Adapter ses pratiques aux groupes discriminés
Les différentes populations vulnérables nécessitent des approches adaptées à leurs réalités. Des chercheuses se penchent sur les façons d’améliorer les pratiques en travail social pour des effets concrets, notamment par une vision intersectionnelle. « L’intersectionnalité est très importante à prendre en compte quand on oeuvre auprès de populations vulnérables », estime Annie Pullen Sansfaçon, professeure en travail social à l’Université de Montréal et titulaire de la chaire de recherche du Canada RÉPARE. Cette approche permet de comprendre la diversité des expériences vécues par ces personnes et de mieux répondre à leurs besoins, ajoute celle qui est également codirectrice du Centre de recherche interdisciplinaire sur la justice intersectionnelle, l’équité et la décolonisation.
Mme Pullen Sansfaçon travaille notamment auprès des jeunes transgenres et bispirituels. « Si on parle d’intersectionnalité, eux, ils subissent souvent le chevauchement entre leur identité de genre ou une sexualité qui n’est pas hétéronormative, simultanément avec le fait d’être autochtones. On voit l’effet combiné du stigma qui peut avoir lieu. »
Afin de mieux comprendre les défis des Premières Nations en milieu urbain, Rossio Motta Ochoa aborde elle aussi ses travaux avec une approche intersectionnelle, en misant sur le décolonialisme. Cette approche permet d’ailleurs une étroite collaboration avec les Premières Nations. « On ne travaille pas d’une façon détachée des peuples autochtones, mais dans chaque phase de l’intervention », souligne la professeure adjointe à l’École de travail social de l’Université de Montréal. Une méthode de recherche collaborative qui est également utilisée en protection de la jeunesse.
De son côté, Jessica Côté-Guimond s’est investie durant plus de cinq ans dans une recherche visant à mieux comprendre la transition des adolescents placés, de la Direction de la protection de la jeunesse à la vie adulte. Ayant elle-même expérimenté cette réalité, elle a cofondé et dirige maintenant le Collectif ex-placé DPJ afin de continuer à mener des actions politiques et sociales en ce sens. « On devrait davantage impliquer les personnes concernées comme étant des patients partenaires pour que les gens comprennent mieux nos réalités », croit-elle. Son collectif va d’ailleurs régulièrement à la rencontre de gestionnaires du réseau des services sociaux afin d’améliorer le sort des jeunes placés.