Soleil Launière envoûte le Lion d’Or
Après deux soirées préliminaires, l’artiste devance le trio rock PRINCESSES en tête du palmarès
La 28e édition du concours-vitrine des Francouvertes est maintenant lancée. On a déjà vécu deux satisfaisantes soirées préliminaires, durant lesquelles le public a assisté à une confirmation, lors de l’envoûtante performance de l’autrice-compositrice-interprète Soleil Launière, première au classement, et à une révélation, le power trio rock militant PRINCESSES, arrivé bon deuxième. Détaillons.
Ces dernières années, la sélection des 21 concurrents des Francouvertes nous a habitués autant à des projets jusqu’alors inconnus qu’à des noms ayant déjà un pied bien posé sur la scène musicale québécoise, ce qui est le cas pour Soleil Launière. Originaire de Mashteuiatsh, l’artiste multidisciplinaire, d’abord reconnue pour son travail en théâtre et en danse, a fait paraître un très bon premier album (Taueu, qui signifie « au milieu » en innu-aimun) l’automne dernier, dont la matière était présentée au public-jury en conclusion de la soirée de mardi, musicalement plus riche que la précédente.
On aura du mal à reprocher quoi que ce soit à cette performance, en témoigne la première position décrochée par l’artiste, qui, a-t-elle expliqué, cherche sa voix en mêlant le français, l’anglais et l’innu-aimun dans ses compositions, qui se déploient sur des grooves art rock-post rock atmosphériques. Launière avait la plus puissante présence scénique, alliant le geste au verbe, rappelant ainsi son expérience théâtrale. Ne la commentons pas davantage pour l’instant — étant assurés, déjà, d’en reparler lors des demi-finales, le mois prochain.
PRINCESSES fait des ravages
Le bruit courait depuis le dévoilement des candidats : il faut surveiller PRINCESSES. Ces filles mordent lorsqu’elles montent sur scène, rapportait-on. Quelle bourrasque rock pour clore la soirée de lundi ! Complices sur scène, Flavie Léger-Roy (chanteuse principale et guitariste) et Marie-Philippe Thibeault-Desbiens (elle avait les meilleures lignes de basse entendues jusqu’à présent !) sont accompagnées de la Chouchoune masquée à la batterie.
Et elles font des ravages, moins sur le volume — un rock bien hard et carré, soudé avec des riffs tirant sur le blues — que dans le texte, exutoire. Un seul exemple, Fouille fouille, cet hymne au clitoris « tanné, puissant, comme un poing levé » offert en fin de performance : « Yé juste là pourtant / évident comme un nez / en plein milieu d’la face […] Fouille fouille, bébé, fouille fouille / tu vas trouver… » Parions que leur parcours ne s’arrêtera pas au tour préliminaire.
Ainsi, PRINCESSES bouclait un lundi placé sous le signe du rock alternatif des années 1990. Les filles touchaient au rock alternatif (à placer pas trop loin du son de NOBRO, mais en moins punk), alors que Fantômes et Collation, qui les précédaient, se réclamaient plutôt du son shoegaze.
Le premier est le projet de l’auteurcompositeur-interprète et guitariste Bobby Lehoux, qui présentait les chansons aux structures complexes de son premier album, Vampiricide (2023), réalisé par Antoine Corriveau. Sa voix sourde, essoufflée, manquait d’assurance, malgré celle que lui donnaient les membres de son orchestre, le type étant particulièrement bien entouré (de Marie Claudel aux guitares et de Thaïs aux claviers, entre autres). Plus vert, Collation, jeune trio de Rivière-du-Loup accompagné d’un batteur, empilait aussi les chaleureuses couches de guitares, mais sur des compositions nettement plus classiques dans la forme, et enchaînait les refrains accrocheurs.
Mardi, Maud Evelyne nous aura marqués, d’une part par son naturel désarmant sur scène, mais d’autre part, et surtout, par la qualité de ses textes, chroniques du quartier Hochelaga-Maisonneuve, où elle s’est installée. Beaucoup de fragilité dans sa chanson rock, qui se traduit aussi par quelques égarements sur scène, entre les chansons.
Après elle, le projet Paruline a fait très bonne figure, dans la mesure où il s’agissait d’un premier concert devant public pour ce jeune groupe réuni autour de l’auteur-compositeur-interprète Charles Labrèche, originaire de Drummondville, formé au piano classique et passionné des musiques traditionnelles, qui colorent sa chanson (parfois à répondre !) pop rock. Comme Héron l’année dernière, Labrèche et ses acolytes recyclent les codes du trad pour offrir des airs rafraîchis. Voyons s’ils sauront s’accrocher au palmarès jusqu’aux demi-finales.
Les Francouvertes se poursuivent au Lion d’Or lundi prochain avec Corail, Karolan Boily et Folaube.