Le Devoir

Les hauteurs du Sri Lanka par les rails

- MARIE-JULIE GAGNON COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Le périple commence par une dent. Pas n’importe laquelle : une canine ayant appartenu à Bouddha, récupérée de son bûcher funéraire en 543 av. J.-C. et cachée « dans sept coffrets emboîtés comme des poupées russes », précise le guide Gallimard. Le temple le plus vénéré de l’île, Dalada Maligawa — aussi appelé simplement « temple de la Dent » —, sert d’écrin à la relique. Trois fois par jour, les sept coffrets d’or incrustés de pierres précieuses sont présentés au public au son des tambours et des flûtes. Des danseurs suivent le rythme. Les touristes déambulent à travers les Sri-Lankais en pèlerinage. C’est toute une entrée en matière, 24 heures à peine après notre arrivée au pays !

L’histoire entourant la venue de la dent au Sri Lanka semble sortie d’un scénario hollywoodi­en tant elle est pleine de rebondisse­ments. On raconte que la précieuse relique a été gardée en Inde pendant huit siècles. Après que des militants hindouiste­s eurent tenté de la réduire en poussière, la dent fut dissimulée dans la chevelure de la fille du roi, qui fut envoyée sur l’île du Sud. Selon la légende, le détenteur de cette relique a le droit divin de diriger le pays.

D’un train à l’autre

À Colombo, la silhouette victorienn­e de la gare centrale Colombo-Fort avait déjà donné le ton. Un peu partout au fil du séjour, des traces laissées par les Anglais, les Hollandais et les Portugais ponctuent le voyage. L’influence britanniqu­e reste bien sûr la plus visible, ne serait-ce que dans la culture du thé.

C’est toutefois à partir de Kandy que les trajets sur rails gardent les passagers rivés à leur fenêtre. D’abord, il faut parler des trains euxmêmes. Si certaines voitures semblent plutôt bien entretenue­s, d’autres affichent toujours des inscriptio­ns tout droit sorties d’un autre siècle, comme celle indiquant les sièges réservés aux membres du clergé. La décrépitud­e des bancs et des murs confère un certain charme à ces convois bringuebal­ants.

Après avoir grimpé sur les contrefort­s montagneux, on aperçoit les plantation­s de thé à l’horizon. C’est généraleme­nt le moment où les touristes se bousculent pour se tirer le portrait, accrochés aux portes latérales, qui restent ouvertes pendant toute la durée du voyage.

Autour de Haputale, le mot « pittoresqu­e » vient inévitable­ment à l’esprit. C’est ici que se trouve la route menant à l’endroit favori de sir Thomas Lipton — aujourd’hui appelé Lipton’s Seat —, qui montait à cheval jusqu’au sommet pour y contempler la vue. On peut s’y rendre à pied ou en tuk-tuk (un tricycle motorisé aménagé pour faire office de taxi), selon son niveau de motivation. Impossible de regarder sa tasse de thé de la même manière après avoir aperçu les cueilleuse­s tamoules à l’oeuvre.

Nanu Oya et Nuwara Eliya

Pour rejoindre Nuwara Eliya depuis la gare de Nanu Oya, il faut compter une quinzaine de minutes en tuk-tuk ou en voiture. Ici, la températur­e contraste avec la chaleur étouffante de Colombo. Les gens portent même des bonnets !

Surnommée « Little England », la ville voyait jadis défiler des Anglais à la recherche d’une bouffée d’air frais. Le mercure affiche 21 degrés au moment où l’on arrive à l’hôtel Jetwing St. Andrew’s, un peu en retrait. Le cocktail de bienvenue est… une soupe. « Il fait froid ! » répètent tour à tour les employés de l’établissem­ent, qui vont jusqu’à placer des bouillotte­s au pied du lit. Érigé en 1875 au-dessus des plantation­s de thé, le manoir est propice à la contemplat­ion.

Elle, elle l’a

Avec ses nombreux cafés, bars et restaurant­s, la ville d’Ella fait sans contredit partie des destinatio­ns les plus prisées de la larme de l’Inde. Son plus grand atout reste toutefois les superbes points de vue sur les crêtes et les vallées. La brèche d’Ella divise deux collines, d’où les terres ondulent jusqu’au pourtour de l‘océan Indien. Les randonneur­s peuvent aussi compter sur un extraordin­aire terrain de jeu.

Si la visite de l’usine Uva Halpewatte permet de découvrir les différente­s étapes de l’élaboratio­n du thé de Ceylan, ce sont surtout les fenêtres-tableaux qui attirent l’attention. Quelles vues pour ceux qui font le thé !

Dans le train qui nous mène vers Badulla le lendemain, nous apercevron­s le bâtiment depuis la fenêtre. Pas de doute, c’est en se fondant dans l’horizon qu’on vit le mieux ce pays, où une certaine nostalgie côtoie l’espoir de jours meilleurs.

Ce voyage a été possible grâce aux billets d’avion offerts par Cathay Pacific et à l’agence Voyageurs du monde, qui s’est occupée des moindres détails du séjour. Toutes les opinions exprimées dans ce texte sont celles de l’autrice.

 ?? ?? Prendre le train dans les montagnes du Sri Lanka nous ramène au temps du Ceylan colonial. Tout semble surgir d’une autre époque, sauf les téléphones cellulaire­s dont sont munis tant les Sri-Lankais que les touristes. Pour savourer pleinement l’aventure, on opte pour plusieurs escales et pour des trains de différente­s classes, même les plus déglingués. Dehors comme à l’intérieur, les scènes qui défilent rappellent inévitable­ment la célèbre phrase de Robert Louis Stevenson : « L’important, ce n’est pas la destinatio­n, c’est le voyage. »
Prendre le train dans les montagnes du Sri Lanka nous ramène au temps du Ceylan colonial. Tout semble surgir d’une autre époque, sauf les téléphones cellulaire­s dont sont munis tant les Sri-Lankais que les touristes. Pour savourer pleinement l’aventure, on opte pour plusieurs escales et pour des trains de différente­s classes, même les plus déglingués. Dehors comme à l’intérieur, les scènes qui défilent rappellent inévitable­ment la célèbre phrase de Robert Louis Stevenson : « L’important, ce n’est pas la destinatio­n, c’est le voyage. »
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Le temple Dalada Maligawa, aussi appelé « temple de la Dent », est le plus vénéré du pays.
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PHOTOS MARIE-JULIE GAGNON Les trajets sur rails gardent les passagers rivés à leur fenêtre.

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