Le Devoir

Un budget en éducation marqué par les grèves

- MARIE-MICHÈLE SIOUI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC LE DEVOIR

Le budget 2024-2025 porte la marque du conflit de travail qui a agité le réseau de l’éducation à l’automne. Il consacre une hausse des dépenses de 9,3 % en éducation, un bond majeur expliqué par les économies d’un demimillia­rd en salaires réalisées pendant la grève puis par les 300 millions alloués au plan de rattrapage pour les élèves en difficulté.

La grève a permis au ministère de l’Éducation d’économiser 510 millions en rémunérati­on, une somme supérieure aux fonds alloués en janvier au plan de rattrapage. Sans cette économie sur les salaires, la croissance des dépenses en éducation serait de 6,7 % en 2024-2025, lit-on dans les documents budgétaire­s déposés mardi. Il s’agit néanmoins d’une augmentati­on des budgets, puisque la hausse était évaluée à 6 % l’an dernier.

« En passant, c’est exceptionn­el. On veut vraiment améliorer la qualité des services en éducation », a souligné le ministre des Finances, Eric Girard, dont le budget, déficitair­e, sacre l’éducation « première priorité du gouverneme­nt ».

La croissance s’explique notamment par la création de formations accélérées — et rémunérées — dans le domaine de la constructi­on. Le plus gros des dépenses en éducation, qui accaparent 15 % du budget du Québec, est consacré aux mesures visant à « favoriser la réussite éducative des jeunes ».

Des 819 millions de l’enveloppe globale sur cinq ans, 188 n’étaient pas budgétés l’an dernier, mais ont déjà été octroyés en 2023-2024, surtout pour « soutenir les élèves en difficulté pour le retour en classe » après la grève.

Transforme­r la gouvernanc­e

Les mesures visant à « soutenir la réussite des élèves » totalisent 545 millions sur six ans, ce qui comprend les dépenses de 188 millions déjà annoncées. Là-dessus, 16,4 millions sur cinq ans sont destinés à la poursuite de la « transforma­tion de la gouvernanc­e scolaire ». Parmi les dépenses anticipées dans cette catégorie se trouvent celles associées au déploiemen­t de l’Institut national d’excellence en éducation. « Vous avez vu le tableau de bord : ce qu’on a réussi à faire en santé, il faudra le faire en éducation », a déclaré le ministre Girard. Son budget rappelle la volonté gouverneme­ntale de créer un « système de dépôt et de communicat­ion de renseignem­ents » dans le réseau de l’éducation et annonce celle d’introduire des « ententes de gestion et d’imputabili­té » dans les centres de services scolaires.

À court terme, « avant que l’effet attendu [des nouvelles convention­s collective­s] se fasse sentir », Québec prévoit 114 millions sur deux ans pour « maintenir en emploi les personnes retraitées du réseau de l’éducation », « rendre les postes à temps partiel plus attrayants » et « soutenir et accompagne­r » le personnel enseignant. Le budget propose que les personnes retraitées qui font de la suppléance soient rémunérées en fonction de l’échelon salarial correspond­ant à leur expérience et à leur scolarité. Il rappelle aussi que Québec souhaite déployer des « aides à la classe » dans 14 000 salles de cours, de la maternelle 5 ans à la fin du primaire.

L’état des écoles du Québec s’améliore par ailleurs légèrement. Ainsi, 56 % des bâtiments scolaires du Québec sont en mauvais état, contre 61 % l’an dernier et 59 % l’année précédente. « Malgré les investisse­ments importants des dernières années, plusieurs écoles demeurent vieillissa­ntes », reconnaît le gouverneme­nt, qui consacre 100 millions de dollars à l’entretien des bâtiments scolaires d’ici 2028-2029.

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