Une première année bien remplie pour l’administratrice de l’OIF
Occupant le deuxième poste en importance au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Caroline St-Hilaire dresse le bilan d’une première année mouvementée, marquée par des réformes administratives et de nombreuses missions à l’étrang
Caroline St-Hilaire est arrivée à Paris le matin du 4 avril 2023 pour commencer ses fonctions d’administratrice de l’OIF. À midi, elle recevait les orientations de son mandat de la part de la secrétaire générale, la Rwandaise Louise Mushikiwabo. Une semaine plus tard, la voilà à Kinshasa, en République démocratique du Congo, pour visiter les installations des IXes Jeux de la Francophonie. Le 7 octobre, elle séjournait au Liban au moment des attaques du Hamas contre Israël.
Et c’est de Yaoundé, au Cameroun, qu’elle nous décrit sa première année en poste. Son rôle consiste à gérer les ressources humaines et les finances, ainsi qu’à s’assurer de l’implantation de la programmation dans les pays membres. La secrétaire générale lui a aussi confié le mandat de poursuivre la décentralisation amorcée en 2019.
« La révision de notre formule de financement a représenté un des grands chantiers de ma première année, raconte-t-elle. Le barème des contributions statutaires n’avait pas été augmenté depuis 2007. »
Les membres de l’OIF ont convenu de corriger cela lors de la Conférence ministérielle de la Francophonie en novembre 2023, à Yaoundé. Ce financement aura été haussé de près de 7 % en 2027, par rapport à 2023. Ce sont surtout les contributions des pays du Sud qui grimpent. Celles du Canada et de la France, qui comptent pour environ 65 % des contributions totales, resteront stables.
Des répercussions concrètes
Caroline St-Hilaire a contribué à l’élaboration de la programmation de l’OIF pour les trois prochaines années. « L’OIF menait souvent plus de 40 projets en même temps par les années passées, mais, là, nous avons décidé d’en avoir moins afin que ceux-ci aient plus d’effet », indiquet-elle.
Parmi les vingt initiatives au menu de l’OIF, huit concernent la culture et l’éducation ; cinq, la démocratie et la gouvernance ; sept, le développement durable. On y retrouve notamment le programme La Francophonie avec elles, qui vise à soutenir l’accès des femmes aux activités génératrices de revenus et aux occasions économiques. « Quand on aide les femmes, on aide aussi leurs enfants et leur famille », note Caroline St-Hilaire.
Soigner les ressources humaines
L’arrivée de l’administratrice s’était faite dans un contexte tendu en raison d’un sondage faisant état d’une forte proportion d’employés de l’OIF qui se disaient victimes de harcèlement moral, et même sexuel, et dont les résultats avaient été rendus publics.
L’OIF a, depuis, adopté une nouvelle politique de prévention et de lutte contre le harcèlement. « La politique ne se contente pas de décrire ce qui constitue du harcèlement et de prévoir des sanctions, souligne Caroline St-Hilaire. Nous avons beaucoup insisté sur des formations offertes aux gestionnaires et aux employés afin que tout le monde soit sur la même page. »
Toujours du côté des ressources humaines, les mutations de personnel qui accompagnaient la décentralisation des activités ont aussi provoqué certains défis. L’OIF souhaite que davantage de ses missions soient désormais pilotées à partir des représentations locales, plutôt que de Paris ou de Québec. Dans plusieurs cas, cela exigeait une délocalisation des responsables d’un projet.
Un sommet à l’horizon
L’année qui vient ne s’annonce pas plus tranquille pour l’ancienne députée fédérale et ex-mairesse de Longueuil. Elle participera notamment à deux missions économiques, en Roumanie et au Québec. « Les États et gouvernements veulent que l’OIF joue un rôle important dans le domaine économique, et c’est aussi ce qui est ressorti de récentes consultations que la secrétaire générale a réalisées auprès de la jeunesse de la francophonie, explique-t-elle. Les jeunes souhaitent que la Francophonie crée de la richesse et ait un effet concret dans leur vie. »
La France accueillera par ailleurs le prochain Sommet de la Francophonie, en octobre 2024, au château de Villers-Cotterêts, dans l’Aisne. Ce lieu symbolique a vu le roi François 1er signer, en 1539, une ordonnance qui imposa l’usage du français, au détriment du latin, dans les actes officiels, favorisant ainsi l’émergence du français comme langue nationale et diplomatique du pays.
Cette première année a modifié le regard que Caroline St-Hilaire portait sur l’OIF. « J’ai pu voir de mes propres yeux à quel point les personnes qui y travaillent croient en leur mission et comment nos projets changent des vies, affirme-t-elle. Je constate aussi que l’OIF joue un rôle crucial pour que le français continue de compter dans les grandes rencontres multilatérales. »