Un budget en éducation marqué par les grèves
Le budget 2024-2025 porte la marque du conflit de travail qui a agité le réseau de l’éducation à l’automne. Il consacre une hausse des dépenses de 9,3 % en éducation, un bond majeur expliqué par les économies d’un demimilliard en salaires réalisées pendant la grève puis par les 300 millions alloués au plan de rattrapage pour les élèves en difficulté.
La grève a permis au ministère de l’Éducation d’économiser 510 millions en rémunération, une somme supérieure aux fonds alloués en janvier au plan de rattrapage. Sans cette économie sur les salaires, la croissance des dépenses en éducation serait de 6,7 % en 2024-2025, lit-on dans les documents budgétaires déposés mardi. Il s’agit néanmoins d’une augmentation des budgets, puisque la hausse était évaluée à 6 % l’an dernier.
« En passant, c’est exceptionnel. On veut vraiment améliorer la qualité des services en éducation », a souligné le ministre des Finances, Eric Girard, dont le budget, déficitaire, sacre l’éducation « première priorité du gouvernement ».
La croissance s’explique notamment par la création de formations accélérées — et rémunérées — dans le domaine de la construction. Le plus gros des dépenses en éducation, qui accaparent 15 % du budget du Québec, est consacré aux mesures visant à « favoriser la réussite éducative des jeunes ».
Des 819 millions de l’enveloppe globale sur cinq ans, 188 n’étaient pas budgétés l’an dernier, mais ont déjà été octroyés en 2023-2024, surtout pour « soutenir les élèves en difficulté pour le retour en classe » après la grève.
Transformer la gouvernance
Les mesures visant à « soutenir la réussite des élèves » totalisent 545 millions sur six ans, ce qui comprend les dépenses de 188 millions déjà annoncées. Là-dessus, 16,4 millions sur cinq ans sont destinés à la poursuite de la « transformation de la gouvernance scolaire ». Parmi les dépenses anticipées dans cette catégorie se trouvent celles associées au déploiement de l’Institut national d’excellence en éducation. « Vous avez vu le tableau de bord : ce qu’on a réussi à faire en santé, il faudra le faire en éducation », a déclaré le ministre Girard. Son budget rappelle la volonté gouvernementale de créer un « système de dépôt et de communication de renseignements » dans le réseau de l’éducation et annonce celle d’introduire des « ententes de gestion et d’imputabilité » dans les centres de services scolaires.
À court terme, « avant que l’effet attendu [des nouvelles conventions collectives] se fasse sentir », Québec prévoit 114 millions sur deux ans pour « maintenir en emploi les personnes retraitées du réseau de l’éducation », « rendre les postes à temps partiel plus attrayants » et « soutenir et accompagner » le personnel enseignant. Le budget propose que les personnes retraitées qui font de la suppléance soient rémunérées en fonction de l’échelon salarial correspondant à leur expérience et à leur scolarité. Il rappelle aussi que Québec souhaite déployer des « aides à la classe » dans 14 000 salles de cours, de la maternelle 5 ans à la fin du primaire.
L’état des écoles du Québec s’améliore par ailleurs légèrement. Ainsi, 56 % des bâtiments scolaires du Québec sont en mauvais état, contre 61 % l’an dernier et 59 % l’année précédente. « Malgré les investissements importants des dernières années, plusieurs écoles demeurent vieillissantes », reconnaît le gouvernement, qui consacre 100 millions de dollars à l’entretien des bâtiments scolaires d’ici 2028-2029.