enregistre­ments. Demain il fera beau est le premier album à paraître sur l’étiquette qu’il a cofondée avec ses deux agents et dont il est le principal actionnair­e, Les disques Nova.

« Je suis le seul artiste sur l’étiquette pour l’instant, mais notre objectif est d’avoir des contrats avec d’autres artistes », révèle l’auteur-compositeu­rinterprèt­e, qui a étudié en stratégie de production à l’Université du Québec à Montréal et qui met aujourd’hui en applicatio­n ses connaissan­ces. « Je veux faire ma place à titre de producteur. J’aimerais travailler avec des artistes d’ici, des musiciens qui font comme moi, entre le rap et la pop, qui ont aussi envie de développer leur carrière en France. L’Europe, c’est un marché compliqué qu’il faut bien étudier, mais avoir des fans là-bas, c’est riche. »

Fredz passera le mois d’avril en France, en Suisse et en Belgique à donner des concerts avec les musiciens qui ont travaillé sur son nouvel album, dont le compositeu­r et réalisateu­r français Omska et le compositeu­r et pianiste québécois Simon Boisseau, recruté par la maison Bravo musique. « Ensuite, on revient au Québec et let’s go, ce sera la tournée des festivals ! »

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ADIL BOUKIND LE DEVOIR « Cet album, pour moi, est un peu la tempête avant le calme », explique Frédéric Carrier, qui mesure le chemin parcouru depuis sa première mixtape, Pas d’épines, pas de roses, qu’il a bricolée tout seul à l’ordinateur, dans sa chambre, en 2019.
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Demain il fera beau Fredz, Les disques Nova

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