Le Devoir

Embrasse-moi comme une French Girl

La comédie romantique mettant en vedette Zach Braff et Évelyne Brochu saute à pieds joints dans la caricature

- III ANNE-FRÉDÉRIQUE HÉBERT-DOLBEC

Qu’est-ce que ça donne quand on mélange le côté pittoresqu­e du Vieux-Québec et le charme d’Évelyne Brochu au sens comique et polisson de Zach Braff ? French Girl (Chez les beaux-parents), une comédie romantique décomplexé­e et pleine de bons sentiments, qui embrasse avec un excès de fougue tous les clichés du genre.

Gordon Kinski (Braff) enseigne l’anglais dans une école secondaire de Brooklyn. Il file le parfait bonheur avec Sophie Tremblay (Brochu), une Québécoise travaillan­t comme sous-cheffe dans un restaurant réputé de New York. Leur avenir est toutefois mis en jeu lorsque Sophie se voit offrir une entrevue pour le poste de cheffe exécutive dans un établissem­ent étoilé du Château Frontenac.

Grand partisan des ambitions de sa douce, Gordon accepte de la suivre et de s’installer temporaire­ment à la ferme familiale des Tremblay, dans Charlevoix, et de partager le quotidien de sa belle-famille. Dans ce milieu où il détonne en tout point, l’Américain n’aura de cesse de se mettre les pieds dans les plats. Lorsqu’il apprend que Ruby, la future patronne de Sophie, est également son ancienne amoureuse, Gordon se fourvoiera jusqu’à commettre l’ultime maladresse…

Porté par une distributi­on solide et efficace — Luc Picard, Vanessa Hudgens et Antoine Olivier Pilon s’y taillent tous une place —, French Girl tire parti des paysages picturaux de la Vieille Capitale et de la complicité évidente entre son duo d’amoureux pour revisiter avec une certaine nostalgie et une énergie remarquabl­e les codes de la comédie romantique, avec tous les bémols que cela implique.

Ainsi, bien que les réalisateu­rs montréalai­s James A. Wood et Nicolas Wright tentent d’insuffler une bonne dose de modernité à leur scénario, ils exploitent un schéma narratif vu et revu — un père méfiant, un antihéros aussi maladroit que bien intentionn­é, une ennemie machiavéli­que, des personnage­s secondaire­s comiques mais dénués de substance — au risque de s’embourber dans la caricature.

Les Québécois n’y échappent d’ailleurs pas, le film les dépeignant comme les héritiers d’une France bucolique, libertine et poétique. Plusieurs bonnes idées, notamment celles liées aux difficulté­s économique­s des agriculteu­rs et au fardeau déposé au pied de la relève, sont laissées en plan par des revirement­s rose bonbon qu’on peut sans mal apprécier pour ce qu’ils sont.

Même si certains gags ratent leur cible, Zach Braff parvient à susciter le rire avec ses adorables bavures. On se désole toutefois que la bienveilla­nce et le féminisme affichés par ce personnage soient ternis par une jalousie teintée de mépris et de préjugés que le scénario peine à décourager, culminant sur une finale qui donne envie de se prendre la tête à deux mains.

Newspapers in French

Newspapers from Canada