La Russie sous les bombes avant la présidentielle
Dans ce contexte tendu, Vladimir Poutine a jugé jeudi qu’il ne fallait pas « se détourner du chemin », mais voter pour exprimer une position « patriotique »
De nouvelles attaques terrestres et des vagues de drones ont visé jeudi la Russie, faisant au moins deux morts, à quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote pour la présidentielle.
Vladimir Poutine a quant à lui enjoint à ses compatriotes de ne pas se « détourner du chemin » pendant le scrutin, une allusion à peine voilée à sa propre candidature.
Les incursions armées terrestres et les raids aériens se sont multipliés ces derniers jours en Russie, parfois loin de la frontière, et interviennent tandis que les Russes sont appelés aux urnes de vendredi à dimanche pour une élection destinée à triomphalement reconduire M. Poutine faute d’opposition.
La garde nationale russe a dit jeudi en milieu de journée repousser avec l’armée et les gardes-frontières l’assaut d’un groupe de « saboteurs » près de la localité de Tiotkino, dans la région de Koursk, frontalière de l’Ukraine.
Temps difficiles »
En parallèle, les attaques de drones se multiplient dans les régions russes frontalières, mais aussi à des centaines de kilomètres du front, Kiev ayant promis des représailles aux bombardements que l’Ukraine subit depuis plus de deux ans.
L’oblast de Belgorod et sa capitale, du même nom, sont particulièrement visés. Jeudi, 2 civils sont morts et au moins 19 autres ont été blessés, a déclaré son gouverneur, après trois attaques de drones dans la journée.
Les autorités régionales ont annoncé provisoirement fermer les centres commerciaux pour éviter qu’il y ait de nouvelles victimes.
Dans ce contexte tendu, Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 24 ans, a jugé jeudi qu’il ne fallait pas « se détourner du chemin », mais voter à la présidentielle pour exprimer une position « patriotique ».
Le chef de l’État sortant fera face à trois candidats sans envergure, qui ne s’opposent ni à l’offensive en Ukraine, ni à la répression qui a éradiqué toute opposition et qui a culminé avec la mort en prison mi-février du principal détracteur du Kremlin, Alexeï Navalny.
M. Poutine, qui présente le conflit comme une guerre face aux Occidentaux dans laquelle la Russie joue sa survie, a évoqué les « temps difficiles » que vivent les Russes, sans pour autant les détailler.
Appel de Ioulia Navalnaïa
Sur le front, M. Poutine présente de récentes conquêtes, en particulier la prise de la ville d’Avdiïvka en février, comme la preuve que sa campagne militaire est sur la bonne voie malgré des pertes importantes.
À Bruxelles, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a ainsi estimé jeudi que les pays de l’Alliance atlantique ne donnaient « pas assez de munitions » à Kiev et que cela avait des « conséquences tous les jours sur le champ de bataille ».
Par ailleurs, pour lui, « l’élection en Russie ne sera ni libre ni juste ». La diplomatie ukrainienne a, quant à elle, appelé la communauté internationale à rejeter le résultat de ce scrutin, qu’elle qualifie de « farce ».
La présidentielle, qui s’étale sur trois jours, débute par l’ouverture des bureaux de vote en Extrême-Orient à 8 h heure locale vendredi (16 h à Montréal jeudi) et s’achèvera avec la fermeture de ceux de Kaliningrad, sur la Baltique, dimanche à 14 h (heure de Montréal).
Les détracteurs du Kremlin ne pourront pas se faire entendre.
La veuve d’Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre son combat, a par conséquent appelé les Russes à protester en allant voter pour n’importe lequel des candidats à l’exception de Poutine.
En réponse à cet appel, le Parquet de Moscou a mis en garde les Russes jeudi contre toute protestation pendant le scrutin, qui serait « punissable en vertu de la législation en vigueur ».
L’élection de Vladimir Poutine ne fait aucun doute, le scrutin devant lui permettre de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2030.
L’oblast de Belgorod et sa capitale, du même nom, sont particulièrement visés