Le trumpisme est un nihilisme
Je me demande si le trumpisme est du nihilisme (refus de tout) plutôt que du populisme (prise de position politique en opposition aux élites).
Il (le trumpisme) ressemble à une espèce d’aveuglement volontaire devant des propositions qui ne se préoccupent pas de la population, mais seulement d’une partie de cette dernière. Ces propositions proviennent souvent de groupes idéologiques qui, bizarrement, appuient leur argumentaire sur des fondements religieux tout en fustigeant d’autres groupes ayant des fondements religieux qui diffèrent des leurs. Il en va de même pour les droits acquis de longue date : par exemple l’avortement, l’égalité, etc.
Ne pas être aveugle devant les prises de position d’un ex-président mis devant ses exactions (tentatives d’acheter le silence, déclarations financières inexactes, encouragement à la déstabilisation des institutions, etc.) ne suffit plus.
Les sociétés occidentales semblent en mal de rêves, de projets motivants, d’idéal du vivreensemble, de dirigeants aux pouvoirs extraordinaires (genre de despotes éclairés pouvant assouvir toutes les aspirations individuelles en ignorant l’ensemble des populations).
Le pourcentage de participation indique bien que ce ne sont pas les populations qui votent, mais bien une partie de ces dernières. Ce phénomène démontre un désengagement des populations devant des organisations politiques qui, trop souvent, ne peuvent tout simplement pas tenir leurs promesses, faute soit de liquidités (endettement, manque à gagner, fiscalité trop laxiste pour les uns et trop rigide pour les autres, etc.), soit de nuance, ce qui oppose des groupes de la population aux autres.
Monsieur Trump n’est pas Machiavel — la comparaison étant une insulte au penseur de la Renaissance —, il est plutôt un électron libre enfermé dans ses lubies, dont une partie de la population appuie les prémisses, et semblent confondre ses désirs profonds au détriment de l’ensemble de la population, qui a souvent été désignée par le terme « melting-pot ».
Or, ces temps-ci, nos voisins du Sud ne ressemblent pas à ce creuset aux multiples aspirations qui convergent.
Et c’est dans les interstices de cette dislocation que s’insèrent la déliquescence de la cohésion sociale et les appuis à un électron libre voulant « le bien » de la population.
Michel Leclerc
Le 12 mars 2024