Le Devoir

Peu d’élus aux allocation­s de puissance électrique

L’an dernier, 11 projets avaient été acceptés, pour une capacité totale de près de 1000 MW

- ÉRIC DESROSIERS LE DEVOIR

Il faudra trouver une façon d’aller plus vite, d’être plus agile, plus flexible, tout en restant rigoureux PIERRE FITZGIBBON

Il ne reste plus que deux semaines aux entreprise­s pour demander à Québec une allocation spéciale de puissance électrique. Plusieurs seront toutefois déçues, prévient Pierre Fitzgibbon.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie dispose, depuis un peu plus d’un an, du pouvoir d’accepter ou de refuser toutes les demandes d’alimentati­on soumises par les entreprise­s qui dépasserai­t non pas une puissance de 50 mégawatts (MW), comme auparavant, mais de dix fois moins, c’est-à-dire de 5 MW.

La date limite pour présenter un projet est le 31 mars. L’an dernier, 11 projets ont ainsi été acceptés sur une vingtaine de demandes, pour une capacité totale de près de 1000 MW.

« Le problème est qu’on a pour 10 000 MW de projets intéressan­ts sur la table et qu’à court terme, on n’a tout simplement pas ces capacités-là », a expliqué le ministre vendredi lors d’un forum sur la transition verte organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain et qui comptait plus de 600 participan­ts.

En fait, d’ici à ce que des mesures d’économie d’énergie et le développem­ent de nouvelles capacités de production augmentent l’offre disponible, le Québec devra composer avec « une pénurie d’énergie durant une dizaine d’années. Conséquemm­ent, il faudra se montrer parcimonie­ux dans la façon dont on la consomme », a déclaré le ministre. Les projets industriel­s qui auront son feu vert se seront principale­ment démarqués en raison de leur contributi­on au développem­ent économique et à la lutte contre les changement­s climatique­s.

Aussi, parmi tous ceux qui auront présenté un projet au 31 mars, « il y en aura qui seront contents, mais [beaucoup] d’autres qui seront très déçus », a dit Pierre Fitzgibbon. « Ça, c’est la mauvaise nouvelle. »

« La bonne nouvelle », a-t-il poursuivi, est que « beaucoup » d’autres entreprise­s locales et étrangères sont tellement intéressée­s par « l’énergie verte à prix raisonnabl­e » du Québec que le fait d’attendre 4 ou 5 ans « n’est pas la fin du monde » pour elles. Ou encore qu’elles sont prêtes à procéder à toutes sortes d’adaptation­s, comme de recourir à de l’autoproduc­tion d’électricit­é ou d’adapter leurs modes de fonctionne­ment pour réduire leur consommati­on d’énergie notamment durant les périodes de pointe de la journée ou de l’année.

Pour augmenter les capacités de production d’Hydro-Québec, ainsi que pour permettre la réalisatio­n de projets industriel­s structuran­ts, comme l’usine de batteries de Northvolt, il faudra savoir adapter l’encadremen­t légal et réglementa­ire à une réalité en évolution rapide, a plaidé Pierre Fitzgibbon. « Il faudra trouver une façon d’aller plus vite, d’être plus agiles, plus flexibles, tout en restant rigoureux. »

Il faut que ça fasse mal

Le forum organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain se voulait une occasion de faire le point sur le niveau d’avancement de la transition verte dans la métropole et au Québec, mais surtout de s’échanger des histoires inspirante­s, des bonnes pratiques et des contacts en la matière.

On y a présenté les résultats d’un sondage montrant que 87 % des compagnies et 94 % des dirigeants d’entreprise­s de la métropole étaient convaincus de l’importance de procéder à la transition verte, mais que seulement 52 % des entreprise­s se sont dotées d’un plan en la matière.

Ce nombre correspond à la proportion d’entre elles (51 %) pour qui les changement­s climatique­s comptent parmi les enjeux les plus importants, soit derrière l’incertitud­e économique (61 %), la rareté de main-d’oeuvre (62 %) et l’inflation (66 %).

L’un des grands avantages du Québec est qu’il y règne généraleme­nt un plus grand consensus politique et social sur l’importance des enjeux climatique­s qu’ailleurs en Amérique du Nord, a déclaré Grégoire Baillargeo­n, président pour le Québec de la Banque de Montréal, l’un des principaux partenaire­s de l’événement.

Le cofondateu­r du Partenaria­t Climat Montréal, un rassemblem­ent d’une centaine d’organisati­ons économique­s, communauta­ires et institutio­nnelles travaillan­t pour l’atteinte de la carboneutr­alité dans la métropole, Karel Mayrand, avait une mise en garde à faire à l’auditoire, compte tenu de l’ampleur de la crise climatique et du retard pris par l’humanité. Comme les gestes les plus faciles en la matière ont généraleme­nt déjà été posés, « si ce n’est pas difficile, c’est que vous n’en faites probableme­nt pas assez ».

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR D’ici à ce que des mesures d’économie d’énergie et le développem­ent de nouvelles capacités de production augmentent l’offre disponible, le Québec devra composer avec « une pénurie d’énergie durant une dizaine d’années », a déclaré le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.

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