Le Devoir

L’inflation américaine a rebondi en février

- JULIE CHABANAS À WASHINGTON

L’inflation a rebondi en février aux États-Unis, faisant craindre que les taux d’intérêt restent élevés plus longtemps que prévu, et alors que le sujet du pouvoir d’achat est l’un des thèmes centraux de la campagne électorale.

La hausse des prix à la consommati­on a été de 3,2 % sur un an, contre 3,1 % en janvier, selon l’indice CPI publié mardi par le départemen­t du Travail, décevant les analystes qui la voyaient rester stable.

Tirée par le logement, l’essence et les billets d’avion, l’inflation s’accélère également sur un mois, à 0,4 % contre 0,3 %.

La bonne nouvelle, néanmoins, vient de l’inflation sous-jacente, une mesure moins volatile de l’évolution des prix qui exclut les prix de l’énergie et de l’alimentati­on. Elle est, sur un an, tombée au plus bas depuis mai 2021, à 3,8 % sur un an, contre 3,9 % en janvier. Sur un mois, elle est stable à 0,4 %.

« Les prix des principaux achats des ménages, comme l’essence, le lait, les oeufs et les appareils électromén­agers sont inférieurs à ceux d’il y a un an », a salué le président américain, Joe Biden, dans un communiqué. « Nous avons encore beaucoup à faire pour réduire les coûts et donner une chance équitable à la classe moyenne », a martelé le démocrate, qui espère se faire réélire en novembre, face au probable candidat républicai­n, Donald Trump.

Il vient de présenter son projet de budget 2025 aux airs de programme de campagne, centré sur des hausses d’impôt pour les milliardai­res et les multinatio­nales, afin de dégager des moyens pour financer des investisse­ments et aider la classe moyenne à se loger.

« Prudence »

Les ménages et entreprise­s guettent également la baisse des taux d’intérêt, afin de pouvoir emprunter à un coût moins élevé. Mais les responsabl­es de la banque centrale américaine (Fed), qui se réunissent les 19 et 20 mars, ont prévenu qu’ils veulent être certains que l’inflation ralentit durablemen­t avant de commencer à abaisser le taux directeur.

Ce rebond de l’inflation « renforcera encore la prudence des responsabl­es de la Fed », selon Kathy Bostjancic, cheffe économiste de Nationwide, qui juge « de plus en plus probable que [la Fed] attende au moins jusqu’en juin. »

Les acteurs du marché tablent majoritair­ement sur une première baisse des taux au mois de juin, selon l’évaluation de CME Group.

Ryan Sweet, chef économiste pour Oxford Economics, évoque même « un scénario pessimiste », qu’il juge « possible, mais peu probable », qui verrait la Fed « recommence­r à relever les taux ».

La Fed, pour juguler la forte inflation, a relevé ses taux de 5 points de mars 2022 à juillet 2023, un rythme inédit, les portant jusqu’à 5,25 %-5,50 %.

« Perspectiv­es incertaine­s »

« Si l’économie évolue comme prévu, il sera probableme­nt approprié de commencer à assouplir la politique monétaire à un moment donné cette année », avait dit la semaine dernière le président de la Fed, Jerome Powell. Il avait cependant averti que « les perspectiv­es économique­s sont incertaine­s et [que] la poursuite des progrès vers notre objectif d’inflation de 2 % n’est pas assurée ».

Les responsabl­es de la Fed se livrent à un délicat exercice d’équilibris­te, car « réduire trop tôt ou trop fort » les taux risque de faire repartir l’inflation à la hausse, et pourrait nécessiter de relever de nouveau les taux, avait expliqué Jerome Powell. À l’inverse, les réduire « trop tard ou trop peu pourrait affaiblir indûment l’activité économique et l’emploi ».

L’inflation a été réduite des deux tiers depuis son sommet à 9,1 % de juin 2022.

En janvier, l’inflation avait reculé sur un an à 2,4 %, contre 2,6 %, mais avait accéléré sur un mois à 0,3 %, contre 0,1 %.

La Fed veut ramener ce taux d’inflation à 2 %, objectif qu’elle pense atteindre en 2026.

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