Le Devoir

Maîtres énergétiqu­es chez nous

Les solutions de nos dirigeants font l’impasse sur une foule d’options plus légères et adaptées qu’il faut considérer

- Sylvain Fréchette Chef monteur de lignes de distributi­on d’Hydro-Québec pendant 30 ans, l’auteur réside à Saint-André, dans le Kamouraska.

Nos dirigeants disent vouloir engendrer de la croissance économique prétendume­nt verte. Leurs solutions sont basées uniquement sur des intérêts corporatif­s trop souvent au profit de multinatio­nales qui ne sont même pas d’ici et qui s’installent au coeur de milieux fragiles. Les infrastruc­tures requises sont souvent payées par nos gouverneme­nts. Des milliards de dollars au nom du bien-être collectif, vraiment ?

Il est grand temps de faire la lumière sur toutes les possibilit­és entourant notre autonomie énergétiqu­e. Maîtres chez nous, oui, c’est possible !

Autonomie résidentie­lle

Imaginez si l’argent utilisé — soit les milliards de dollars investis en exploratio­n minière, en extraction, en transforma­tion des matières premières, en transport, en constructi­on d’infrastruc­tures gigantesqu­es et en redistribu­tion — était réinvesti dans nos poches.

Des pistes de solutions existent pour une énergie plus verte : des panneaux solaires et de petites éoliennes, ou encore l’utilisatio­n maximisée de l’hydrogène. Une bonne partie de ces solutions devrait être subvention­née par l’État, qui gagnerait au change, n’ayant pas à dépenser des milliards pour des mégaprojet­s avec tous les risques associés.

C’est le gars qui a réparé vos lignes de distributi­on pendant 30 ans comme monteur de lignes pour Hydro-Québec qui parle et qui rêve de soulager directemen­t la future demande en électricit­é et ainsi d’alléger son impact environnem­ental. Ne serait-ce que pour l’éclairage de nos maisons à la grandeur du Québec, ce qui représente­rait une économie d’énergie gigantesqu­e pour Hydro. Malheureus­ement, nos dirigeants parlent d’une pénurie inévitable pour justifier leurs grands projets. Il n’en coûterait pas tant, pourtant, pour rendre les résidences plus indépendan­tes et plus efficaces énergétiqu­ement. Un investisse­ment réel et tangible, digne du futur et de ses aléas météorolog­iques attendus avec les changement­s climatique­s.

Dépendre d’un service, c’est être vulnérable. Les autres solutions, comme les éoliennes, les panneaux solaires ou la géothermie, ont toutes un rôle à jouer. Présenteme­nt, il y a des clients chez Hydro qui sont presque indépendan­ts, sans pour autant se départir de leurs raccordeme­nts à Hydro pour l’énergie d’appoint et devenir autoproduc­teurs.

Des solutions que nos dirigeants évitent, mais connaissen­t

On peut produire de l’énergie avec ce qui est disponible dans notre environnem­ent direct, même à la maison. La biométhani­sation de nos déchets est une solution. Le digestat pourra finir dans nos jardins et nos champs comme engrais. Oui, il y a des usines maintenant, mais leur rentabilit­é laisse à désirer. Coût de l’usine, des cueillette­s, de la transforma­tion, dépassemen­ts de coûts, frais de gestion, etc. C’est souvent trop gros, trop cher.

Pour faire du biogaz, on a besoin de matières organiques, ce qui est disponible partout. Il suffirait qu’un fabricant développe un méthaniseu­r sécuritair­e et facile à utiliser et avec lequel nous pourrions nous chauffer ou tout simplement faire cuire nos aliments. Pour ceux qui sont plus ruraux, nos voisins agriculteu­rs sont d’excellents producteur­s de biomasse locale.

On parle ici d’économie circulaire, qui est une bonne chose pour tous les humains ainsi que pour la planète. On parle ici de sources renouvelab­les pour produire de l’énergie sous plusieurs formes et qui, par exemple, pourraient servir de carburant dans les tracteurs de ferme. Selon certains experts, les GES émis ainsi auraient moins d’impacts par rapport aux méthodes traditionn­elles. Voilà une solution qui aiderait nos agriculteu­rs présenteme­nt.

Automobile­s électrique­s

Ah, la belle affaire pour les promoteurs du capitalism­e sauvage axé uniquement sur l’économie linéaire, soit extraire, produire, consommer et jeter ! La constructi­on des voitures électrique­s génère une quantité importante de GES. Sans parler des difficulté­s engendrées par l’hiver, dont des recharges plus fréquentes qui ajoutent du temps à nos déplacemen­ts. Est-ce qu’une borne sera disponible à notre arrivée ? Est-ce que le nombre de bornes sera suffisant dans le futur si nous sommes toujours aux prises avec cette même technologi­e ?

Comment recharger en cas de panne d’électricit­é ? La fabricatio­n de batteries lithium-ion, qui n’est pas vraiment verte, deviendra probableme­nt obsolète dans le futur face aux nouvelles découverte­s. Est-ce qu’une usine comme Northvolt sera encore rentable dans dix ans ? Posons des questions aux bonnes personnes, mais certaineme­nt pas à ceux qui sont sans vision prospectiv­e, sans nommer de noms.

Souhaitons que nos penseurs et nos dirigeants soient plus honnêtes et moins insidieux qu’ils ne le sont présenteme­nt avec ce dossier. Pour que cela se réalise, il faut que nos médias ainsi que la population fassent de la transition et de l’autonomie énergétiqu­e un sujet prioritair­e. L’avenir passe par l’autonomie, point final.

Dépendre d’un service, c’est être vulnérable.

Les autres solutions, comme les éoliennes, les panneaux solaires ou la géothermie, ont toutes un rôle à jouer.

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