Le Devoir

Nos festivals sont bien plus que des divertisse­ments

Soutenons la richesse de la gratuité, car les festivals qui ont des volets gratuits enrichisse­nt notre communauté

- Jacques-André Dupont L’auteur est ex-p.-d.g. de l’équipe Spectra et ancien président du Festival internatio­nal de jazz de Montréal, des Francos de Montréal et de Montréal en lumière.

En ces temps où la viabilité des grands festivals urbains montréalai­s suscite tant d’attention, je ressens l’obligation d’apporter une perspectiv­e éclairée à ce débat. Fort d’une expérience étroite avec certains de ces événements en tant qu’ex-copropriét­aire de L’Équipe Spectra, aux côtés d’Alain Simard, d’André Ménard et de Denyse McCann, et ancien président du Festival internatio­nal de jazz de Montréal, des Francos de Montréal et de Montréal en lumière, je suis convaincu de leur valeur inestimabl­e pour notre métropole et au-delà.

Tout d’abord, il est essentiel de souligner les nombreux bienfaits que ces festivals procurent à notre communauté, notamment grâce à leur programmat­ion présentée gratuiteme­nt. En situant ces événements au coeur de la ville, nous créons une expérience unique, accessible à tous. Ce n’est pas simplement une affaire de divertisse­ment, mais une célébratio­n de la culture et de l’art de calibre mondial, offerte généreusem­ent à chacun, indépendam­ment de ses moyens financiers.

Ensuite, ces festivals agissent comme des phares, illuminant notre ville sur la scène mondiale. En rejoignant des millions de personnes à travers les médias traditionn­els et sociaux et en impression­nant les visiteurs avec son dynamisme culturel, Montréal est reconnue comme une destinatio­n de choix. De nombreux étudiants étrangers, congressis­tes et touristes sont attirés par notre ville grâce à ces rendez-vous estivaux inoubliabl­es, et c’est sans compter les Montréalai­s et nos voisins de la grande couronne, qui parfois ne font malheureus­ement qu’une seule visite annuelle au centre-ville pour assister à l’un de nos festivals.

En outre, ces événements jouent un rôle majeur dans la transforma­tion du tissu urbain de Montréal. En agissant comme de véritables moteurs de changement, ils ont métamorpho­sé des zones urbaines délaissées en quartiers dynamiques et animés, à l’image frappante du Quartier des spectacles. Autrefois désert de béton, cet endroit est aujourd’hui devenu un vibrant pôle culturel, commercial, voire un lieu de vie incontourn­able.

Sur le plan économique, ces événements stimulent non seulement le tourisme, mais également la croissance de nos industries culturelle­s, et offrent des opportunit­és sans précédent aux artistes émergents et à nos artisans de la scène. De plus, ils génèrent une synergie sociale unique en rassemblan­t des personnes de tous horizons et de toutes origines lors de moments de communion inoubliabl­es. Certes, les récents défis rencontrés par Juste pour rire soulèvent des questions légitimes sur la viabilité de notre modèle. Déjà, en 2019, avec plusieurs collègues de notre métropole, nous tirions la sonnette d’alarme. Et après la pandémie et face aux enjeux toujours plus importants, plus que jamais, je plaide pour une réflexion constructi­ve plutôt que de remettre en question des éléments fondamenta­ux, tels que les volets présentés gratuiteme­nt de ces événements et le soutien financier des pouvoirs publics.

Travaillon­s plutôt à assurer leur pérennité. Ces festivals ne sont pas simplement des divertisse­ments ; ce sont des institutio­ns essentiell­es qui façonnent l’âme et le rayonnemen­t de Montréal.

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