Raconter les arts visuels d’ici (et d’ailleurs)
Le FIFA vient de débuter. Voici une sélection de films à surveiller, par Nicolas Mavrikakis.
Parmi les sections importantes de ce 42e Festival international du film sur l’art (FIFA), notons celle des films expérimentaux présentés encore, pour notre plus grand plaisir, par Nicole Gingras. La réputée commissaire et intellectuelle a pris la décision de dédier cette année le volet FOCUS de sa programmation à Manon Labrecque, artiste multidisciplinaire décédée bien trop jeune, à 58 ans, en septembre dernier. Une grande perte pour le milieu de l’art.
Huit vidéos réalisées depuis 1993 par Labrecque sont à l’honneur au FIFA. Nous aurions aussi aimé qu’un musée au Québec ou au Canada pense à réaliser un hommage à cette artiste… Mais qui, parmi nos musées, s’intéresse vraiment à la culture contemporaine d’ici, et à la vidéo en particulier ?
Pour Nicole Gingras, « la liberté que Labrecque s’est donnée dans la création est impressionnante, que ce soit dans l’exploration de nouvelles formes d’écriture, d’investigation d’espaces intimes ou immenses comme le désert de Gobi dans la vidéo Silences nomades, par exemple, ou encore dans la conception de mécanismes complexes et raffinés, utilisés au tournage ou dans une installation cinétique, pour évoquer et partager un état, une émotion, un souvenir, une expérience, un souffle. Chez Labrecque, la question du toucher est aussi cruciale : toucher à distance, toucher avec le regard, toucher par le son ». Gingras souligne aussi comment « [la] notion de jeu apparaît dès ses toutes premières vidéos et performances. Elle sera explorée tout au long de sa pratique. Il y a chez elle le désir d’inventer, inventer des jeux, élaborer divers rituels pour tendre ou s’approcher de ce qui la passionnait : la fragilité du moment présent, la suspension d’une émotion ou d’un état physique ou psychique, la tension ou la friction entre l’arrêt et le mouvement, la vie et la mort. L’engagement de l’artiste envers sa recherche et son travail en atelier a été total ».
Labrecque aura marqué l’histoire de la vidéo en « interrogeant les questions de l’autoreprésentation, du double, du mimétisme, de l’histoire de la performance en vidéo ». Vous irez voir en particulier Rien que la vérité, toute la vérité (1993), vidéo drôle et intelligente sur la création artistique et ses avatars.
À l’Université Concordia, le 23 mars, à 16 h.